ANDRIETTI Yvon, Maurice, Henri

Par Daniel Grason

Né le 28 octobre 1922 à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier dans l’industrie, monteur électricien, mécanicien ; militant communiste trotskyste de la IVe Internationale ; déporté.

Yvon Andrietti
Yvon Andrietti

Fils d’Henri et d’Eugénie Lamiraux, Maurice Andrietti vivait chez ses parents au 3 rue de la Solidarité à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Son nom figurait sur une circulaire chiffrée de la Police de Sûreté diffusée le 24 décembre 1942 : « Andrietti Yvon Maurice né le 23-10-1922 [date rectifiée le lendemain 23-08-1922] Paris charpentier 3 rue Solidarité Montrouge Seine carte identité 2020 signalt : taille 1 M 65 rasé yeux gris cheveux châtain clair vêtu pantalon travail bleu pull over militaire kaki veston croisé rayé bleu marine chaussé souliers rouges tête nue. »
« En cas découverte fouiller minutieusement garder à vue très étroitement et aviser extrême urgence Direction Services Police Sûreté 6ème Section Vichy 1900/24/12. » Le 24 décembre 1942 la gendarmerie de Châlons-sur-Saône (Chalons-en-Champagne) diffusait une note de recherches. Deux autres hommes étaient recherchés : Langlais et Charbonnier. Les trois hommes venaient d’agresser un soldat allemand alors qu’ils franchissaient la ligne de démarcation. Une enquête permettait de les identifier, il s’agissait d’Yvon Andrietti, Jean Langlais et Charles Charbonnier.
Il fut interpellé lors d’un contrôle d’identité le 7 mars 1944 à 16 heures rue Leconte-de-l’Isle dans le quartier d’Auteuil au métro Michel-Ange Molitor à Paris (XVIe arr.).
Le commissaire de la BS1 l’interrogea le 24 mars 1944, sommé de s’expliquer, il déclara : « J’ai été sollicité par un camarade de travail, le nommé Laval, pour participer à l’action trotskyste. Après une acceptation de principe, j’ai participé à des réunions si l’on peut dire, de discussion. J’ai reçu de [Maurice] Laval des tracts intitulés La Vérité, que je n’ai jamais diffusés. »
Il rencontra « Francis » qui lui proposa « de prendre part à des coups de main armés dont les bénéfices devaient aller uniquement à l’organisation qui, selon sa propre expression, « avait besoin d’argent ». Bien qu’il ne soit pas appointé par l’organisation, « Francis  » lui donna deux mille francs pour se soigner.
Il fut en contact avec Henri Labourel, Henri Goldszmidt, Denise Soleilbeau, et Caron. Il appréciait que seuls Labourel et Goldszmidt lui avait semblé être des sympathisants de la IVe Internationale. Affecté à la branche armée, « Francis » lui présenta « Bérard » et « Gringoire ».
Interné au Dépôt de la Préfecture de police, il a été à nouveau interrogé le 3 avril 1944. Le commissaire apprécia qu’Yvon Andrietti avait assuré la distribution de tracts, assuré la fonction de chef d’un « groupe de discussion » au sein de la IVe Internationale, et qu’il assura la protection armée de responsables nationaux lors d’un congrès clandestin. Le commissaire relevait qu’il avait été indemnisé, et devait occuper le poste de responsable militaire régional. Le plan d’un appartement avait été saisi sur lui, et « une pièce de monnaie helvétique ouvragée de telle sorte qu’elle pouvait prêter à confusion avec l’insigne de la police. »
Yvon Andrietti a été inculpé d’infraction au décret du 24 juin 1939 pour « propagande d’origine étrangère », à la loi du 5 juin 1943 pour « association de malfaiteurs », au décret-loi du 26 septembre 1939 pour « propagande communiste », à la loi du 27 octobre 1940 concernant sa carte d’identité, enfin à la loi du 4 septembre 1942 sur le Service du travail obligatoire (STO).
Le même jour étaient interpellés plusieurs autres membres de l’organisation : Henri Labourel, Henri Goldszmidt, Denise Soleilbeau, Raymonde Caron, René et Maurice Laval, Jean Meyrand, Henriette Clisci, ainsi que Robert Sauterey.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, probablement frappé, après avoir été au Dépôt, Yvon Andrietti a été incarcéré à la prison de la Santé, puis à Fresnes. Le dimanche 4 juin, il était dans le convoi de 2062 hommes à destination de Neuengamme (Allemagne). Les détenus transitèrent par le camp de Gross-Rosen, Yvon Andrietti fut envoyé à Mauthausen (Autriche), puis Sachsenhausen (Allemagne). Il a été libéré du camp de Schwerin le 2 mai 1945, vingt-quatre hommes s’étaient évadés lors du transport, neuf cents soixante-treize étaient morts ou disparus, le destin de cent trois d’entre eux resta inconnu.
Rentré de déportation, il épousa le 19 février 1946 Léone Sinturel en mairie de Montrouge. Le couple eut un enfant, la famille habita 10 rue Brézin à Paris (XIVe arr.), puis le 7 août 1948 au 19 rue Bellier-Dedouvre (XIIIe arr.).
Il travailla d’octobre 1946 à avril 1948 à la Compagnie des Compteurs de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), puis aux Établissements Bekli (XIIIe arr.).
En 1966, Yvon Andrietti était domicilié 27 rue Robespierre à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis). Il s’adressa au ministre des Anciens combattants et victimes de guerre, relata son parcours. Ses démarches ne furent pas vaines, il a été homologué Déporté, interné, résistant (DIR).

_

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210526, notice ANDRIETTI Yvon, Maurice, Henri par Daniel Grason, version mise en ligne le 14 janvier 2019, dernière modification le 4 octobre 2023.

Par Daniel Grason

Yvon Andrietti
Yvon Andrietti

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 321-84544 (transmis par Gilles Morin), rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1944, GA 1, GB 085, GB 140 (photo). – Bureau Résistance GR 16 P 13110. – Livre-Mémorial, FMD Éd. Tirésias, 2004, base FMD des Hauts-de-Seine.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 140

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable