De FÉLICE Marguerite, née STAEHLING

Par T. De Félice, C. Maillebouis

Née le 6 février 1882 à Bâle (Suisse), décédée le 10 avril 1967 à Saint-Agrève, (Ardèche), fondatrice de l’Union chrétienne de jeunes filles, protectrice de nombreux Juifs sous l’Occupation, membre de l’Union des femmes Françaises (UFF) et du Parti communiste (PCF).

Marguerite Inès Staehling est née dans une famille bourgeoise protestante, française, d’un père banquier strasbourgeois, émigré pour ne pas devenir allemand et établi à Bâle. Elle est la deuxième enfant d’une fratrie de trois (Charles, Marguerite, Odette).
Ses premières classes se font en allemand. En 1893, son père prend sa retraite et la famille vient s’établir définitivement en France : d’abord à Saint-Raphaël, puis à Biarritz (1894-1898) et enfin à Versailles pour des raisons de scolarité des enfants. Marguerite Staehling est une excellente élève et suit assidûment l’enseignement religieux des pasteurs des villes où elle réside.
En 1899, elle organise « l’Association de souscripteurs au profit des colonies de vacances » au sein de son lycée et d’autres établissements d’instruction secondaire. Le but de cette association est de subventionner des colonies de vacances à condition « que ces œuvres admettent les enfants sans aucune distinction de religion ». A la fin du premier exercice, la jeune présidente peut compter 835 adhérents qui ont permis à 60 enfants de partir à la campagne pendant un mois. En 1910, l’association aura permis la création de colonies de vacances dans 36 localités.
Le 4 avril 1903, Marguerite Staehling épouse Raoul de Félice, professeur de lycée, fils d’un pasteur. Deux des trois enfants qu’ils auront mourront à la naissance. De plus, son mari, tuberculeux décède en 1912 à l’âge de 33 ans.
En 1913, elle crée une "Union chrétienne de jeunes filles" (UCJF) à Versailles. Ces UCJF avaient pour but de regrouper des jeunes femmes en vue d’une formation chrétienne. Au gré de ses futures domiciliations, Marguerite Staehling s’occupera des UCJF de Saint-Raphaël et du Chambon-sur-Lignon. Son soutien à la Société Centrale Evangélique la conduit à une tournée dans le Pas-de-Calais qui l’amène à dénoncer dans la Revue de l’Evangélisation, la lourde responsabilité de la compagnie minière dans l’ampleur de la catastrophe survenue en 1906 à Courrières. Son soutien à la Société des Missions Evangéliques l’amène à protester contre le non retour à Madagascar du missionnaire Theis parce qu’objecteur de conscience. Son engagement pour la paix se concrétisera dans son adhésion à la « Ligue des Mères et des Éducatrices pour la Paix ».
Par son engagement dans les colonies de vacances, elle fût amenée à connaître Le Chambon-sur-Lignon, village protestant de Haute-Loire. Elle s’y rend avec son fils Théodore pendant les vacances estivales, puis y loue une ferme, en 1916, où elle s’établit durablement. Elle bâtit des maisons qui serviront d’hébergement à des gens dans la nécessité. En 1939, la « Pouponnière » héberge cinq mères espagnoles et leurs 13 enfants. Marguerite de Félice est alors membre, depuis 1937, du comité d’honneur de la branche française du « Secours international aux femmes et aux enfants de la République espagnole » (SIFERE). Pendant la guerre 40-45 la « Guespy » accueillera de nombreux enfants déracinés. A cette époque, elle participe activement à cacher, héberger et nourrir des Juifs.
Après la guerre, elle adhère à l’Union des Femmes Françaises, et c’est sous cette étiquette qu’elle se présente avec d’autres femmes du village à l’élection municipale de 1946. Il n’y a aucune élue mais la place des femmes dans cette société rurale est renforcée. Elle adhère enfin au Parti Communiste Français, qu’elle ne quittera que quelque temps avant sa mort, à la suite de l’exclusion de la cellule locale d’un camarade, selon une procédure qu’elle ne juge pas démocratique.
Elle meurt d’un infarctus à l’hôpital voisin de Saint-Agrève le 10 avril 1967, en laissant à toutes ses connaissances l’image d’une femme énergique voyant clairement son devoir et l’accomplissant sans ménagement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209099, notice De FÉLICE Marguerite, née STAEHLING par T. De Félice, C. Maillebouis, version mise en ligne le 25 novembre 2018, dernière modification le 25 novembre 2018.

Par T. De Félice, C. Maillebouis

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