DOUBLET Renée [née GOSSELIN]

Par Daniel Grason

Née le 13 avril 1906 à Paris (XIe arr.), morte le 17 janvier 1957 à Paris (VIIe arr.) ; sténodactylo ; sympathisante communiste ; déportée à Ravensbrück (Allemagne).

Fille de Fernand Edmond Léopold, trente-huit ans, représentant et de Victoria Adèle Grenu, quarante ans, ménagère, elle obtint à l’issue de sa scolarité le brevet élémentaire de l’instruction primaire supérieur. Elle épousa le 23 février 1924, Roger Marcel Doublet en mairie d’Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Mère d’un fils Robert, dix-huit ans, elle était de fait séparée de Roger Doublet son mari
Sympathisante communiste, elle aurait critiqué en 1939 la position du Parti communiste lors de la signature du pacte germano-soviétique. Sténodactylo, elle était employée depuis le 1er octobre 1941 aux Établissements Millards 70 rue du Ménil à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 16 juin 1942 vers minuit trois inspecteurs des Renseignements généraux frappaient à la porte de son logement situé au 2ème étage. Ils perquisitionnaient les deux chambres, la salle à manger, la cuisine et une dépendance. Ils saisissaient dans le tiroir d’une table de nuit trois livres : Paroles d’un combattant d’Henri Barbusse, l’Almanach Ouvrier et Paysan, 1938 et le Communisme et les chrétiens, de François Mauriac, ainsi qu’une photographie. Elle était inconnue de la police.
Emmenée au commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), elle y fut interrogée sommairement le 17 juin. Elle déclara qu’elle était l’amie de Lucien Bigouret depuis août 1939, et qu’elle l’hébergeait depuis trois semaines en sachant qu’il vivait dans l’illégalité et était chargé de la propagande communiste.
Le 21 juin elle a été interrogée par le commissaire Lucien Bizoire qui d’emblée l’apostropha : « Vous ne deviez pas ignorer que Bigouret avait été délégué du Parti communiste et militant actif dans la ville d’Issy-les-Moulineaux devait-être recherché ? » Elle ignorait « qu’il vivait dans l’illégalité », et elle « ne lui posait pas de questions sur ses ressources et sur ses occupations. »
Lors d’une filature elle avait été vue en sa compagnie quelques mois auparavant, rue Dautancourt près de La Fourche dans le XVIIe arrondissement, ainsi que dans un pavillon au 31 rue Henri-Martin à Vanves (Seine, Hauts-de-Seine). Elle n’avait rien remarqué chez lui ni documents ni brochures du Parti communiste. Marcelle Gosselin affirma qu’elle n’avait jamais dactylographié des textes ou des stencils. Les ouvrages saisis à son domicile, elle les acheta aux libraires sur les quais de Paris, et l’almanach dans un kiosque à une station du métropolitain. Quant à la photographie, elle avait été prise fin 1936 lors du Banquet de la Fédération des techniciens de France dans le XVIe arrondissement.
Devant le juge d’Instruction elle confirma les déclarations qu’elle avait faites au commissaire Lucien Bizoire. « Je n’ai jamais appartenu au Parti communiste et depuis sa dissolution, je n’ai été sollicitée par personne de prendre de l’activité clandestine. » Amené pour une confrontation Lucien Bigouret, elle confirma « J’affirme encore une fois de la façon la plus formelle que mon amie n’était nullement au courant de mon activité politique et que j’ai fait tout mon possible pour lui dissimuler. »
Le 9 juillet 1942, le juge d’Instruction émettait l’avis suivant : « Au privé, aucune remarque défavorable, bien au contraire, elle était très estimée des locataires de l’immeuble. Elle n’était d’autre part, soupçonnée d’aucune activité communiste ; on se refuse même à croire qu’elle “pensait” communiste. » En résumé sympathisante de l’ex-parti communiste, aucune charge précise.
Elle a été tout de même incarcérée à la prison de La Roquette. Renée Gosselin fut internée dans différents camps. Le 11 juillet 1944 elle était dans un convoi de 68 prisonnières à destination de l’Allemagne. Elles transitèrent quinze jours au camp de Neue-Bremm. Elle resta peu de temps à Ravensbrück avant d’être affectée au camp de Beendorf. Matricule 46855, elle a été libérée le 1er mai 1945.
Renée Gosselin a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Elle mourut le 17 janvier 1957 à Paris (VIIe arr.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210075, notice DOUBLET Renée [née GOSSELIN] par Daniel Grason, version mise en ligne le 2 janvier 2019, dernière modification le 13 novembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/77. –Bureau Résistance GR 16 P 263892. – Livre Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – FMD Base des déportés des Hauts-de-Seine. – État civil numérisé Paris XIe arrondissement11N 327 acte n° 1538

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