OWADIS Mark ou OVADIS Marko.

Par Jules Pirlot

Kremenets (Ukraine), 26 juillet 1902 (selon le calendrier Julien) – ?. Ouvrier métallurgiste, citoyen soviétique, militant communiste, résistant.

Né dans une famille de petits meuniers russes, Mark Owadis est témoin de la Révolution de 1917, sa famille ayant été évacuée à l’approche des Allemands. Deux de ses frères y participent. L’un, Joseph, fera carrière dans l’Armée Rouge. Rentré chez lui, il retrouve la ville devenu polonaise (Krzemeniec, de 1921 à 1939). Son nom change de graphie.

À l’issue d’études de niveau moyen, Mark Owadis travaille comme mécanicien puis accomplit son service dans l’armée polonaise. Il est démobilisé avec le grade de sous-lieutenant de réserve. Il travaille au chantier naval de Dantzig (aujourd’hui Gdansk, Pologne) puis émigre en Belgique.

À partir de 1926, Mark Owadis travaille comme tourneur, aléseur puis brigadier dans différentes entreprises de la région liégeoise, la dernière étant les Ascenseurs Jaspar, reprise par Westing-House. Il se syndique à la Centrale – socialiste – des métallurgistes. En 1937, il épouse sa compagne, Germaine Bourseaux, de nationalité belge et réside à Grivegnée (Liège).
Mark Owadis fréquente les milieux communistes liégeois mais son statut d’immigré l’incite à une prudence qui lui sera bien utile pendant la Seconde Guerre mondiale. Évacué vers la France en 1940, interné comme étranger par le régime de Vichy, il rejoint clandestinement sa femme en Belgique. En 1941, il apprend la mort de ses parents, victimes de l’offensive nazie. Contacté par Albert Wolf et Rodolphe Gillet, il se met, avec son épouse, au service du Front de l’indépendance (FI) qui le charge d’écouter et de traduire la radio soviétique et de publier les interventions de Radio Moscou. Il est aussi chargé d’interroger les nombreux prisonniers russes évadés des camps de la région d’où ils sont envoyés dans les mines. Ceux-ci sont transformés en travailleurs immigrés polonais avec des faux papiers ad hoc, ensuite orientés vers le maquis de la région de l’Ourthe-Amblève ou se dirigent vers la Suisse grâce à une filière. Sa connaissance du russe, du polonais et de l’allemand fait de Owadis un élément essentiel de ces activités clandestines. La police allemande n’a jamais démantelé son réseau ni découvert son rôle alors qu’il vivait à un jet de pierre de la caserne de la Chartreuse.

À la Libération, Mark Owadis revendique sa nationalité soviétique et obtient un passeport. Mais les autorités belges refusent de corriger son nom sur sa carte de résident étranger. Il consacre toute son énergie au développement des Amitiés belgo-soviétiques devenue Association Belgique-URSS et au jumelage entre Liège et Volgograd (Stalingrad de 1925 à 1961). Il se rend pour la première fois en URSS en 1962 comme traducteur-accompagnateur d’un groupe de touristes.

Marko Ovadis est la transcription directe du cyrillique, c’est ce qu’il voulait qu’on mette sur sa carte d’identité.À la chute de l’URSS, il a refusé de demander la nationalité ukrainienne (son lieu de naissance alors situé en Ukraine). Il avait deux documents d’identité : la carte d’étranger OWADIS et le passeport soviétique en cyrillique correspondant à OVADIS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209250, notice OWADIS Mark ou OVADIS Marko. par Jules Pirlot, version mise en ligne le 2 décembre 2018, dernière modification le 30 décembre 2019.

Par Jules Pirlot

SOURCES : Arrêté royal du 13/08/1956 accordant à Mark Owadis la médaille de la Résistance et la médaille commémorative de la guerre 1940-1945 – Chroniques de la Résistance du Front de l’Indépendance, n° 5, septembre 1977, p. 26 et 27 – Interview de Mark Owadis par Jules Pirlot en 1993 .

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