BILLARDON André, Pierre, Félix

Par Pierre Chaumont

Né le 22 octobre 1940 à Monceaux-le-Comte (Nièvre) ; professeur de mathématiques ; adhérent au SNES-FEN ; militant socialiste ; conseiller municipal de 1989 à1995, puis maire du Creusot (Saône et Loire) de 1995 à 2016, président de la Communauté urbaine Creusot-Montceau (CUCM) de 1989 à 2001, conseiller général de Saône-et-Loire de 1975 à 1992, conseiller régional de 1975 à 1983 puis de 1992 à 1997, député de 1976 à 1992 puis de 1997 à 2002, premier vice-président de l’Assemblée nationale de 1988 à 1992, ministre délégué à l’énergie de 1992 à 1993.

André Billardon
André Billardon
Député

André Billardon naquit dans une famille rurale modeste. Il fut suivi d’une sœur de trois ans sa cadette. Son père Albert était un petit artisan en électricité-plomberie. Ses grands-parents paternels étaient, jusqu’en 1939, « placés » dans la famille aisée du village. Sa mère, Lucienne Seguin, était fille d’un tout petit agriculteur ; elle consacra sa vie à élever ses enfants et aider son mari sur le plan administratif et comptable, sans statut professionnel. Le couple travaillait dur : son père ne prit ses premières vacances qu’à l’âge de cinquante ans. La famille était de tradition catholique. André rompit avec cette tradition dès ses années de collège et fit par conviction le choix de l’athéisme. Son père adhéra au PS à sa retraite, peut-être un peu sous l’influence de son fils, mais surtout sous celle de François Mitterrand, Monceaux-le-Comte étant dans sa circonscription.

André Billardon fit ses études primaires à l’école publique à classe unique du petit village. L’instituteur conseilla aux parents de lui faire poursuivre des études. En 1951, il accéda à la classe de 6e du cours complémentaire de Corbigny (Nièvre) en qualité d’interne. Il passa le CEP et le BEPC puis doubla sa classe de 3ème afin de passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale de Guéret (Creuse) qu’il réussit en 1957.

Entrer à l’ENI était, pour cet enfant d’origine modeste, une promotion sociale. C’était aussi la perception immédiate d’un salaire, ce qui permit à ses parents de faire faire également des études à sa sœur. Ce fut aussi pour lui, la naissance de l’attachement à l’enseignement et au service public.

Son souhait d’être professeur de mathématiques le conduisit à faire sa terminale (math-élem) à l’ENI de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), avant de rejoindre le lycée Chaptal à Paris pour faire après le bac, l’année de « maths sup ». Après cette année, il passa le concours des IPES (Institut préparatoire aux enseignements de second degré), restant sous contrat avec l’Éducation nationale afin de poursuivre des études à la faculté.

A l’université d’Orsay il mena une double vie. Vie d’étudiant, il obtint le CAPES en 1965, et vie de militant s’engageant très fortement en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Aux côtés des étudiants communistes et du PSU, il participa à toutes les actions pour la paix en Algérie : la mobilisation contre le putsch des généraux du 21 avril 1961, la manifestation au métro Charonne du 8 février 1962, la protection nocturne de sites privés ou publics menacés par l’OAS dans le cadre de l’organisation FUA (Front universitaire antifasciste).

À la rentrée 1966, il fut nommé professeur de mathématiques à Villemomble (actuellement Seine-Saint-Denis). Ses droits à sursis étant épuisés, il effectua à partir de septembre 1967 son service militaire comme professeur à l’école militaire d’Autun (Saône et Loire) (aujourd’hui lycée militaire). À la fin de son service militaire, pour des raisons familiales, il resta professeur détaché de l’Éducation Nationale auprès du ministère de la Défense. Il quitta l’enseignement et le lycée militaire à son élection comme député en 1978.

Dès son entrée à l’Éducation Nationale, il se syndiqua au SNES-FEN sans exercer de responsabilités. La fréquentation des établissements de formation des enseignants, la syndicalisation précoce, l’attachement au service public et à l’ascenseur social que représentait l’école pour un jeune d’origine très modeste le conduisirent assez naturellement à l’engagement politique.

L’approche du PSU fut rapidement interrompue, la proximité avec le PCF n’alla pas jusqu’à l’adhésion, le laissant longtemps indécis. Son engagement définitif fut plus tardif. L’échec de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1974 en fut le déclencheur et à partir de 1978, il mena de pair les responsabilités au sein du PS et les mandats électifs. Dès lors, son « mitterrandisme » fut indéfectible.

Jusqu’en 2015, il participa aux instances départementales du PS. Jusqu’au début des années 1990, la fédération de Saône-et-Loire était structurée en deux courants principaux : les mitterrandistes majoritaires autour de Pierre Joxe, André Lotte et André Billardon, et les rocardiens autour de Jean-Pierre Worms, un temps député du mâconnais. Après 1997, un courant majoritaire se constitua autour d’Arnaud Montebourg et André Billardon milita alors dans la minorité.

À partir de sa première élection comme député en 1978, et jusqu’en 2002, il exerça des responsabilités au niveau national : de 1981 à 1984, il fut vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée, puis président de 1984 à 1986, Laurent Fabius, dont il devint un proche, étant alors Premier Ministre de François Mitterrand. Il fut le n° 2 du parti de 1988 à 1992, alors que Pierre Mauroy en assumait la direction. Bien qu’appartenant à des motions différentes, le travail commun contribua à apaiser les relations au sein du parti. La dernière responsabilité qu’il eut au niveau national fut la direction de la campagne pour le référendum du 20 septembre 1992 sur le traité de Maastricht.

