KANTER Raymonde [née FRIEDMAN]

Par Daniel Grason

Née le 20 décembre 1917 à Paris (IXe arr.), morte le 27 septembre 2010 au Le Relecq-Kerhuon (Finistère) ; déportée à Bergen-Belsen (Allemagne) ; aide-comptable ; victime de l’antisémitisme.

Fille de Maurice, quarante-sept ans, tailleur et de Lisa Herscovici, trente-trois ans, sans profession, Raymonde Friedman épousa le 2 mai 1935 Salomon Raymond Kanter en mairie du IXe arrondissement de Paris. Pendant la guerre elle vivait 42 rue Rodier à Paris (IXe arr.). Titulaire du CEP, elle exerçait la profession d’aide-comptable à la Maison Lucien Urbain au 99 rue d’Oberkampf à Paris (XIe arr.). Quatre inspecteurs de la BS1 l’interpellèrent le 24 mars à 15 heures sur son lieu de travail. Elle présenta une carte d’identité à son nom avec sa photographie portant le cachet de la ville de La Tronche arrondissement de Grenoble (Isère).
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle a été fouillée par une femme policière. Après contrôle, sa carte d’identité s’avéra fausse, une seconde carte d’identité portant le cachet de la mairie de Saint-Lô dans la Manche était également fausse, sa carte d’alimentation délivrée par la mairie du IIème arrondissement ne portait pas la mention « Juive ». Le port de l’étoile jaune avait été rendue obligatoire par les Autorités allemandes depuis le 7 juin 1942, elle ne la portait pas.
Sommé de s’expliquer, elle expliqua avoir acheté une première fausse carte d’identité après un premier rendez-vous à un homme au café « Le Cardinal » à l’angle des Grands Boulevards et de la rue de Richelieu pour deux mille francs. Elle renouvela l’opération une seconde fois après la loi du 2 juin 1941 promulguant le second statut des juifs. Quant à son travail d’aide-comptable, elle le trouva par l’intermédiaire d’Elisa Muchimovitz.
Les policiers lui présentèrent les photographies de Marcelle Milkoff et de Samuel Radzinski. Elle affirma tout ignorer de l’activité politique des uns et des autres, déclara « J’ignorais tout de l’activité des personnes avec qui je travaillais. Jamais rien dans leur attitude ne m’a paru suspect. J’ignorais que des documents se trouvaient dans les bureaux de monsieur Urbain. » Elle concluait en précisant n’avoir « jamais adhéré à aucune organisation politique. »
Internée au camp d’Austerlitz, Raymonde Kanter a été transférée au camp de Drancy. Elle déposa deux cents dix francs à l’administration du camp à une date inconnue. Le 23 juillet 1944 elle était dans le convoi n° 80 de 257 déportés dont 77 enfants à destination de Bergen-Belsen. Les troupes Britanniques découvrirent le camp de Bergen-Belsen le 15 avril 1945. Le paysage était apocalyptique, d’immenses étendues de cadavres de détenus victimes de la faim, de la soif et du typhus étaient sur le sol. Des 50 000 victimes de Bergen-Belsen, 35 000 moururent entre janvier et avril 1945. Pour enrayer l’épidémie, les Britanniques mirent le feu aux baraquements le 21 mai 1945. Les derniers survivants ont été évacués à la fin mai.
Raymonde Kanter surmonta les épreuves, elle rentra de déportation.
Elle divorça le 31 mai 1947, elle se remaria avec Georges Levy le 4 février 1952 à Brest (Finistère). Elle mourut le 27 septembre 2010 au Le Relecq-Kerhuon dans le même département.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210567, notice KANTER Raymonde [née FRIEDMAN] par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 décembre 2021, dernière modification le 13 décembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 125. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – État civil de Paris IXe arrondissement 9N171 acte n° 610. – Site internet CDJC documentation du Mémorial de la Shoah.

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