Par André Balent
Né le 5 février 1927 à Ille [Ille-sur-Têt en 1954] (Pyrénées-Orientales), mort le 16 août 1944 à Mosset (Pyrénées-Orientales) ; ouvrier agricole ; résistant du maquis de Mosset de l’Armée secrète (AS)
Louis, Alexandre, Joseph Soler, père de Joseph, était né à Corbère (Pyrénées-Orientales) le 10 avril 1908. Il mourut en 1990 et fut maire de Mosset de 1947 à 1983. Il avait épousé Angèle, Marie Tardy née le 20 avril 1908 à Ille le 20 avril 1908. Ils étaient domiciliés à Ille, route de Montalba. Joseph Soler était l’aîné de de trois autres frères et sœurs.
Ouvrier agricole, dans l’exploitation familiale, il participa à la Résistance, d’abord comme agent « Travaux ruraux », couverture des services spéciaux de la défense nationale (services secrets de l’armée d’armistice passés à la Résistance), il vint, avec sa famille, s’installer au mas Costecèque à Mosset, village de montagne du Conflent dans la haute vallée de la Castellana, affluent de la rive gauche de la Têt.
Son père, Louis Soler prit la tête d’un maquis de l’AS installé dans la partie supérieure de la vaste commune de Mosset, le Clot d’Espanya, une estive pastorale à l’écart des principaux chemins et sentiers. Ce maquis avait été mis en place dès 1943, par Dominique Cayrol chef départemental de l’AS et son adjoint, Joseph Balouet (1907-1984), instituteur et lieutenant de réserve. Il était destiné avant tout à recevoir des réfractaires au STO. Il regroupa jusqu’à cinquante maquisards environ. Secondé par des habitants de Mosset, originaires de la commune, Jean Not (1912-1995) et Marcel Grau (né en 1924), Louis Soler était en contact avec trois Pradéens : Michel Bosch, chef de l’AS pour l’arrondissement de Prades, son adjoint Jean Font et Marcel Clos. Clémenceau Fons et Joseph Haulier [alias « La Fouine »] en assuraient la logistique.
Joseph Soler, malgré son jeune âge fut associé à l’activité maquisarde de son père.
Le 16 août 1944, peu de temps avant la Libération du Conflent, il trouva la mort au Clot d’Espanya, cantonnement du maquis, dans des circonstances mal établies : en manipulant une grenade, lors d’un engagement ou simplement tué accidentellement ? Diverses sources utilisées par Jean Larrieu (op.cit., 1994, p. 334) font état d’un combat entre un groupe d’Allemands et de miliciens — qui revenaient de l’Aude et se rendant dans les Pyrénées-Orientales — avec les maquisards commandés par Louis Soler près du col de Jau, à la limite des Pyrénées-Orientales et de l’Aude au cours duquel Louis Soler a trouvé la mort. Celle-ci fut pourtant enregistrée comme étant survenue au Clot d’Espanya et non au col de Jau (pas très éloignés, cependant, l’un de l’autre, le premier étant isolé, le second permettant le passage d’une route départementale). Les sources citées par Jean Larrieu, Arch dép. Pyrénées-Orientales, fonds Camille Fourquet ; dossier des CVR des Pyrénées-Orientales ; office des Anciens combattants et victimes de guerre) situent l’incident le 12 août 1944 alors que l’état civil de Mosset indique clairement que le décès de Joseph Soler eut lieu le 16 août.
Bien qu’étant considéré comme maquisard, et donc comme combattant, Joseph Soler fut cependant classé par le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre comme "victime civile" de la guerre (dossier SHD, Caen, non consulté, 21 P 399501). Son père, devenu maire de Mosset reçut du ministère des Anciens combattants et victimes de guerre une lettre datée du 3 juillet 1954 indiquant que son fils avait obtenu la mention « Mort pour la France » et qu’il lui revenait de l’inscrire en marge de son acte de décès.
Le nom de Joseph Soler figure sur le monument aux morts de Mosset.
Par André Balent
SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 13 J 26, fonds Camille Fourquet ; 2 E 5013, état civil d’Ille-sur-Têt, acte de naissance de Joseph Soler. — Ramon Gual, Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, pp. 559-563, 925. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, p. 334. — Jean Parès, « Céleste et Auguste Lambert instituteurs à Mosset, de 1936 à 1951 », Le Journal des Mossetans, 23, 2002, pp. 20-22.