GRANET Marie [née TERRIEN Marie, Josèphe]

Par Jacques Girault

Née le 12 mai 1892 à Frossay (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), morte le 18 novembre 1990 à Laxou (Meurthe-et-Moselle) ; professeur ; militante socialiste ; résistante ; conseillère municipale de Sceaux (Seine, Hauts-de-Seine) ; historienne de la Résistance.

Fille d’un employé des ponts et chaussées, Marie Terrien, élève du lycée de jeunes filles de Nantes (Loire-Inférieure, Atlantique), titulaire du brevet supérieur en 1909, obtint le baccalauréat (latin-sciences) en 1911. Étudiante à la faculté des lettres de Rennes à partir de 1913, licenciée ès lettres (histoire-géographie) en 1915, elle fut trois fois admissible à l’agrégation féminine d’histoire (1918, 1920, 1922).

Elle se maria en octobre 1919 à Paris (XIVe) avec Marcel Granet (Paul, Marcel selon l’état civil), professeur, chargé de cours à la Sorbonne, futur spécialiste de la civilisation chinoise. Le couple eut un enfant. Elle habita Paris jusqu’en 1935 puis s’installa avec sa famille à Sceaux. Son mari, professeur aux Langues orientales et à l’École pratique des hautes études, mourut en novembre 1940.

Après avoir été professeur déléguée de lettres au collège de garçons d’Autun (Saône-et-Loire) d’octobre 1915 à juillet 1919, elle devint professeur de lettres et d’histoire-géographie au collège de jeunes filles de Tonnerre (Yonne) en octobre 1921. Habitant Paris, en congé d’octobre 1922 à 1926, elle enseigna en tant que professeur déléguée (latin et lettres) au lycée de jeunes filles de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) d’octobre 1925 à juillet 1926, puis fut nommée professeur-directrice d’études à l’école primaire supérieure Sophie-Germain en octobre 1926. Son enseignement actif comprenait des visites de musées. À partir d’octobre 1940, elle enseigna à l’EPS Paul Bert à Paris (XIVe), devenue collège moderne, jusqu’à sa retraite en septembre 1957. Elle ne s’entendait pas avec la directrice du collège pour des raisons politiques, selon des témoignages recueillis lors de l’enquête ordonnée par le rectorat.
Sa demande de maintien en activité en « raison des services que j’ai rendus dans la Résistance au cours des années d’occupation » fut refusée en mai 1957.

Au début de la guerre, Marie Granet constata le vol d’un appareil de TSF lors de l’arrivée des troupes allemandes et de ce qu’elle appela le “pillage“ de sa maison, avenue Le Nôtre à Sceaux. Elle déposa une plainte. Par la suite, une pièce de sa maison fut réquisitionnée par l’occupant allemand, de septembre 1940 à septembre 1941. Elle appartint au mouvement « Défense de la France » à partir de décembre 1941. Elle diffusa son journal clandestin dans les milieux universitaires, distribua des fausses cartes d’identité, hébergea des personnes recherchées.

En septembre 1948, elle fut désignée pour faire partie de la commission chargée d’établir l’histoire des faits survenus en France depuis 1938. Attachée de recherches de la commission d’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France, transformée en 1951 en Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, elle participa à ses enquêtes sur les témoins et les résistants. À partir de septembre 1954, elle fut désignée pour enquêter dans le cadre de la sous-commission d’histoire de la déportation. Elle obtint une indemnité de trois heures supplémentaires. Elle signa des livres et articles sur la Résistance, dont un dans la collection « Esprit de la Résistance » dirigée par Henri Michel avec qui elle signa un ouvrage sur le mouvement « Combat » en 1957. Dans son ouvrage sur le mouvement « Ceux de la Résistance » figuraient de nombreuses archives, résultant de minutieuses recherches parmi les survivants. Des manuscrits inédits, notamment sur le mouvement Libération-Nord ou sur les femmes dans la Résistance figuraient dans son fonds conservé aux Archives nationales dont l’inventaire fut établi en 1979. Elle cessa sa collaboration en 1967. Elle obtint la carte de « Combattant volontaire de la Résistance » en février 1958, mais elle ne fut pas répertoriée dans la liste des résistants au SHD.

Parallèlement, elle militait dans le Parti socialiste SFIO. Candidate aux élections municipales du 29 avril 1945 sur la « Liste d’union patriotique et républicaine », elle fut élue avec 3 226 voix sur 4 882 inscrits, 19e dans l’ordre du tableau. Elle fit partie des commissions des travaux, de la voirie, de l’hygiène, de la bibliothèque municipale, de l’enseignement, des colonies scolaires et du conseil d’administration de la caisse des écoles. Elle participa surtout aux discussions en 1945-1946 sur les questions budgétaires, les impôts, le ravitaillement et intervint, le 28 avril 1947, pour approuver la participation aux actions de l’association de l’aide aux familles au conseil municipal de Sceaux. Elle ne se représenta pas en fin mandat. Par la suite, elle collaborait à la Revue socialiste et approuva le soutien à la Communauté européenne de Défense à la différence du maire de Sceaux Edouard Depreux. Elle était membre du groupe d’études doctrinales de la SFIO.
Elle entra en maison de retraite à Laxou où elle décéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209546, notice GRANET Marie [née TERRIEN Marie, Josèphe] par Jacques Girault, version mise en ligne le 12 décembre 2018, dernière modification le 24 juillet 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Le fichier de la BNF, en 2018, comprenait 12 titres dont plusieurs doublons. Parmi eux, Défense de la France, histoire d’un mouvement de résistance, Paris, PUF, 1960. — Les jeunes de la Résistance : 20 ans en 1940, Paris, France-Empire, 1985.

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/6008, F17 26875, 397 AP 1-14. — Arch. mun. Sceaux. — Cahier de l’OURS, 1983, « Les socialistes sous l’Occupation ». — Notes d’Alain Dalançon et Emily Hooke.

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