COZETTE Eugène [COZETTE Jean-Baptiste, Eugène]

Par Jean Gaumont

Né le 22 août 1872 à Amiens (Somme), mort le 2 mars 1942 à Amiens ; ouvrier tisseur ; employé d’épicerie ; socialiste ; coopérateur ; administrateur de coopérative ; conseiller municipal.

Cozette naquit de parents appartenant à la classe ouvrière. Lui-même, au sortir de l’école primaire, fut placé en apprentissage et devint ouvrier tisseur. Devenu le beau-frère de Georges Garbado, ouvrier typographe qui compta parmi les fondateurs de la coopérative « l’Union » d’Amiens, il entra lui-même à la société quatre ans après sa fondation, en 1896, comme garçon de magasin, homme de peine, et, de grade en grade, s’éleva jusqu’au poste de directeur gérant, où il parvint le 15 août 1908, succédant à Garbado nommé lui-même à Paris. L’Union était encore, en 1896, une très modeste société rassemblant sur le papier 700 adhérents, mais dont 150 seulement étaient des coopérateurs véritables. Lors de la prise de possession de son poste par le nouveau directeur, « l’Union » avait grandi : elle groupait 3 800 familles ouvrières. Garbado avait procédé en 1897 à des agrandissements et, d’année en année, les progrès avaient continué. Après 1908, sous la direction de Cozette, ils se poursuivirent. En 1914, « l’Union » était devenue une des plus importantes coopératives du pays et le centre d’une Fédération régionale dont le secrétariat avait été confié à Cozette. Grâce au courage et au dévouement du directeur-gérant et du personnel, la guerre ne compromit pas l’œuvre entreprise. Les ventes ne cessèrent pas de monter. La conduite de Cozette, de son collaborateur Aubert et de Catel, administrateur délégué, en particulier au cours du bombardement d’Amiens en mars et avril 1918, leur valut une citation du gouvernement à l’ordre du jour de la Nation.
Cozette, qui avait représenté la fédération socialiste SFIO de la Somme aux congrès nationaux de Paris (1910) et de Lyon (1912), fut élu conseiller municipal d’Amiens en 1919 après l’avoir été une première fois sur la liste Malbranque en décembre 1902 (il n’avait pas été réélu en mai 1904).
Un Cozette, sans indication de prénom, assista comme délégué au XVe congrès national corporatif - 9e de la CGT - tenu à Amiens du 8 au 16 octobre 1906 et vota pour la proposition V. Renard*. Il y a peut-être identité.
En 1920, Cozette fut appelé par le congrès national de la coopération tenu à Strasbourg, au conseil central de la Fédération nationale ; il était aussi administrateur de la Fédération régionale et toujours chargé de son secrétariat. Sa tâche de direction de « l’Union » crût dans de très grandes proportions. En effet « l’Union », devenue société chargée du développement et du renforcement de la coopération dans la Somme, multiplia les magasins à succursales. La conquête en surface et en profondeur se poursuivit à une cadence plus rapide : absorption de sociétés locales, reconstruction à Amiens d’un siège social comprenant bureaux administratifs, magasins de vente, café-brasserie, salle de théâtre, etc., fusion avec la coopérative du Laonnois en 1929, avec celle du Beauvaisis, création de la colonie de vacances à Criel-sur-Mer, création de la boulangerie industrielle, l’une des plus considérables de France. En 1939 l’Union disposait de 370 magasins, huit boulangeries fabriquant 600 000 kg de pain pour ses 126 000 familles ravitaillées par quarante camions. La situation était des plus brillantes. En écrivant en 1921 l’histoire de la coopérative qu’il dirigeait déjà depuis treize ans, à laquelle il avait tant donné depuis un quart de siècle, Cozette racontait sa propre vie. Il devait diriger l’Union pendant vingt ans encore. Le mouvement coopératif avait fait de lui en 1920 un membre du conseil central, c’est-à-dire, en même temps qu’un administrateur de la Fédération nationale, un administrateur du Magasin de Gros et, en 1922, un administrateur de la Banque des Coopératives. Il le nommait encore président de la Fédération régionale n° 1. Il participa, en 1929, au voyage d’études conduit par E. Poisson, auprès des coopératives d’Union soviétique. Il devint en 1936 membre du conseil d’administration de l’Office interprofessionnel du Blé comme représentant des consommateurs et réélu en 1939. De même, en 1935, il était demeuré dans le nouveau « conseil unique » issu des délibérations du congrès de Dijon, et en 1940 membre du conseil de la nouvelle Société générale des Coopératives imposé par la législation de Vichy. Malgré les désastres subis par sa société lors de l’invasion, il avait, à sa mort, la joie d’avoir sauvé son œuvre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21036, notice COZETTE Eugène [COZETTE Jean-Baptiste, Eugène] par Jean Gaumont, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 19 février 2016.

Par Jean Gaumont

SOURCES : E. Cozette, L’Union d’Amiens, Historique de la Société, 1892-1923, Amiens 1924. — Almanach de la Coopération socialiste, 1906. — Brochure À nos morts, 1944-1945. — Le Coopérateur de France, 18 octobre 1930. — Maurice Dommanget, La Chevalerie du Travail, op. cit.

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