COUSTEIL Marcel

Par Jacques Girault, Gilles Morin, André Rosevègue

Né le 3 mars 1925 à Saint-Astier (Dordogne), mort le 28 février 2010 à Saint-Astier ; instituteur ; militant associatif et syndicaliste du SNI ; militant politique socialiste de Dordogne.

Marcel Cousteil
Marcel Cousteil
Cliché communiqué par Gildas Leroux

Fils d’un maréchal-ferrant (selon l’état civil) devenu ouvrier soudeur-zingueur accidenté du travail et d’une cultivatrice (selon l’état civil), Marcel Cousteil (écrit parfois Coustet), fut élève-normalien en 1942. Pendant sa formation professionnelle en 1945-1946, il encadra des écoliers le jeudi dans le cadre des patronages laïques. Les 9 et 10 juin 1946, au château Leyzarnie à Manzac, il participa à la naissance des Francs et Franches Camarades en Dordogne. En octobre 1946, nommé à l’école Saint-Georges de Périgueux, il assura la responsabilité des Francas dans le ville. Il anima de nombreux stages de formation, y compris au Cameroun dans les années 1960.

Marcel Cousteil se maria en juillet 1950 à Périgueux, enseigna avec sa femme, institutrice à Plazac (1950-1958), à Saint-Aquilin (1958-1962), avant d’être nommé au collège d’enseignement secondaire de Saint-Astier où il fut professeur d’enseignement général des collèges (lettres, histoire, géographie) jusqu’à sa retraite en 1980.

Membre du conseil et du bureau syndical de la section de la Dordogne du Syndicat national des instituteurs, candidat en huitième position de la liste C « École émancipée », pour le bureau national du SNI de 1949-1950, Marcel Cousteil obtint, lors du vote du Conseil national du 27 décembre 1949, 89 voix. Candidat à nouveau, l’année suivante, au bureau national en 6eme position sur la liste « EE » conduite par Yvonne Issartel*, il ne fut pas élu par le conseil national du 27 décembre 1951. Lors des Journées des Jeunes du SNI à Limoges, les 5-6 avril 1950, il intervint après le rapport de Marguerite Augustin à propos de l’orientation des commissions départementales de jeunes. Lors du congrès du SNI, le 21 juillet 1950, il intervint à nouveau pour donner son accord avec le rapport de M. Augustin sur les colonies de vacances. Il était membre de la commission nationale des jeunes du SNI en 1952. Il avait été le directeur pédagogique de la colonie de la Ligue de l’Enseignement à Biarritz (300 enfants) dans l’immédiat après-guerre et ouvrit, en 1950, pour la Ligue, le camp de jeunes de Saint-Georges-de-Didonne. En 1956, il se rendit en Chine, au nom de la Ligue de l’enseignement, avec une délégation de 14 mouvements de jeunesse, la première dans ce pays dirigé par Mao-Tsé-Toung. Par la suite, il fut actif dans les combats du Comité départemental d’action laïque. En mai- juin 1968, il anima plusieurs réunions à la demande du secrétaire départemental du SNI.

Considérant le fonctionnement syndical en tendances figées sclérosé, une nouvelle équipe animée par Marcel Cousteil devint majoritaire au conseil syndical en 1969. Elle proposa une nouvelle organisation du SNI par petits secteurs géographiques où chacun devait prendre des responsabilités, permettant un travail par commissions, par exemple sur le métier d’enseignant et le lien entre la ségrégation scolaire et la ségrégation sociale, avec des documents circulant dans le département. Avec une solide équipe motivée, « Syndicalisme Vivant » fonctionna pendant près de 20 ans. Ses militants présentèrent une liste pour l’élection du BN du SNI-Pegc avec des équipes militantes minoritaires dans d’autres départements. A la Fédération de l’Education nationale, ils participaient à la liste « Education-Autogestion » aux côtés de « Rénovation syndicale », né parallèlement dans le SNES. L’équipe Dordogne travailla dans le cadre plus large d’« Ecole et Société », animé par des militants venus de la FEN mais aussi du SGEN tels Jean-Claude Guérin et Guy Coq*. « L’expérience Dordogne » fut suivie de près et parfois reprise partiellement dans d’autres départements mais jamais nationalement.

En 1945, Cousteil adhéra aux Jeunesses Socialistes SFIO et participa comme secrétaire fédéral au congrès national de 1946. Il suivit deux stages dirigés par André Essel*, venu du trotskysme, faisant de l’entrisme à la SFIO sous le nom d’André Dunoyer qui reçut la tâche de l’organisation de la formation. Celui-ci poussa les JS à la scission d’autant qu’elles s’éloignaient de la politique défendue par la majorité du parti en Indochine et à Madagascar. Au congrès de Montrouge de Pâques 1947, les JS dissidentes furent exclues.
Cousteil passa avec Yves Dechézelles à l’Action Socialiste Révolutionnaire qui se rapprocha de la IVe Internationale et qu’il quitta alors, considérant que le langage trotskyste ne passait pas dans son milieu populaire. Le 27 mars 1948, il adhéra au Rassemblement Démocratique Révolutionnaire lancé un mois plus tôt, après le coup de Prague, par l’appel de personnalités telles que David Rousset et Jean-Paul Sartre. Comme ce dernier, il quitta le RDR en octobre 1949 quand Rousset le fit basculer vers la seule « défense du monde libre ». Faute de trouver un engagement sur le plan politique pour « une vraie gauche », il milita alors essentiellement dans le syndicalisme .

