MALAVAUD Blaise, dit Pierre

Par Michel Patinaud

Né le 2 février 1887 à Peyrat-le-Château (Haute-Vienne), mort 16 juin 1968 à Peyrat-le-Château ; maçon à Paris, puis entrepreneur de maçonnerie en Limousin, puis exploitant de bois ; militant socialiste puis communiste ; maire communiste de Peyrat-le-Château de 1944 à 1953.

Blaise Malavaud naquit dans une famille d’agriculteurs de six enfants.
Bien que prénommé Blaise à l’état civil, il fut appelé couramment Pierre toute sa vie, il était connu pour son large sourire, surmonté d’une grande moustache noire.
Dès sa prime jeunesse, il fut maçon sur les chantiers parisiens, comme beaucoup venant de la Montagne Limousine (dits - mais c’est restrictif - « maçons de la Creuse »), « une vie particulièrement dure, mais belle pourtant » (dixit), « je gagnais 4 francs par jour, et quand çà arrivait au samedi, on se demandait où on allait le dimanche ». Il passait ensuite les hivers à la ferme paternelle. Le milieu des travailleurs migrants saisonniers était un ferment pour les idées socialisantes, et même révolutionnaires, auxquelles il adhéra dès 1905, à dix-huit ans. Période et mode de vie sont fondamentaux dans la formation politique de ces générations.
Blaise Malavaud se maria juste avant la Grande Guerre, qu’il fit en totalité, malgré une grave blessure en septembre 1914 (bataille de la Marne). Il était déjà veuf depuis 8 mois, avec un enfant.
Revenu au pays en 1919, il collabora à la fondation d’une section SFIO à Peyrat, qui conquit la mairie, puis adhéra en totalité aux thèses de la IIIe Internationale (65 adhérents). Il disait à propos de la scission de 1920 : « le malheur de la classe ouvrière a commencé à ce moment-là ». Il se remaria en 1923, union dont il eut encore trois enfants.
Victime d’une interdiction professionnelle en 1940, il dut retourner quelques années à la terre, « vivant avec les revenus de deux vaches ». Entré au Comité Local de Libération durant l’été 1944, élu municipal en 1945 (liste commune PCF-SFIO), puis réélu en 1947, mais sans les socialistes (la liste communiste fut élue en totalité). Pierre Malavaud exerça dès 1944 les fonctions de maire, tout en recréant une entreprise, cette fois dans l’exploitation du bois.
De ces années, il gardait un souvenir formidable et ému, qui éveillait une flamme ardente dans son regard. Ce fut l’époque de la construction du barrage de Vassivière, qui amena des centaines d’ouvriers sur les chantiers, dont beaucoup d’étrangers, et de très nombreux communistes. Ce point capital entraîna la création d’une deuxième cellule, ainsi que d’un groupe des JC. Blaise Malavaud se plaisait à rappeler ses liens amicaux avec Marcel Paul, député PCF puis ministre, et notamment la construction « du jour au lendemain » d’un terrain de boules, à la demande des épouses (pour éloigner les maris du bistrot !). Période bénie (si l’on peut dire) : en 1951, à l’occasion des législatives, le PCF réunissait 45 % des inscrits. La municipalité de Peyrat, « fortement engagée pour la paix et la démocratie », joua un rôle très actif en soutien des grandes grèves de 1947, 1949 et 1950, votant des soutiens financiers aux grévistes. Mais en 1953, la mairie échappa au PCF (6 élus, SFIO idem, le seul élu de droite fit pencher la balance). Blaise Malavaud resta ensuite toujours communiste et membre de son parti.
Marié deux fois, il avait quatre enfants.
Il était l’oncle de Malavaud Pierre*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210118, notice MALAVAUD Blaise, dit Pierre par Michel Patinaud, version mise en ligne le 3 janvier 2019, dernière modification le 5 janvier 2019.

Par Michel Patinaud

SOURCES : Entretien avec Louis Malavaud, son fils, le 16 juillet 1991. — Article de L’Écho du Centre 1er décembre 1960. — Michel Patinaud, Un canton « rouge » : Eymoutiers, laboratoire du communisme rural (1945-1989), Mémoire de Maîtrise, Université de Toulouse-Le Mirail, 1991.

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