PICHOT Jacques, Georges [pseudonyme dans la résistance : Pitche, alias Paul Bernard]

Par Eric Panthou

Né le 18 mai 1924 à Rambouillet (Yvelines), exécuté sommairement le 22 janvier 1944 au Brugeron (Puy-de-Dôme) ; Employé au ministère de l’Air ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Fils de Georges Auguste et d’Andrée Pauline Suzanne Traussier, Jacques Pichot était employé au ministère de l’Air replié à Royat (Puy-de-Dôme). Il était célibataire.
Il rejoignit la résistance en intégrant les FTP. Ses noms de guerre étaient Pitche et Paul Bernard.
Il fut tué par des GMR de Montbrison (Loire) au lieu dit Les Fanges, sur le commune du Brugeron (Puy-de-Dôme), le 22 janvier 1944, avec ses deux camarades Marcel Imms et Gauthier Hermann.
Selon l’enquête pour crimes de guerre, les trois hommes ont été tués sans sommation et alors qu’ils ne portaient pas d’armes. Deux autres résistants auraient été blessés.
Selon un rapport des services de renseignements de la Résistance, rédigés immédiatement après les faits, leur mort est consécutive à une expédition initiée par l’adjudant Bellus, commandant de la brigade de gendarmerie de Courpière (Puy-de-Dôme), à la recherche de réfractaires dans le secteur de Vollore-Ville. Le lieutenant Gramond, commandant de la section de Thiers a donc décidé l’opération le 22 janvier 1944 au matin, accompagné de 5 gendarmes ainsi que Bellus avec 3 de ses hommes. Ils firent une perquisition à Vollore-Ville qui ne donna rien. Bellus souhaita faire une seconde expédition dans une ferme isolée entre Le Brugeron et la Renaudie, accompagné du lieutenant et de ses 3 hommes, les gendarmes de Thiers ayant eu l’ordre de rentrer. Là, les gendarmes découvrirent d’importants stocks de cigarettes ainsi que de l’essence. Les deux gradés décidèrent de rentrer, ordonnant aux gendarmes de rester sur place en attendant un véhicule pour ramener leur prise. En repartant, les deux gradés rencontrèrent des réfractaires qui comprenant que leur cachette avaient été découverte tirèrent en l’air pour effrayer les gendarmes. Quelques centaines de mètres plus loin, les gradés trouvèrent une soixantaine de GMR de la Loire et leur dirent que des terroristes avaient tiré sur eux. Aussitôt les GMR se mirent en batterie et abattirent plusieurs réfractaires. Trois furent tués sur le coup et deux furent blessés. Le rapport affirme que ces deux hommes moururent de leurs blessures. Paul Bonnard->209087] fut emprisonné et exécuté sommairement plusieurs mois après. Le second blessé était un espagnol connu sous le nom de José. Selon l’enquête pour crimes de guerre, il fut déporté ensuite et on ignore son sort. Son nom ne figure pas sur la stèle en mémoire de ces événements au Brugeron.
Le commandant de la section de gendarmerie d’Ambert a fait conduire les blessés à l’hôpital de cette commune avant de les extraire pour les amener le 24 janvier à celui de Clermont-Ferrand. Le rapport se conclut en préconisant la neutralisation immédiate de l’adjudant Bellus qui avait agi par ambition.
Les victimes Gauthier Hermann, Jacques Pichot, Marcel Imms et Paul Bonnard.
Les corps des trois hommes tués sur place furent inhumés au Brugeron.

Il a été homologué FFI, reconnu “Mort pour la France”. Son nom figure sur la stèle commémorative du Brugeron (Puy-de-Dôme).

Plusieurs versions existent sur l’origine de cette attaque. Dune part, celle du maquis ftp Vaillant-Couturier qui a toujours considéré avoir été la cible préméditée de l’attaque des GMR, et d’autre part, une version considérant que l’attaque était due aux recherches menées par différentes brigades de gendarmerie épaulées de miliciens et de nombreux GMR pour localiser un groupe de réfractaires qui dérobaient de l’équipement pour leur maquis (notamment sur le Chantier de la Jeunesse de Courpière).

Ce secteur du Brugeron/Renaudie/Chambonie rassemblait plusieurs maquis situés très proches les uns des autres. Si les résistants décédés lors de l’attaque semblent appartenir au maquis Vaillant-Couturier, il existe des éléments dans les archives de maquisards MUR évoquant également cette attaque des GMR : il semble qu’après l’attaque meurtrière aux Fanges, les GMR aient continué à ratisser le secteur et qu’ils aient mis en fuite d’autres maquis

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209660, notice PICHOT Jacques, Georges [pseudonyme dans la résistance : Pitche, alias Paul Bernard] par Eric Panthou, version mise en ligne le 16 décembre 2018, dernière modification le 19 février 2022.

Par Eric Panthou

Sources : AVCC, dossier de Jacques Pichot : AC 21 P 130666 (n) .— SHD Vincennes, dossier Jacques Pichot : GR 16 P 475904 (nc) .—Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 198. crimes de guerre au Brugeron .— Mémoire des Hommes .— MémorialGenweb .— “La mémoire des victimes de 1944 ravivée”, La Montagne, édition Thiers-Ambert, 10 juillet 2013 .— Historique du 2ème secteur FTP Loire R3 établi par Chalus (fonds Jeanne Chalus, fédération PCF 63). —Mail d’Augustin Jouve, le 18 août 2021. — Rapport sur la mort de 5 réfractaires au Brugeron, rapport manuscrit de 2 pages (Anacr 63).

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