BONDAR Isaac [pseudonyme dans la résistance : Jacques]

Par Michel Thébault, Eric Panthou

Né le 23 septembre 1913 à Paris Xème arr. (Seine), exécuté sommairement le 9 juin 1944 à Saint-Avit (Puy-de-Dôme) ; employé à la BNCI, représentant ; résistant au sein des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de l’Allier.

monument commémoratif de Saint-Avit
monument commémoratif de Saint-Avit

Isaac Bondar -orthographié à tort Bondard dans certains documents - était le fils d’Israël Bondar né le 12 août 1872 à Balta (Russie, peut-être Ukraine) et réfugié russe à Paris et d’Hanna Rosenblutt (orthographiée Resenblutt sur l’acte de décès d’Isaac) née le 1er février 1883 à Katchevatz (Russie). Il vécut à Lyon au début des années 40, domicilié avec sa compagne Yvonne Marteau, 33, rue de Belfort, IVème arrondissement de Lyon. Il était alors employé à la BNCI. Se sentant sans doute menacé à Lyon, Isaac Bondar, vint se réfugier à Commentry dans le département de l’Allier. Dans son dossier CVR, il est dit qu’il fut domicilié d’abord à Montluçon puis à Commentry (Allier). Il s’engagea dans la Résistance le 1er février 1944, sous le nom de Jacques Bondar, rejoignant la compagnie Joly ou compagnie de Commentry, sous l’autorité des MUR. Il participa aux opérations du groupe « notamment au sabotage des lignes Haute-Tension, et au stockage et répartition d’armes parachutées » (dossier AVCC, attestation de résistance).

En mars-avril, les responsables des MUR envisagèrent de regrouper leurs forces dans des « réduits » plus faciles à défendre. Le principe d’une forte concentration de maquisards accompagnée de parachutages massifs d’armes fut alors retenu afin d’organiser des réduits au Mont Mouchet, dans les gorges de la Truyère, au Lioran et un camp à Saint-Genès-Champespe. Le 2 juin 1944, les troupes allemandes lancèrent une première attaque contre le secteur du Mont Mouchet, attaque qui fut repoussée. L’appel aux renforts toucha alors les départements voisins et en particulier l’Allier. Dans la journée du 8 juin 1944, un convoi de 11 véhicules transportant de nombreux volontaires FFI originaires de Montluçon, Commentry, Huriel et Saint-Éloy-les-Mines partit à nouveau de la région de Montluçon. Isaac Bondar fit partie de ce convoi avec des volontaires de Commentry.

Vers 3 heures du matin, le 9 juin 1944, une partie du convoi qui s’était trouvée à Saint-Avit suite à une erreur d’itinéraire à Montel-du-Gelat (Puy-de-Dôme) fut contrainte d’emprunter la N141 de Saint-Avit au carrefour du Cheval Blanc pour rejoindre la direction de Condat-en-Combrailles. Passé le lieu-dit Bavard le convoi se trouva face à un convoi militaire allemand qui reprenait la route après avoir bivouaqué entre le carrefour de Cheval Blanc et La baraque. La supériorité militaire allemande face à un convoi mal équipé provoqua la destruction de sept véhicules et la mort de 29 résistants sur la commune de Condat-en-Combraille et 3 sur celle de Saint-Avit, pour certains morts en combattant et pour beaucoup exécutés sommairement après avoir été faits prisonniers.

