BONNE Charles, Jean-Baptiste

Par Jean Piat

Né le 4 août 1842 à Granges (Vosges) — qui peut être Granges-de-Plombières ou Granges-sur-Vologne — ; mort en 1883 ; tisserand ; militant syndicaliste ; participant aux congrès ouvriers de 1876 et 1879.

Après des études au petit séminaire, Charles Bonne travailla en diverses régions de France avant de se fixer dans le Nord : à Armentières, puis à Willems et à Lille (1866). Cette même année, le 5 septembre, il s’installa à Roubaix. Tisserand d’abord, plus tard mis à l’index, il se fit cabaretier pour subsister.
Il fut condamné, le 21 mars 1867, par le tribunal correctionnel de Lille, à six mois de prison pour « rébellion et excitation à la rébellion » : lors de l’émeute de Roubaix, se trouvant au milieu d’un rassemblement, il tenta d’empêcher l’arrestation de ses camarades. Appréhendé, il se laissa traîner, tandis que sa femme s’agrippait à lui en poussant des cris. Voir Jean Castelain.

Charles Bonne fut l’animateur du mouvement syndical au lendemain de la Commune. Sous sa direction, la chambre syndicale, dont il était le président, prit aux élections prud’homales de 1873 la mesure de son rayonnement : « Votez pour les candidats que la chambre syndicale vous présente. Par ce moyen nous n’aurons plus à redouter les grèves qui portent plutôt préjudice à l’ouvrier qu’au patron », disait l’appel. De 80, moyenne habituelle, le nombre des votants passa à plus de 700 et Charles Bonne fut élu avec 80 % des suffrages.
À ses camarades il disait : « Soyons bons ouvriers, dévoués aux intérêts de nos patrons ; consacrons à ces intérêts notre zèle, notre activité, notre intelligence. »

Bonne représenta la chambre syndicale ouvrière de Roubaix au congrès ouvrier de France qui se tint à Paris du 2 au 10 octobre 1876. Participèrent avec lui, pour le Nord, à ce congrès : Doignon, Duthoit, Flamment, Lefèvre, Lemaire V., Poinsignon, Ponce, Quanonne, Ricbourg, Roumier et Vallays.

À Lille, le 8 juin 1879, Charles Bonne présida un congrès ouvrier, prélude à celui de Marseille, et, en présence de plusieurs milliers d’auditeurs, fit voter un ordre du jour demandant un certain nombre de réformes.
Charles Bonne, qui avait représenté la chambre syndicale au congrès ouvrier de Paris en octobre 1876, prononça au congrès de Marseille d’octobre 1879 un véritable réquisitoire contre le régime capitaliste, tout en repoussant les thèses collectivistes. Blâmé par ses mandants roubaisiens au congrès ouvrier de Lille, 15 août 1880, il persista dans ses vues et affirma : « Les collectivistes sont les pires ennemis du progrès, des travailleurs et de la République. »
Un certain Bonne assista, comme délégué de Roubaix, en novembre 1880, au IVe congrès ouvrier socialiste tenu au Havre, salle Franklin, par les « barberettistes ». Y a-t-il identité ?
À Roubaix, au Théâtre du Boulevard, le 14 août 1881, Charles Bonne porta la contradiction à Jules Guesde. Devant 1 500 auditeurs, Bonne l’accusa de tenir un langage antipatriotique parce qu’il dénonçait les « flibusteries financières » de l’expédition de Tunisie et il opposait la compétence du député industriel Achille Scrépel, sur le terrain économique, à l’incompétence des candidats du parti ouvrier qu’il qualifiait « d’étrangers ». Peu après, 26 août 1883, il était exclu de la chambre syndicale parce qu’il avait voté au conseil municipal avec les patrons (il y siégeait depuis 1879) le projet d’une garnison réclamée depuis très longtemps déjà par les industriels soucieux de « maintenir l’ordre » à Roubaix.
De juin 1876 à mars 1877, Bonne avait été correspondant du quotidien parisien La Tribune, « organe républicain des questions démocratiques et sociales ». Il était marié, sans enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210635, notice BONNE Charles, Jean-Baptiste par Jean Piat, version mise en ligne le 16 janvier 2019, dernière modification le 21 janvier 2019.

Par Jean Piat

SOURCES : Arch. Nat. F 7/12 488. — Arch. Dép. Nord, 595 M 6. — Arch. Mun. Roubaix, F II GA 8-9 et I II C10. — A. Moutet, Le Mouvement ouvrier à Paris du lendemain de la Commune au premier congrès syndical en 1876, DES, Paris 1959. — Journal de Roubaix, 10 octobre 1877. — Ami du Progrès, 11 juin 1879. — Revanche du Forçat, 26 août 1883. — Progrès du Nord, 10 février 1876. — Compère-Morel, Jules Guesde, 1937. — Gustave Delory, Historique de la Fédération du Nord, Lille, 1921.

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