BRELAY Ernest

Par J. Gans et J. Gaumont

Né le 13 décembre 1826 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure), mort en octobre 1900. Négociant en textiles, économiste. Coopérateur.

Brelay s’occupa d’abord de commerce, devint un assez riche négociant en tissus et exerça les fonctions de vice-président de la Chambre corporative patronale. Petit-fils d’Audry de Puyraveau, il fit, à l’exemple des siens, de la politique d’opposition républicaine de 1849 à 1851 et sous l’Empire.
Brelay, qui était un esprit curieux et discuteur, fut au nombre des bourgeois républicains et libéraux qui soutinrent en 1866-1869 l’effort d’organisation coopérative des ouvriers. Il exposa ses idées sur l’association de crédit et les associations commanditaires du travail dans son petit livre Clovis Bourbon, excursions dans le vingtième siècle, signé du pseudonyme d’Ernest Jonchère. En 1868, il figura au nombre des signataires du programme coopératif du journal la Réforme publié par les coopérateurs de l’époque.

Brelay fut élu, le 26 mars 1871, dans le IIe arr. de Paris, membre de la Commune de Paris, par 7 025 voix sur 11 143 votants et 22 858 inscrits. Le second élu, Loiseau, avait 6 932 voix ; le troisième, Tirard, 6 386 voix ; le quatrième, Chéron, 6 018 voix. Brelay démissionna au plus tard le 1er avril.

Après la Commune, Brelay, démocrate repenti devenu anti-étatiste et adversaire de tout socialisme, de tout interventionnisme même, se rangea sous le drapeau de l’économisme le plus classique. Il demeura cependant coopérateur. Ses formules d’association coopérative sont limitées à des moyens primaires. Pour lui, l’association doit et peut seulement se borner à procurer aux ouvriers des moyens d’épargne et de vie à meilleur marché. Pourvoir tout le monde de capitaux par l’épargne lui semble être le but essentiel de la coopération. C’est cette formule qu’il s’efforça de répandre au moyen des études et des conférences qu’il fit à Paris après sa démission de l’assemblée municipale parisienne où il siégea en 1878-1879. Il était alors un des rares économistes à s’occuper de questions coopératives et son autorité sur ce point est incontestée. Après avoir été, de 1880 à 1885, l’un des hommes influents, peu nombreux, à tenter de développer le mouvement coopératif français, de lui donner une organisation fédérative, des moyens d’information, de propagande, de statistique, Brelay s’opposa aux coopérateurs de l’École de Nîmes qui prenaient alors la direction du mouvement. Devenu peu à peu en vieillissant un partisan de l’économiste Le Play qu’il avait d’abord combattu, il se montrait hostile à la participation aux bénéfices qu’il avait préconisée auparavant, adversaire de la coopérative de production, partisan mitigé d’une coopérative de crédit et de consommation réduite à des buts d’épargne. Brelay, malgré le rôle qu’il a joué dans le mouvement coopératif, ne se rattache cependant pas à la doctrine officielle du mouvement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210666, notice BRELAY Ernest par J. Gans et J. Gaumont, version mise en ligne le 17 janvier 2019, dernière modification le 30 décembre 2019.

Par J. Gans et J. Gaumont

ŒUVRE (cotes de la Bibl. Nat.) : Le Malentendu social, 1873, Paris, in-16, 208 p. (R 29 965). — Les Associations populaires de consommation et de crédit mutuel en 1882, Paris, 1883, 74 p. (8° R. 5 087). — La Coopération, Nancy, 1887-1888, (8° R 8 712). — Collaboration à de nombreuses revues.

SOURCES : Journal Officiel de la Commune, 31 mars 1871, réimpression, Paris, V. Bunel, éditeur, 1872. — Procès-Verbaux de la Commune de 1871, Édition critique par G. Bourgin et G. Henriot, tome I, Paris, 1924 ; tome II, Paris, 1945. Publiés par le Service des Travaux historiques de la Ville de Paris. — Jean Gaumont, Histoire générale de la Coopération en France, Paris, Fédération Nationale des coopératives de consommation, 1924, t. II.

ICONOGRAPHIE : J. Gaumont, op. cit.

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