En mai 1954, Marcel Cousteil participa à la conférence du Comité de liaison et d’initiative de la Nouvelle Gauche ; il y retrouva Dechézelles, et devint en janvier 1957 le responsable départemental de la Nouvelle Gauche, partie prenante de la naissance de l’Union de la gauche socialiste, les 7-8 décembre 1957 à laquelle il adhéra. Il participa à la dénonciation de la guerre d’Algérie. Les événements d’Alger en mai 1958 lui faisant craindre une période fascisante, il participa à la fondation à Périgueux une section de la Ligue des droits de l’Homme pour « servir au besoin de couverture en cas de coup dur ». Le 14 juillet 1958, il parla au nom du SNI lors d’un rassemblement au Manège et en décembre 1958, il anima pour l’UGS à Saint-Astier une réunion assez mouvementée du Cartel des Non contre la constitution.

Après la création du Parti socialiste unifié en avril 1960, Cousteil devint le secrétaire de la fédération de Dordogne. Responsable de la presse et de la propagande, il fut des toutes ses luttes, avec un fort engagement autogestionnaire symbolisé par le bulletin départemental bimestriel Action PSU sous titré « socialiste autogestionnaire édition Périgord ». Secrétaire du comité départemental des Rencontres socialistes, il organisa la rencontre de Périgueux en 1966. Il prit part à la plupart des conseils nationaux, des congrès et à des délégations du PSU en Algérie (1963, 1971), au Chili (1972), en Albanie. Il tenta, au nom de sa fédération, de faire avancer dans les congrès la prise en compte d’un texte « hors courants » cherchant à mettre en valeur les consensus et les clivages réels pour en débattre avec tous en dehors des enjeux de pouvoir. Ce nouveau mode de pensée, qui visait à construire un nouveau type d’organisation, donna naissance, au congrès de juin 1983, au « texte 4 » minoritaire.

Estimant qu’il fallait expérimenter un nouveau type de fonctionnement démocratique permettant l’expression politique commune d’autogestionnaires d’horizons variés tout en respectant leur diversité, une quarantaine de militants de Dordogne furent présents à l’Assemblée constitutive de Rassemblement des autogestionnaires alternatifs Périgord, le 10 décembre 1983 à Léguillac. En janvier 1984, parut Rencontre Pour l’expression et l’action avec ce sous-titre : « Bulletin de naissance de RAAP, une expression politique d’un type nouveau ». Cousteil prit part aussi, en janvier 1984, à Paris aux journées d’étude de la Fédération de la Gauche Alternative et en mars 1984 à ses assises de fondation à Paris. Il fut la cheville ouvrière du RAAP et de son journal pendant près de vingt ans. Le mouvement départemental eut une présence militante de terrain à laquelle s’ajoute un travail de recherche, comme une enquête poussée sur le coût du chômage en Dordogne et une publication mensuelle de 16 pages Rencontre (183 numéros mensuels et plus de 300 abonnés à cette publication de 16 pages avec actualité départementale et un dossier de 8 pages sur un sujet national ou international). Les militants du RAAP, dont Cousteil, se fondirent peu à peu dans ATTAC, organisation d’éducation populaire et d’action citoyenne.

Le 4 mars 2010 une centaine de personnes se rassemblèrent pour lui adresser un dernier salut, militant et amical, au crématorium de Notre Dame de Sanilhac , à côté de Périgueux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20977, notice COUSTEIL Marcel par Jacques Girault, Gilles Morin, André Rosevègue, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 14 octobre 2021.

Par Jacques Girault, Gilles Morin, André Rosevègue

Marcel Cousteil
Marcel Cousteil
Cliché communiqué par Gildas Leroux

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/119. — Arch. Marc Heurgon, dossiers législatives de 1967. — Le Libérateur, 21 novembre 1954. — Bulletin d’information du Mouvement uni de la Nouvelle gauche, 10 janvier 1957. — Fichier RDR, archives J. Risacher. — Fichier des adhérents de l’UGS et du PSU. — Presse syndicale. — Action et Rencontre. — Cassettes audio d’interviews de Marcel Cousteil enregistrées par Gildas Leroux pour Radio 103 Périgueux en 1994-1996 et déposées aux Archives de Périgueux. — Notes de Colette Gluck. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Un fonds privé Cousteil, aux nombreux documents politiques, syndicaux et associatifs de 1944 à 2002, a été déposé, en juin 2010, aux archives départementales de Dordogne, à Périgueux.

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