LAVAL Pierre et André, père et fils

Par Michel Patinaud

Pierre, né le 19 juillet 1898 à Eymoutiers, mort le 22 août .1960 à Rempnat.
Typiques du communisme paysan apparu dans la région dès les années 1920-1930, dans le sillage de Marius Vazeilles, ces deux hommes ont animé durant des décennies la cellule PCF de la commune de Rempnat (Haute-Vienne).

Pierre Laval (le père)

Pierre : Marié, père de 10 enfants. Parmi eux, celui qui l’accompagna et lui succéda professionnellement. André était marié et père de 2 enfants.

Le profil de ces deux ardents militants ressemble à bien d’autres dans ce coin de Limousin : lecteurs fidèles de La Terre, et de l’Écho du Centre, membres du Syndicat des Fermiers-métayers, infatigables débatteurs lors des foires. Par contre, la commune où ils vécurent est tout-à-fait atypique. C’est ainsi que Pierre ne fut jamais élu, alors qu’ André fit deux mandats de conseiller municipal (1971-1983). Rempnat est né de la fusion de deux anciennes communes, Rempnat s.s. & La Villeneuve, l’une caractérisée par de modestes exploitations agricoles (petits propriétaires et fermiers), la seconde marquée par la « grande » propriété, celle des « moussur » très influents (les « Monsieur ») et ses métayers.
Rempnat n’a jamais eu de maire communiste élu, c’est la seule des 12 communes du canton d’Eymoutiers ; à l’exception de la courte période du Comité de Libération (septembre 1944-avril 1945), avec à sa tête Jean Pointu. C’était le grand regret, sans cesse rappelé, des deux hommes. En effet, jusqu’aux années 1960, le PCF y était toujours n°1 aux élections générales. Et pourtant, malgré la présence constante d’une liste PCF autonome, même incomplète (4 candidats en 1965, pour onze sièges), conduite par Pierre Laval, Rempnat a connu la main mise d’élus socialistes, « grâce aux voix modérées » (A.L utilisait un autre mot). Le combat politique était d’ailleurs très tendu. Il fallu attendre 1971, et une querelle autour de la fermeture des deux écoles (querelle au sein même du conseil socialiste), pour que 2 communistes, dont André Laval, soient élus. Six ans plus tard, ce fut l’ union de la gauche, et l’élection cette fois de trois communistes. Pourtant, cette union ne coula pas de source, « il a fallu la faire, ce sont les états-majors qui nous ont obligés » (A.L.). Ce fut la dernière participation communiste.
André Laval, qui fut résistant FTP à 18 ans, n’a jamais critiqué la direction de son parti. Il n’avait pourtant « pas sa langue dans sa poche » et une certaine liberté de parole. Même à l’époque de « L’affaire Guingouin » - qu’il vénérait, mais ne soutint pourtant pas contre la direction – pas plus que face à la dissidence du Dr Fraisseix, maire d’Eymoutiers, en 1961. Voici en résumé la doctrine personnelle de celui auquel il ne fallait surtout pas parler de collectivisation des terres : « il ne faut pas chercher à ranimer les anciens trucs de 1945, ça va trop loin, c’est Staline ! ». Et plus récemment, il pestait encore contre les petits paysans « ralliés à Chirac », et « même à Le Pen ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210364, notice LAVAL Pierre et André, père et fils par Michel Patinaud , version mise en ligne le 10 janvier 2019, dernière modification le 18 janvier 2019.

Par Michel Patinaud

Pierre Laval (le père)
André Laval (le fils)

SOURCES : entretiens avec André Laval (mars 1991) et plusieurs membres de la famille, dont Michel Laval, petit-fils et fils. — Michel Patinaud, Un canton « rouge » : Eymoutiers, laboratoire du communisme rural (1945-1989), Université de Toulouse-Le Mirail, 1991.

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