Au niveau municipal, après avoir été de 1973 à 1983 conseiller d’opposition à Saint Pantaléon (Saône-et-Loire) dans le cadre de la fusion des communes autour d’ Autun, il fut élu conseiller municipal du Creusot en 1989. Quatre ans après la liquidation de Creusot-Loire, Camille Dufour, le maire du Creusot souhaitait que le député s’impliquât au sein du conseil de la communauté urbaine Le Creusot-Montceau (CUCM), afin d’accélérer la reconstruction industrielle entreprise. Il en devint le président. En 1995, Camille Dufour renonçant à se représenter comme maire du Creusot, il lui succéda. Il fut réélu en 2002, 2008 et 2014 et interrompit, pour des raisons personnelles, son quatrième mandat de maire fin 2015. Suite au travail de l’équipe municipale précédente, il inaugura un complexe culturel « lalto », il fit construire une médiathèque, et réalisa l’ouverture de l’ancien parc privé des Schneider sur la ville.

Au niveau cantonal, André Billardon fut élu en 1975 conseiller général du canton d’Autun Nord au second tour. Il fut réélu en 1979 et 1985. Devenu président de la communauté urbaine Creusot Monceau, il ne se représenta pas en 1992. De 1979 à 1982. Il fut également président du Conseil général de Saône et Loire.
Au niveau régional, André siégea au Conseil régional de Bourgogne jusqu’à l’élection des conseillers régionaux au suffrage universel en 1986. Il en fut le président pendant quelques mois en 1983, succédant à Pierre Joxe, et pilotant le dossier de la décentralisation régionale. Il siégea de nouveau au Conseil régional de 1992 à 1997.

Au niveau national, André Billardon se présenta aux législatives de 1978 en compagnie de son suppléant Bernard Loiseau, premier adjoint de Camille Dufour à la mairie du Creusot. Au premier tour, ils devancèrent le candidat communiste et l’emportèrent assez nettement au second tour. Après la dissolution de 1981, il fut réélu dès le premier tout avec le même suppléant. À l’Assemblée nationale, il occupa la vice-présidence de la commission de la Production et des Échanges et se familiarisa ainsi avec les questions économiques, il présida le conseil supérieur de l’électricité et du gaz de 1983 à 1986. En 1986, les élections législatives se déroulèrent à la proportionnelle. André Billardon fut, avec Pierre Joxe et Jean-Pierre Worms, l’un des trois députés socialistes de Saône-et-Loire. Après la dissolution de 1988, il fut de nouveau réélu au premier tour dans la troisième circonscription de Saône-et-Loire, avec Bernard Loiseau comme suppléant. Il occupa le poste de premier vice-président de l’Assemblée, de 1988 à 1992.

Après le traité de Maastricht, il entra en 1992 au gouvernement de Pierre Bérégovoy. Comme ministre délégué à l’énergie auprès du ministre de l’économie et du commerce extérieur, Dominique Strauss-Kahn. Cette nomination était la suite logique d’un parcours tourné vers le monde industriel.
Son court passage au ministère (du 21 octobre 1992 au 29 mars 1993) fut marqué par l’adoption de la loi du 31 décembre 1992 portant réforme du régime pétrolier qui instaura la création d’une réserve stratégique de pétrole, gérée par un comité de stocks stratégiques et pétroliers, ainsi que la circulaire du 14 janvier 1993 relative aux lignes à haute tension, premier exemple en France de démocratie participative.
Pendant cette période ministérielle, Bernard Loiseau siégea alors à l’Assemblée nationale. Lors des législatives de 1993, la gauche fut défaite et André Billardon fut battu par Jean-Paul Anciaux.(RPR).
Il forma une véritable équipe, travaillant au service de la circonscription avec Bernard Loiseau qui le suppléait fréquemment, comme ce fut le cas lors de la crise de Creusot-Loire en 1984, en complémentarité avec le maire, Camille Dufour.

Aux législatives de 1997, il se représenta avec un nouveau suppléant, Didier Martinet, maire d’Autun. Il battit au second tour Jean-Paul Anciaux. Ce cinquième mandat fut le dernier. En 2002, il décida de ne pas se représenter pour se consacrer intégralement à l’action publique en faveur du Creusot.
Il fut président de la Fondation Hôtel-Dieu (Hôpital du Creusot) de 1995 à 2015.

En 1968, il avait épousé Monique Sermesse, professeure certifiée d’arts plastiques au lycée Bonaparte, puis au collège du Vallon à Autun. Elle fit toute sa carrière dans cette ville. Elle milita syndicalement au SNES et accompagna son époux au PS. Elle décéda le 12 février 2017. De cette union naquirent deux filles en 1970 et 1973, qui s’orientèrent vers l’architecture et le paysagisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209279, notice BILLARDON André, Pierre, Félix par Pierre Chaumont, version mise en ligne le 3 décembre 2018, dernière modification le 11 octobre 2021.

Par Pierre Chaumont

André Billardon
André Billardon
Député
Maire du Creusot

SOURCES : Documents fournis par l’intéressé, archives de Camille Dufour. — Travaux de l’ABAM.

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