Selon le témoignage fourni par le maire de Saint-Avit à la sœur d’Isaac Bondar, celui-ci se trouvait en queue de convoi, à 300 mètres du point d’attaque. Alors que ses camarades s’enfuyait. Il serait resté seul pendant deux heures, fumant tranquillement des cigarettes quand ses camarades l’enjoignaient de s’enfuir. Il aurait répondu qu’il ne "craignait pas les boches". Vers 5h30 du matin, il descendit du car pour aller boire un café dans la ferme Péguy située à 80 mètres de là, avec son camarade Maxime Gasne. Mais au moment de franchir la porte, ils furent vus par les Allemands qui avaient entrepris de rechercher les maquisards en fuite. Pris dans une souricière, Bondar et son camarade furent capturés. Alors que les Allemands voulaient également fusiller le fermier, les 2 jeunes maquisards expliquèrent qu’ils avaient forcé la porte de la ferme, ce qui sauva la vie au fermier. Ils furent conduits à 50 mètres de là, le long du talus où on leur adjoignit un troisième maquisard arrêté, Reiter. Ils furent tous les trois abattus d’une balle dans la tête. Leurs cadavres furent retrouvés deux heures après et ils furent inhumés le lendemain avec les honneurs dans le cimetière de la commune. L’inhumation du corps de Bondar pour le cimetière de Commentry eut lieu en présence de la majorité des habitants, des enfants des écoles et d’un groupe de FFI en armes. Une série de photos de ces différents événements furent pris par l’instituteur du village et adressés à Rose Ruiz, la sœur de Jacques Bondar, qui habitait fin décembre 1944 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Une enquête de la gendarmerie de Giat en décembre 1959 (dossier AVCC op. cit.) permit de recueillir auprès d’un témoin Jean Marie Pegny, demeurant à Bavard, le témoignage suivant, quelque peu différent du précédent : « Une voiture française s’est arrêtée à environ 150 mètres avant la maison. Les maquisards se sont enfuis. Vers six heures, deux jeunes se présente chez moi pour y demander un peu de café. A ce moment là, un groupe d’Allemands entrent dans la maison et s’emparent de ces deux jeunes gens dont j’ignore l’identité." Pégny précise plus loi que les Allemands repartirent de chez lui à 7 heures sans avoir rien trouvé et quelques instants plus tard il entendit 3 détonations. C’est là que Pégny découvrit un troisième homme aux abattu aux côtés des deux jeunes venus chez lui.
En 1961, après des démarches longues de ses proches pour obtenir des témoignages attestant de son activité de résistant, isaac Bondar reçut à titre posthume la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR). Son frère et sa sœur se désistèrent et cette carte fut remise à Yvonne Gonnet, née Marteau, qui avait été la compagne de Jacques Bondar.

Il obtint la mention mort pour la France (décision du 18 juillet 1949) ainsi que le statut interné – résistant (IR). Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Commentry. Il figure également sur le monument commémoratif de Saint-Avit. . Il est inhumé désormais dans le carré militaire du cimetière de La Courneuve.

Ses parents furent déportés et furent victimes de la politique d’extermination nazie. Son père Israël Bondar qui habitait alors 11, rue Bacherel à Paris dans le 11ème arrondissement, fut déporté par le convoi n° 49 au départ de Drancy le 2 mars 1943 à destination d’Auschwitz. Il y est décédé le 7 mars 1943. Sa mère Hannah Bondar (Anna au mémorial de la Shoah) qui avait été hospitalisée à l’hôpital Rothschild de Paris dans le 12ème arrondissement fut déportée par le convoi n° 70 au départ de Drancy le 27 mars 1944 vers Auschwitz. Elle y décéda le 1er avril 1944. Ils sont tous deux inscrits sur le mur des noms du mémorial de la Shoah

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209326, notice BONDAR Isaac [pseudonyme dans la résistance : Jacques] par Michel Thébault, Eric Panthou, version mise en ligne le 5 décembre 2018, dernière modification le 19 décembre 2021.

Par Michel Thébault, Eric Panthou

monument commémoratif de Saint-Avit
monument commémoratif de Saint-Avit

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 69766, dossier Isaac Bondar (nc).— AVCC Caen, AC 21 P 26138 et AC 21 P 712665. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 2546 W 3853, Dossier d’attribution de la carte de combattant volontaire de la Résistance à Isaac Bondar. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 121 : crimes de guerre à Condat. — JORF n°0140 du 19 juin 2009, Arrêté du 7 avril 2009 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès. — Gilles Lévy Guide des maquis et hauts lieux de la Résistance d’Auvergne Presses de la Cité 1986. — Marc Parrotin Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000. — Mémorial de la Shoah. — Mémorial genweb. — État civil.

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