CRÉPEL Henri

Par Bruno Béthouart

Né le 28 octobre 1901 à Fouquières-les-Lens (Pas-de-Calais), mort le 26 avril 1976 à Calais (Pas-de-Calais) ; technicien des mines ; permanent, puis secrétaire départemental adjoint CFTC-CFDT à Calais.

Henri Crépel
Henri Crépel

Neveu de Léopold Crépel (1869-1944), mineur puis cafetier, maire de Fouquières-les-Lens de 1904 à 1912 et de 1925 à 1935, présenté par la famille comme « socialiste et libre-penseur ». Les témoins le qualifient plutôt de « progressiste indépendant », non-membre de la SFIO et de la Libre-pensée, mais « anticlérical farouche ». Henri Crépel fut le second d’une famille catholique dont le père, François, né à Saint-Laurent-Blangy le 19 septembre 1871 commença son activité professionnelle comme mineur de fond avant de reprendre un estaminet à Fouquières et où la mère Fidéline née Mornave le 2 août 1875 à Fouquières, catholique pratiquante, membre de la Ligue féminine d’Action catholique, proposait une solide éducation chrétienne à sa progéniture. À la fin de ses études primaires à Fouquières, la Grande Guerre, non seulement lui interdit de poursuivre sa scolarité mais, du fait de l’occupation allemande, l’obligea également à se replier, avec toute sa famille, en Belgique à Jeneffe. Il fut alors fait prisonnier civil à Zedelgem, près de Bruges, puis il réussit à s’évader et à rejoindre sa mère toujours réfugiée. De retour en France à la fin du conflit, il entra le 18 janvier 1919 comme apprenti aux chemins de fer puis au service électrique des mines de Courrières à la centrale thermique d’Harnes en 1923 où il allait devenir responsable du réseau téléphonique puis technicien du réseau souterrain électrique. D’abord adhérent à la CGT, il quitta ce syndicat au bout de quelques mois en raison de propos qui heurtent ses convictions religieuses. En effet ce jeune homme qui allait communier chaque matin avant de partir au travail, qui participa à l’ACJF, choisit de militer à la CFTC dès 1923. Jules Catoire, secrétaire départemental du syndicat chrétien lui proposa, en 1937, après les grèves, de succéder à René Vieillard comme permanent CFTC à Calais où il allait désormais demeurer jusqu’à sa retraite en 1966. Il y fit la connaissance de Jeanne Claire Louchez, syndiquée à la CFTC et jociste, vendeuse dans un magasin de chaussures de la plus grande ville du Pas-de-Calais. Mariés le 13 août 1939, les deux époux fondent une famille de six enfants. Mère au foyer, Claire aida son mari en faisant l’accueil des syndiqués au domicile conjugal, 23 place Crèvecœur, en face de la Bourse du Travail ; elle décéda le 6 octobre 1952. Durant la Seconde Guerre mondiale, mobilisé au service de transmission à Metz, Henri Crépel ne put rejoindre, à la suite d’un congé pour naissance d’un de ses enfants, son régiment et se retrouva à Montpellier durant quelques mois : il aida le responsable CFTC de l’Union locale jusqu’en octobre 1940 où il réussit à profiter de l’appel à main d’œuvre dans les mines par les autorités d’occupation pour rejoindre sa famille.
Embauché le 14 octobre 1940 comme ouvrier téléphoniste à Fouquières-les-Lens, il participa à la Résistance comme membre des diffuseurs clandestins de Témoignage chrétien. Il était présent dans le CDL de sa commune à la Libération au titre de la CFTC. Membre du comité départemental des Résistants d’inspiration chrétienne (RIC) fondé par Jules Catoire* et Louis Beugniez à la veille de la Libération, il adhéra dès novembre 1944 au MRP. En 1945, Henri Crépel devint secrétaire départemental adjoint de la CFTC en charge du Littoral et demeura donc en poste à Calais. Il occupa les fonctions de trésorier au sein de l’Union départementale et géra la caisse de résistance qui, sur le modèle des syndicats chrétiens belges, offrait, en cas de grève, dans le Pas-de-Calais comme dans le Nord, des prestations aux syndiqués à jour de cotisation. Il fut appelé à participer au titre de la CFTC puis de la CFDT au CEADEC (Comité d’études et d’action pour le développement économique de Calais), organisme créé après la guerre, à l’initiative des responsables patronaux calaisiens en lien avec les élus et les acteurs économiques du Calaisis dans le but de faciliter toute reconversion et de promouvoir l’emploi ; il en devint même vice-président. Personnellement favorable au maintien du caractère confessionnel lors du débat en 1964, il vota en faveur du changement de sigle en tant que mandataire des membres de la fédération Santé qui lui avaient demandé de voter pour la CFDT. Alors que Joseph Sauty, responsable des mineurs demeurés CFTC, lui proposa un poste de permanent dans les mines, il préféra conserver sa fonction de permanent cédétiste à Calais et avoua par la suite ne pas regretter son choix. Dès 1947, lors de la création des caisses d’assurance-maladie et d’allocations familiales de Calais, il fut présent dans chaque conseil d’administration puis présida celui de la CAF de 1963 à 1967 et occupa le poste de vice-président de l’autre caisse. À la suite des ordonnances interdisant aux responsables syndicaux d’y occuper des fonctions de direction, il demeura administrateur de ces organismes jusqu’à sa mort en 1976. Il fut logiquement appelé par son syndicat à devenir administrateur de l’Urssaf créée au début des années 1960 lorsque Paul Bacon*, syndicaliste chrétien, occupait les fonctions de ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Il participa également au conseil d’administration de la compagnie d’assurances nationalisée « l’Urbaine » jusqu’en 1965. Spécialisé dans la défense des dossiers juridiques des syndiqués à la Cour d’appel de Douai, aux conseils des prud’hommes et à la Sécurité sociale, il poursuivit cette activité d’avocat bénévole durant ses années de retraite dans le cadre de l’Union départementale puis régionale. Chevalier de l’Ordre du mérite social en 1965, ce militant chrétien, membre de l’Action catholique ouvrière (ACO), fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1967, reçut la médaille d’or du travail l’année suivante et, sous l’insistante pression de ses enfants, entreprit la rédaction de ses mémoires avant de décéder au 23 place Crèvecœur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21075, notice CRÉPEL Henri par Bruno Béthouart, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 20 décembre 2017.

Par Bruno Béthouart

Henri Crépel
Henri Crépel

ŒUVRE : Mémoires, inédits, inachevé (de 1901 à 1928, puis quelques pages sur 1936, et enfin de 1940 à 1944), 166 p. (détenu par la famille).

SOURCES : Témoignage de Dominique Crépel, son fils, le 2 avril 2002. — Bruno Béthouart, Jules Catoire (1899-1988), Arras, Artois Presse Université, 1996 ainsi que Des syndicalistes chrétiens en politique, 1944-1962, Villeneuve-d’Ascq, Septentrion, 1999. — La Voix du Nord, 27 avril 1976.

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