STEER Leizer

Par Daniel Grason

Né le 9 octobre 1925 à Chisinau (Roumanie), mort en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; coupeur en fourrure ; militant communiste de la Main d’œuvre immigrée ; résistant ; victime de l’antisémitisme.

Fils de Yankel et de Udlea, née Hoffmann, Leizer Steer était de nationalité roumaine. Il alla à l’école primaire et secondaire en Roumanie. Il vint en France, habita avec ses parents 31 rue de Lagny à Vincennes (Seine, Val-de-Marne), continua des études au Lycée Turgot où il connut Samuel Radzinski. Il travaillait depuis la fin de l’année 1942 comme coupeur chez un façonnier au 14, rue du faubourg Saint-Denis (Xe arr.). Il vivait sous le nom de Derey 31 rue du faubourg Poissonnière à Paris (IXe arr.).
Le gouvernement de Vichy promulgua le 3 octobre 1940, un statut des juifs qu’il aggrava le 2 juin 1941. Une ordonnance allemande du 29 mai 1942 était rendue publique le 1er juin, à compter du dimanche 7 juin 1942 le port de l’étoile jaune était obligatoire. Leizer Steer était titulaire d’une carte d’identité d’étranger valable jusqu’au 15 novembre 1942.
Lors d’une filature des policiers des Renseignements généraux, il était repéré le 24 février 1943 vers 18 heures en compagnie de Samuel Radzinski connu comme militant des Jeunesses communistes juives.
Fouillé, Leizer Steer était porteur de deux cartes d’identité portant sa photographie au nom de Lucien Derey, sur l’une, il était domicilié 55 rue de la Goutte-d’Or à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), sur l’autre au 202 rue Anatole-France au Blanc-Mesnil (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis).
Les policiers perquisitionnèrent son domicile, ils saisissaient : deux exemplaires de tracts intitulés « Le Bulletin d’Information » des 19 et 26 février 1943, la « Déclaration commune des groupements français de résistance », « L’Ordre du Jour n° 95 », « Notre parole », « La Vie du Parti » et « En avant » de février 1943 en dix exemplaires, trois listes de souscriptions en faveur des enfants Juifs, une liste d’adresses, huit carnets avec des notes manuscrites, cinq photographies, et une carte textile au nom de Lucien Steer demeurant 31 rue de Lagny à Vincennes.
Aux archives centrales des Renseignements généraux, Yankel Steer, père de Leizer était connu pour avoir été condamné en 1941 à huit mois de prison pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, interdisant l’activité communiste.
Leizer Steer fut interrogé par des inspecteurs des Brigades spéciales dans les locaux de la Préfecture de police. Il déclara qu’il avait fait la connaissance d’un jeune à la sortie de son travail au cours de la deuxième quinzaine de janvier 1943. Il se présenta à nouveau quelques jours plus tard sous le prénom de Max, et lui proposa de lui fournir des faux papiers, Leizer Steer lui donna une photographie. Peu de temps après il lui apporta une carte d’identité où il était domicilié au Blanc-Mesnil.
Un nouveau rendez-vous eut lieu avec Max au square des Arts-et-Métiers, il lui présenta Rachel qui lui parla de l’Union des Juifs. À une troisième rencontre, elle lui donna des tracts et des brochures à titre d’information. Ce matériel avait été saisi par les policiers.
Un inspecteur lui demanda ce qu’il comptait faire des listes de souscription et des dix exemplaires du tract « En Avant ». Il répondit que Rachel ne lui avait ni demandé de distribuer les tracts ni de collecter de l’argent. Il précisa que Rachel devait le mettre en relation avec un jeune juif, « Je pense que c’était pour former un groupe ». Quant aux tracts il affirma qu’il n’avait pas eu le temps de les lire.
Il ne connaissait qu’un Rouquin [Samuel Radzinski], ancien condisciple du Lycée Turgot. Battu au cours de l’interrogatoire, il déclara que l’une des fausses cartes d’identité lui avait été donnée par sympathie par une jeune juive, déportée depuis. La seconde pièce d’identité lui a été remise par Max, la liste d’adresses par Rachel pour l’aider à trouver une chambre, trois des clefs saisies appartenaient probablement à des anciens locataires. Il affirma « Je n’ai jamais eu d’armes en ma possession. »
Interné au camp de Drancy, Leizer Steer était le 23 juin 1943 dans le convoi n° 55 de 1018 hommes et femmes à destination d’Auschwitz (Pologne). Cinq cents dix-huit d’entre eux furent gazés à l’arrivée, 283 hommes et 217 femmes sélectionnés subirent le même sort. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, 72 déportés de ce convoi dont 37 femmes étaient vivants.
Le nom de Leizer Steer a été inscrit sur le Mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209414, notice STEER Leizer par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 décembre 2018, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 125. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC.

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