RIPOCHE Maurice, pseudonymes Dufour, Pons

Par Annie Pennetier

Né le 27 mai 1895 à Paris (XIVe arr.), décapité le 24 juillet 1944 à Cologne (Allemagne) ; ingénieur ; résistant fondateur du mouvement Ceux de la Libération (CDLL)

Maurice Ripoche interrompit ses études d’ingénieur à l’Institut catholique des arts et métiers de Lille pour s’engager dans l’armée quand la Première guerre mondiale commença. Affecté dans une unité du Génie, il rejoignit à sa demande l’aviation naissante et devint pilote de chasse en 1917. Il fut distingué par trois citations.
De retour à la vie civile, après avoir terminé ses études, il reprit l’affaire commerciale de son père l’entreprise Ripoche spécialisée dans le matériel de boulangerie. Inventeur d’un four industriel à chauffage électrique, son usine, fondée en 1920, fabriquait des aciers spéciaux indispensables à l’industrie de guerre, notamment dans le domaine de l’aéronautique. L’usiné était située dans le XIXe arr. de Paris., 20 rue Manin et 33 rue d’Hautpoul.
En septembre 1939, père de trois enfants, n’étant pas mobilisable car maintenu à la direction de son entreprise, celle-ci dut se replier à Aubigny-sur-Nère dans le nord du Cher. La présence de l’armée allemande lui devint insupportable, il voulait agir contre les occupants.
De retour à Paris, début août 1940, Maurice Ripoche organisa des réunions chez Maurice Nore débitant de tabac, avec Yves Chabrol et Pierre Beuchon, voisins dans le quartier Denfert-Rochereau (Paris XIVe) . Il prit contact avec des officiers aviateurs, des industriels, des chercheurs scientifiques. L’organisation clandestine prit le nom des premières lignes du manifeste que Ripoche et ses amis rédigèrent : « Français, nous serons ceux de la Libération » , rédigé et diffusé en octobre 1940.Son programme était de libérer le sol français de la botte étrangère par la violence puis d’instaurer un État fort sans suffrage universel, basé sur une organisation corporatiste de la société débarrassée de l’influence des étrangers. Ce programme était proche de la droite réactionnaire et xénophobe du Parti social français. La différence essentielle avec le régime de Vichy était la Libération comme préalable absolu. Les moyens mis en oeuvre étaient le boycott de la presse de la zone occupée, le travail au ralenti, le camouflage des stocks par les commerçants et la recherche de renseignements transmis aux services spéciaux de Vichy (ST Terre et SR Air). Le colonel Schimpf dirigeait le service action dont le centre de commandement se trouvait au château de Turmellière, à Montfaucon-Montigné (Maine-et-Loire) acheté sous un faux nom par Maurice Ripoche qui y avait des attaches familiales. Le 9 octobre 1941, la Sipo-Sd encercla le château, il échappa de justesse à une arrestation et plongea dans la clandestinité sous le nom de Dufour. Il rejoignit Lyon d’où il poursuivit son action avec ses adjoints restés à Paris, notamment Georges Savourey. Il rencontra à Lyon, les dirigeants des mouvements de résistance Franc-Tireur et Combat ainsi que des représentants de la France Libre Pierre Brossolette et Jean Moulin.
De retour à Paris après les nombreuses arrestations de l’état major du mouvement Ceux de la Libération, il oeuvra sous le nom de Pons, à la reconstitution des cadres et à son extension en zone sud en liaison avec Roger Coquoin, Gilbert Védy et Henri Manhès. Chez ce dernier, un petit calepin fut découvert indiquant "Pont Cardinet - 16h00". A l’heure dite, le 3 mars 1943 ,les Allemands stationnèrentt à la gare de la Petite ceinture SNCF de Paris et arrêtèrent Maurice Ripoche ainsi que son adjoint Maurice Vannier. Conduit à la Préfecture de Police, interrogé par l’inspecteur David, il fut ensuite transféré au Dépôt et mis au secret. Deux tentatives de le faire évader échouèrent.
Le 11 avril 1943, Maurice Ripoche fut transféré à la prison de Derendorf près de Düsseldorf , (Allemagne), puis jugé et condamné à mort par un tribunal du peuple en mai 1944. Transféré à Cologne, à Rheinbach puis à Klinelfütz, il resta enchainé jusqu’à son exécution. Le 20 mai, il écrivit à son aumônier : « Je fais le sacrifice de ma vie pour la renaissance chrétienne de ma Patrie mais aussi pour que l’Europe retrouve enfin le Christ qui est la seule voie de vérité et de vie. » Sa requête de mourir en soldat devant un peloton d’exécution lui fut refusé, il mourut décapité le 24 juillet.
Après la guerre, sa famille vint chercher son corps qui avait été enseveli par un aumônier allemand. Après un hommage rendu aux Invalides, son corps fut transféré dans le caveau familial à Montfaucon-Montigné.
Un timbre à l’effigie de Maurice Ripoche a été émis le 28 mars 1960.
Une rue du 14e arrondissement de Paris ainsi qu’une école maternelle sise au 51 de cette même rue honorent sa mémoire.
Un espace-culturel nommé « Maurice-Ripoche » a été inauguré le 11 octobre 2014 à Montfaucon-Montigné (Maine-et-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209514, notice RIPOCHE Maurice, pseudonymes Dufour, Pons par Annie Pennetier, version mise en ligne le 11 décembre 2018, dernière modification le 20 mars 2020.

Par Annie Pennetier

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 295668 et GR 28P 44274 (nc). — Emmanuel Debonno dans Dictionnaire historique de la Résistance française, Robert Laffont, 2006 . — Site AERI . — Site UNADIF-FNDIR Maine-et-Loire. — MémorialGenweb.

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