GERVAIS Étienne, Émile [alias « Franck TRAVIER » ; « Saint-Étienne »]

Par André Balent

Né le 4 décembre 1909 à Théziers (Gard), mort le 26 juin 1944 à Servas (Gard) exécuté par les « Waffen SS » français (8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg, de l’Abwehr) et précipité dans le puits de la mine de lignite désaffectée de Célas ; employé de banque à Nîmes ; résistant (AS — Brigade Montaigne, maquis Bir Hakeim — puis FTPF).

Étienne Gervais était originaire d’une commune du Gard rhodanien. Il était le fils de d’Émile, Antoine employé des chemins de fer domicilié en 1937 à Nîmes (Gard) 29 rue Ernest-Renan et de Fernande, Marguerite Audemard décédée en 1937. Il se maria le 28 août 1937 à Nîmes avec Alix Yvonne Grimaud, née le 13 décembre 1909 à Sommières (Gard), pupille de la nation, fille de Marcel et de Rachel, Emma Berthe, décédée à Nîmes le 6 décembre 1952. Le couple eut une fille Lorraine, Fernande, Marcelle, Yvonne née à Nîmes le 14 mai 1944 et décédée à Montpellier (Hérault) le 10 septembre 2017. Elle fut déclarée pupille de la nation le 22 octobre 1945. Elle se maria le 14 septembre 1965 à Montpellier avec Jean-Paul, Albert Fensch.

De 1931 à 1937, Étienne Gervais apparaît sur les listes électorales de Nîmes avec la profession d’employé de banque. Il était alors domicilié dans cette ville 37 rue Bec-de-Lièvre. Sur son acte de mariage la profession est comptable et il était domicilié à la même adresse que celle de son père. Après son mariage, il vécut au domicile de sa femme, 6 bis allée Hugues-Capet à Nîmes.

Gervais s’engagea dans la Résistance. En février 1944, il était, d’après le CDROM de l’AERI, La Résistance dans le Gard, second de la Brigade Montaigne, maquis de l’AS (Armée secrète) formé par François Rouan, actif dans les Cévennes gardoises et lozériennes. Ce maquis comprenant surtout des étrangers, en particulier des Allemands, fusionna en mars-avril 1944 avec le maquis (AS) Bir Hakeim [du Languedoc] (Voir Capel Jean). Responsable du ravitaillement, il récupéra un stock alimentaire à la Grand-Combe (Gard).

Gervais quitta sans doute la Brigade Montaigne, sans doute bien avant février 1944 soit qu’il avait alors intégré les FTPF depuis quelque temps. Le CDROM de L’AERI (op.cit.) signale qu’il fut impliqué dans l’audacieuse opération d’évasion de prisonniers résistants internés à la maison centrale de Nîmes (Gard) décidée par Antonin Combarmond (alias « Mistral ») et Roger Torreilles, chefs des FTPF du Gard, en liaison avec les guérilléros espagnols de l’Agrupación de guerrilleros españoles(AGE) (Voir Garcia Grandas Cristino) qui fournirent l’essentiel des hommes qui assurèrent le succès de l’opération. Il était sans doute membre du maquis (FTPF) des Bouzèdes (Vialas, Lozère, près de Génolhac, Gard).

Grièvement blessé en mars 1944, il fut opéré à Nîmes à la maison de santé protestante par le docteur Cabouat. Il revint au maquis. Le 15 juin, en mission à Alès, il fut arrêté par des « Waffen SS » français de la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg en même temps que Paul Bayle qui l’accompagnait dans cette mission. Pendant son incarcération, il raconta les circonstances exactes de son arrestation à un autre maquisard emprisonné, Volle.. Ce dernier raconta raconta à son tour ses souvenirs dans le Midi Libre du 12 octobre 1945 : « J’[Gervais] ai un ordre de mission pour prendre livraison d’un camion vers la montée de Sinhol, à Alès. J’emprunte, pour m’y rendre, le car de Saint-Jean-du-Gard.À notre arrivée à Alès, nous sommes arrêtés par deux Waffen. je présume que le temps où le car parcourait le trajet de Saint-Jean à Alès, on a téléphoné à la Gestapo pour m’arrêter car les Waffen se dirigèrent directement vers moi ».

Interné au Fort Vauban il y fut torturé. Un autre résistant, Volle, incarcéré au fort Vauban en même temps que Gervais a pu écrire dans le Midi Libre du 12octobre 1945 : « Je me rappellerai toujours les lettres qu’il nous donnait à transmettre à son épouse, lettres où se lisaient l’abnégation, le courage, l’enthousiasme et la foi en la Libération. Ces lettres sont arrivées à son épouse par l’intermédiaire d’Olivier Raymond ». André Dalverny qui le connut à Fort Vauban a témoigné : « Il passa plusieurs fois à l’interrogatoire. les dents serrées, la bouche obstinément close, il supporta les coups de matraque que le tortionnaire Harry et ses Waffen lui assénaient sur la nuque, le visage, sur les bras, sus ses pieds nus. Et quand il descendait dans cette cour, les yeux tuméfiés, pouvant à peine marcher, c’est avec un pauvre sourire qu’il me disait : "Grâce à toi, j’ai pu écrire cette lettre, fais-la passer ; redonne-moi du papier !". Je profitai d’une seconde d’inattention de la sentinelle allemande pour donner à Gervais de quoi écrire (...) Il écrivit notamment ceci : "Chère femme, j’espère que de ton côté tu seras courageuse, tu sauras te montrer comme une véritable mère française. · À notre enfant qui aujourd’hui atteint son premier mois, tu parleras de son père" ».

Le 26 juin, il fut transporté par les Waffen SS à Servas en même temps que Paul-Louis Bayle, Lisa Ost et Hedwig Rahmel-Robens et fut précipité avec eux dans le puits de la mine de lignite désaffectée de Célas après avoir été exécuté sommairement. Son corps fut relevé et identifié après la Libération. Le décès fut finalement transcrit le 21 novembre 1946 sur le registre de l’état civil de Nîmes en exécution d’un jugement du tribunal de cette ville du 16 octobre 1946. Ces deux documents indiquent qu’Étienne Gervais était "présumé décédé à Alès en juin 1944", sans indication de jour. Son nom est gravé sur le monument mémorial du puits de Célas et sur le monument aux morts de Nîmes.

Voir Servas, Puits de Célas (9, 10, 26 juin 1944 ; 11 - 12 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article209894, notice GERVAIS Étienne, Émile [alias « Franck TRAVIER » ; « Saint-Étienne »] par André Balent, version mise en ligne le 25 décembre 2018, dernière modification le 26 janvier 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. com. de Nîmes, état civil actes cités dans la notice, listes électorales de Nîmes, 1931 à 1937. Documents consultés par Patrick Vazeilles (mars 2019). — Notes biographiques in « Liste de personnes », Claude Émerique, Laurent Pichon, Fabrice Sugier, Monique Vézilier (dir.), La Résistance dans le Gard, Paris, Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009, CDROM avec un livret de présentation, 36 p. — Aimé Vielzeuf, [Terreiur en Cévenne, Mîmes, Lacour Rediviva, 2003, 171 p. [pp. 124-125, p. 147, notes 100 et 102]. — Sites MemorialGenWeb et Mémoire des Hommes consultés le 24 décembre 2018.

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