PORTE Lucien, Charles

Par Eric Panthou

Né le 19 janvier 1907 à Auzat-sur-Allier, devenue Auzat-la-Combelle (Puy-de-Dôme), décédé le 1er juillet 1995 à Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme) ; mineur ; membre du Parti communiste (PCF) ; syndicaliste au sein de la Confédération générale du Travail (CGT) ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans et du Réseau Action "R6" ; interné.

Fils de Guillaume, mineur, et Clémence, née Marche, Lucien Porte devint lui-même mineur dès l’âge de 12 ou 13 ans à la mine de la Combelle. Il se maria avec Adeline, Flore Dutailly, à Billy-Montigny (Pas-de-Calais), le 30 novembre 1929.
Lucien Porte fut mineur à la mine de la Combelle dès l’âge de 12 ou 13 ans. Il est le fondateur de la cellule du PCF vers 1935-1936. Il a travaillé à la mine jusqu’aux grèves de 1948, date à laquelle il a été licencié et n’a jamais pu les années suivantes retravailler à la mine. C’est le directeur de l’époque qui avait porté cet interdit contre Lucien Porte et contre d’autres.
Spécialiste du maniement de la dynamite, il fut alors embauché pour ouvrir quelques carrières, puis travailla dans une carrière vers Pontaumur (Puy-de-Dôme). Il travailla ensuite chez Ducelier, importante société métallurgique d’Issoire implantée également à Brassac-les-Mines. Plus tard, il retrouva un poste à la mine de La Combelle, comme boiseur. La CGT ne parvint pas à lui obtenir un poste moins dur alors qu’il était usé physiquement. C’est finalement grâce à l’intervention d’un représentant FO que Lucien Porte obtint pour sa fin de carrière un emploi à la station de montage au pieds de la mine, un poste qui était beaucoup moins usant.
Il fut mobilisé à la déclaration de guerre de septembre 1939 au 6éme Génie. Il fut fait prisonnier vers le 20 juin 1940, emmené au camp de Surgère (?) et s’évada vers le 10 juillet 1940. De son retour jusqu’en mai 1944, il fut ouvrier de l’usine Ducellier à Brassac-les-Mines, importante usine métallurgique.
Fin janvier 1941, le préfet décide une mesure d’internement à son encontre eu égard à son engagement politique avant-guerre en faveur du Parti communiste. Il est arrêté par la brigade de gendarmerie de Jumeaux, le 30 janvier 1941 et interné au Camp de Saint-Paul d’Ejeaux (Haute-Vienne) jusqu’à la date du 19 février 1942. Il fut reconnu interné politique pour cette période.
En novembre 1942, il entre en contact avec Firmin Fuvel, décrit par Porte comme responsable régional à Brassac-les-Mines.
Il rejoignit ensuite la résistance dans le secteur d’Issoire, au sein des FTP. Son dossier fait apparaître une entrée dans la Résistance en janvier 1943 avec la diffusion de la presse clandestine, le recrutement de résistants, la constitution d’un dépôt d’explosifs. En 1943, avec René Géry, garde-barrière en Haute-Loire, il participa à divers sabotages dans le secteur de Brassac-les-Mines. Du 2 juin 1943 au 28 mai 1944 il fut responsable de la section FTP. Il se présente comme responsable civil du secteur d’Auzat-sur-Allier à partir du début 1944.
Il assura avec son groupe la protection d’une équipe de parachutage, le transport d’un matériel de parachutage effectué en Haute-Loire, avec Sadourny, d’Auzat-sur-Allier. Le matériel fut camouflé chez ce dernier et remis à Galeyrand, alias Bertrand, en mai 1944 lors des combats d’Esteil. Il fut également chargé des transports d’armes, la constitution du dépôt d’armes de Larrode, de nombreux sabotages dont notamment ma préparation de celui effectué en novembre 1943 aux mines de la Combelle sous les ordres de Maurice, le chef régional FN, Augustin Ollier. Cette activité est placée dans le cadre du Réseau Action R6 comme l’atteste Jean Challet, alias René, Georges Dorel, membre du Réseau Action R6, groupe COPA. Lucien Porte a appartenu à ce Mouvement FFC Réseau action R6 du 1er juin 1943 au 16 mai 1944. Challet atteste que Porte a été sous ses ordres pour porter secours lors des opérations de parachutages et aidé au transport de matériel sur les ordres de Fernand Dutour alias François.
Le 28 ou 29 mai 1944 selon Galeyrand, le 15 mai selon Chollet, Lucien Porte rejoignit la 4éme Compagnie FTP à Esteil (Puy-de-Dôme). Il est rentré le 10 juin sur ordre de Bertrand et mis à la disposition d’Henri Bernaud, chef du Service de Renseignements du secteur d’Issoire.
Il ne figure pas cependant sur la liste des effectifs du 105e Bataillon FTP qui œuvrait dans le secteur d’Issoire et Brassac-les-Mines. Pourtant, dans son dossier d’attribution du titre de Combattant Volontaire de la Résistance (CVR), René Galeyrand, alias Bertrand, attesta que Lucien Porte avait appartenu au Mouvement de Résistante homologué “Front National” et 105éme Bataillon FTPF. Et Porte précise dans son dossier CVR qu’il a été inscrit sur les contrôles du 105éme Bataillon FTP du 10 juin 1944 à la Libération.
Il n’a pas fait à temps la demande d’appartenance aux FFI ce qui lui posa préjudice pour sa retraite en tant que mineur. ll a reçu tardivement, après plusieurs démarches, en mai 1962, le titre de Combattant Volontaire de la Résistance (CVR) avec période homologuée du 1er juin 1943 au 28 août 1944.
Après guerre, il habitait au Saut du Loup, commune d’Auzat-sur-Allier, devenue Auzat-la-Combelle.
Lucien Porte n’a jamais eu de responsabilités importantes au niveau politique ou syndicale, mais il est resté trésorier du PCF (à Brassac ?) pendant de longues années. Il était néanmoins une figure du bassin minier, doté d’une mémoire qualifiée de "remarquable" par ses proches.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210463, notice PORTE Lucien, Charles par Eric Panthou, version mise en ligne le 12 janvier 2019, dernière modification le 28 février 2019.

Par Eric Panthou

Sources : SHD Vincennes, dossier de résistant de Lucien Porte : GR 16 P 486693 (non consulté) .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W63 : commissaire divisionnaire chef 6éme brigade mobile à Préfet, 28 janvier 1941 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 1296W75 : Le 30 janvier 1941, le contrôleur général à l’inspecteur général chargé des services de police criminelle .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : dossier nominatif d’attribution de la carte du combattant au titre de la résistance à Lucien Porte : 2546 W 2449 (non consulté) .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : dossier nominatif d’attribution de la carte du combattant volontaire de la résistance à Lucien Porte : 2546 W 8426 .— Attestation délivrée sur la demande du susnommé Lucien Porte pour valoir ce que de droit. Signé Louis Azas, gendarme commandant la Brigade de Jumeaux, le 26 avril 1948 (archives Eric Panthou) .— Témoignage téléphonique de Jean-Claude Daffix, son neveu, le 2 et 3 novembre 2018 .— Base Mémoire des Hommes .— état-civil.

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