BOUDOT Alfred

Par Jean-Paul Reymond

Né le 9 janvier 1922 à Rozérieulles (Moselle), mort 11 avril 1945 déporté à Buchenwald ; cheminot en Moselle, déplacé dans le Rhône ; résistant FTPF.

Plaque commémorative des ateliers d’Oullins Machines

Alfred Boudot était le fils de Louis Joseph Boudot et de Marguerite Eugénie Masson.

Il intégra la compagnie PLM de l’Est le 1er octobre 1936 aux ateliers matériel de Montigny les Metz. Il épousa Paulette Jeannine Pelissier, mère d’une petite fille Elisabeth née en juillet 1939 qu’il reconnut.

En 1940 c’est la débâcle, le 14 juin, Metz est déclarée « ville ouverte », les allemands occupent la ville. Le 29 juin, une antenne de la Gestapo s’installe à Metz et la Moselle est considérée nouveau « territoire allemand ».
Alfred Boudot rejoignit les ateliers SNCF d’Oullins Machines en zone libre le 5 septembre 1940 avec 96 cheminots alsaciens et lorrains, dont son frère Louis.

La famille s’installa 34 avenue Jean Jaurès à Oullins puis Alfred Boudot va partir pour les chantiers de jeunesse imposés par le gouvernement de Vichy du 14 mars au 16 octobre 1942. Le 3 février 1943 Paulette lui donna un fils, Jean Louis.

C’est à cette époque que, devenu ouvrier chaudronnier, il s’engagea dans la 3e compagnie FTPF d’Oullins par l’intermédiaire d’un collègue de travail de quinze ans son aîné, Jean Grimaldi, agent de ce mouvement de résistance et chargé du recrutement. Ensemble, ils distribuaient des tracts et journaux clandestins auprès du personnel des ateliers, ils freinaient la production et effectuaient des sabotages.

Le 3 mars 1944, vers 21 heures, un milicien français et deux soldats allemands vinrent perquisitionner le domicile familial. Sur dénonciation anonyme, le milicien bien informé trouva une mitraillette et des munitions. Alfred Boudot fut aussitôt arrêté et ce milicien menaç Paulette, alitée parce que malade, enceinte de sept mois et demi. C’est un des soldats qui retint la violence de cet homme de la milice. Alfred Boudot fit emmené à l’École de santé militaire, avenue Berthelot à Lyon, pour y être interrogé, certainement torturé, avant sa détention au fort Montluc. Son épouse Paulette fut interrogée 15 jours plus tard pendant 2 jours dans cette école de santé devenue le sinistre siège de la section IV de la Gestapo, dirigée par Klaus Barbie.

Accusé de détention d’armes et d’activité terroriste, Alfred Boudot fut transféré à Compiègne d’où il fut déporté à Buchenwald par le convoi du 12 mai 1944 sous le matricule 51668.

René Morel, un étudiant de Bourg-en-Bresse de 17 ans arrêté dans cette période, codétenu d’Alfred Boudot fut son compagnon de misère et l’accompagne jusqu’à la libération du camp par l’armée américaine. C’est ce jour-là, le 11 avril 1945, qu’Alfred Boudot, âgé de vingt-trois ans, décèda des suites des mauvais traitements et des privations endurés.

De retour en France, René Morel prévint Paulette du décès de son mari. Jean Grimaldi témoignera d’un ’’agent dévoué qui s’acquittait de toutes ses missions avec courage et joie’’, la fiche de renseignements SNCF faisant état d’un ’’agent très travailleur’’. Le commandant Charles Perrin, ex-responsable FFI FTPF Rhône, attestera de l’incorporation d’Alfred au groupe FTPF d’Oullins.

Sa mémoire est honorée sur les plaques commémoratives 39/45 des ateliers SNCF d’Oullins Machines, gare SNCF de Metz-Ville, monument aux morts de la ville d’Oullins. Alfred Boudot est homologué Force Française Combattante, FFI, Déportés Internés Résistants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210072, notice BOUDOT Alfred par Jean-Paul Reymond, version mise en ligne le 2 janvier 2019, dernière modification le 2 janvier 2019.

Par Jean-Paul Reymond

Plaque commémorative des ateliers d’Oullins Machines

SOURCES : Archives Départementales du Rhône, archives Montluc et Mémorial de l’Oppression. — SHD Caen cote 21 P428 923, Vincennes GR 16 P 77973. — Guide des recherches SNCF pour la période 39/45, 118LM108/001, 266LM 003 P 29 à 35, 118LM123/009.

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