CREIGNOU Jean, François, Henri

Par Jean Maitron, Gilles Pichavant

Né le 13 juillet 1908 à Grosley-sur-Risle (Eure), assassiné le 1er janvier 1943 à Birkenau (Allemagne), camp dépendant de celui d’Auschwitz ; syndicaliste et militant communiste de Seine-Inférieure (Seine-Maritime).

Jean Creignou interviewé dans <em>le Prolétaire Normand</em> du 1er avril 1937
Jean Creignou interviewé dans le Prolétaire Normand du 1er avril 1937

Fils d’un ouvrier briquetier, originaire de Roscoff (Finistère) et d’une ménagère, Jean Creignou naquit le 13 juillet 1908 à Grosley-sur-Risle (Eure). Son père ayant été tué le 23 septembre 1914 à Loivre (Marne), il fut adopté par la Nation.

Militant de la Fédération CGTU du Bois de Seine-Inférieure au début des années 1930, puis secrétaire du syndicat du Gaz de Rouen (Seine-Inférieure), enfin secrétaire général de l’Union locale CGT de 1936 à 1939, Jean Creignou était membre du Parti communiste. En 1937 il était le secrétaire de la section de Rouen. Le 10 octobre 1937, il fut candidat pour le parti communiste aux élections au conseil d’arrondissement dans le 4e canton de Rouen et obtint 497 voix et 20,25%. des exprimés.

Hostile au Pacte germano-soviétique, il fut cependant interné au camp de Meuvaines (Calvados) de 1939 à juin 1940. Le Service Historique de la Défense indique que Jean Creignou a été condamné par le tribunal correctionnel de Rouen le 7 mai 1940 pour fabrication de fausses pièces d’identité et usage de ces pièces (16 francs d’amende). Il fut arrêté une deuxième fois le 21 décembre 1940 pour propagande politique extrémiste, condamné à 1 mois de prison et 200 francs d’amende par le tribunal correctionnel et relaxé le 3 avril 1941 par arrêt de la Cour d’Appel. La troisième et dernière arrestation de Jean Creignou semble avoir eu lieu dans le cadre de l’opération Theoderich (commémorant l’entrée des troupes d’Hitler en Union Soviétique) le 23 juin 1941 : il fut arrêté soit par la Gestapo (selon DGSN), soit par la Feldgendarmerie (selon C. Cardon-Hamet) en raison de son appartenance au PC et à la CGT, et il fut envoyé au camp de Compiègne-Royallieu le 27 juin 1941. Il resta au camp de Royallieu-Compiègne jusqu’au 6 juillet 1942 mais tenu en quarantaine par ses camarades communistes en raison de son attitude en 1939. Dirigé sur Auschwitz, il dut travailler au creusement d’une tranchée de canalisation d’eau devant relier Birkenau à Auschwitz.

Jean Creignou se révolta contre un des « kapos » qui surveillaient, fut mordu par les chiens et tué à coups de matraque. Ses compagnons l’enterrèrent sur place. Selon le témoignage de son frère Valère, son nom fut « oublié », sur la plaque commémorative des « disparus » de l’époque. Son nom figura bien sur le monument des syndiqués et militants de la CGT, fusillés ou morts en déportation, érigé dans la cour de l’Union locale CGT de Rouen, qui fut inauguré le 30 août 1969, et qui en comportait 198.

Un homonyme figure à Paris sur une plaque de groupe Sébastopol, morts pour la France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21059, notice CREIGNOU Jean, François, Henri par Jean Maitron, Gilles Pichavant, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 septembre 2021.

Par Jean Maitron, Gilles Pichavant

Jean Creignou interviewé dans <em>le Prolétaire Normand</em> du 1er avril 1937
Jean Creignou interviewé dans le Prolétaire Normand du 1er avril 1937

SOURCES : Correspondance V. Creignou-Jean Maitron, janvier 1983. — Mairie de Grosley-sur-Risle, 28 janvier 1983. — Le Prolétaire Normand, 1er avril 1937, 14 mai 1937 — Site web Mémoire de la déportation, Transport parti de Compiègne le 6 juillet 1942 (I.42.) — État civil, acte de naissance — La CGT en Seine-Maritime, ouvrage collectif coordonné par Albert Perrot, VO éditions, 1993.— Notes de Catherine Vorager.

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