CRÉANGE Robert, Michel, Hayem

Par Claude Willard

Né le 18 avril 1931 à Paris (XVIe arr.), mort le 19 décembre 2021 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ; instituteur puis PEGC ; membre du comité fédéral du Loir-et-Cher du PCF (1954-1958) ; associé au comité d’entreprise de Renault depuis 1953, en dirige les activités sociales (1978-1986) ; conseiller municipal de Boulogne-Billancourt (1983-1995) ; secrétaire général de la FNDIRP depuis 1994.

Le père de Robert Créange, Pierre Créange, franc-maçon, socialiste, était homme de lettres, poète. Le Phare, organe de la section de Boulogne, publia en feuilleton un ouvrage autobiographique de son père L’enfant et la haine. Son nom est inscrit au Panthéon sur la plaque « Aux écrivains morts pour la France ». Sa mère, Raymonde, était née Cahen. Robert Créange effectua sa scolarité primaire à Boulogne-Billancourt, puis une classe de 6e au lycée Claude Bernard. Son père, israélite, militant de la Ligue des droits de l’Homme et exerçant des responsabilités à la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), recherché par la Gestapo, décida de gagner la zone sud, en juillet 1942. Dénoncés par le passeur, les parents de Robert Créange furent déportés à Auschwitz-Birkenau, d’où ils ne revinrent pas. Robert Créange (onze ans) et sa sœur Françoise (treize ans) échappèrent à l’arrestation et furent élevés par leur tante. Après deux années au lycée de Périgueux, Robert Créange, adopté par la Nation en 1948, acheva ses études secondaires au lycée Claude Bernard et avec le CNTE, puis fit une année de propédeutique lettres modernes. Il effectua en 1951-1952 son service militaire en Allemagne puis à Angers comme sergent.

Sympathisant socialiste SFIO à la fin des années 1940, il vendait de la presse socialiste nationale et locale mais toutefois, en 1949, il milita au Rassemblement démocratique révolutionnaire, qu’animaient Jean-Paul Sartre* et Albert Camus*, et à Citoyens du Monde, aux côtés de Garry Davis. Il adhéra au PCF en 1953, à son retour du régiment.

De 1953 à 1958, Robert Créange exerça le métier d’instituteur à travers le Loir-et-Cher. Il y milita activement dans la FEN-CGT et dans le SNI. Il milita au PCF comme secrétaire de la section de Marchenoir, puis comme membre du comité fédéral (1954-1958), notamment durant la campagne électorale de 1956, militantisme qui lui valut trois procès.
En 1959-1960, il travailla à la Sorice, société d’import-export dans l’orbite du PCF. Ensuite, durant deux ans, il fut embauché par le CE de Renault pour son secteur Loisirs et Culture. Il reprit en 1962 son métier d’enseignant. Il fut PEGC au Niger (1962-1964), où son contrat ne fut pas renouvelé à la suite d’un discours radiodiffusé jugé subversif, à la distribution des prix. De 1965 à 1968, il exerçait son métier de PEGC dans les collèges de Maisons-Laffitte et de Rueil-Malmaison.

Depuis 1953, Robert Créange encadrait les centres de vacances du comité d’entreprise de Renault. Il participa activement (tout en enseignant durant la journée) à la puissante grève Renault de 1968. En août 1968, il fut nommé responsable du secteur Enfance-Jeunesse du CE de Renault-Billancourt, puis, en 1978, directeur des activités sociales du CE, et ce jusqu’à sa préretraite (en 1986).

Longtemps membre du secrétariat de la section de Boulogne-Billancourt, il fut élu conseiller municipal de cette ville (1983-1995), plus spécialement attaché aux problèmes de l’enseignement, de la jeunesse et du logement. Il demeurait en 1999 représentant du Préfet au conseil d’administration de l’Office municipal HLM, membre de la commission d’attribution des logements, de la commission extra-municipale « Enseignement-Jeunesse » et administrateur de la Caisse des écoles.
Responsable local, puis départemental en 1970 de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP), il en fut élu le secrétaire général au congrès d’Issy-les-Moulineaux (juin 1994). Comme représentant de l’Union française des associations de combattants et victimes de la guerre dont il était le vice-président, il fit partie de plusieurs commissions officielles mises en place pour travailler sur des questions touchant les pensions militaires et celles relatives aux victimes des guerres. Lors de la manifestation du 27 avril 2002 à Paris contre le Front national, il fut interviewé dans le journal télévisé de 20 heures de France 2, mis en ligne par l’Institut national de l’audiovisuel. Il multipliait les interventions dans les établissements scolaires. Par ailleurs, il est secrétaire général du Comité national du Souvenir des fusillés du Mont-Valérien et du Comité du Souvenir des 35 martyrs de la Cascade du Bois de Boulogne, secrétaire général adjoint de l’UFAC, membre du Comité de soutien des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA). Il était aussi le vice-président de la Commission permanente des affaires européennes de la Fédération mondiale des anciens combattants.

Robert Créange avait été fait chevalier dans l’Ordre national du mérite et était médaillé de bronze de la Jeunesse et des sports.

Hommage lui fut rendu le 23 décembre 2021, salle Landowski, 28 avenue André Morizet à Boulogne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21056, notice CRÉANGE Robert, Michel, Hayem par Claude Willard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 septembre 2022.

Par Claude Willard

Raymonde Cahen

ŒUVRE En collaboration, Les CEMEA, Qu’est-ce que c’est ?, Maspero, 1976.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Interview, novembre 1999. — Notes de Jacques Girault.

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