DRIGOUT Émile, Etienne

Par Patrick Bec

Né le 24 septembre 1901 à Ruynes-en-Margeride (Cantal), massacré le 10 juin 1944 à Ruynes-en-Margeride (Cantal) ; couvreur ; victime civile.

Emile Drigout était le fils de Jean-Louis Drigout, couvreur à Combechalde, commune de Ruynes, et de Marie Tufféry, repasseuse puis cabaretière et épicière qui avaient six autres enfants nés entre 1894 et 1911.
Résident à Paris en 1921 et après son service militaire dans le 12e régiment d’aviation en 1922 et 1923, il a été affecté au premier groupe d’ouvriers d’aviation et au 353e régiment d’artillerie lourde portée. Le 8 décembre 1931 il avait été condamné à dix ans de travaux forcés pour vol qualifié, par la cour d’assises de la Seine. En 1944, il était couvreur à Ruynes.

Le samedi 10 juin 1944 vers midi, le détachement allemand de reconnaissance n° 1000 Aufklärungsabteilung, 3 compagnies d’Azerbaïdjanais, probablement 2 compagnies du 19e régiment SS de Police de l’ordre, soit 800 à 900 hommes, sous le commandement du chef de bataillon Enns, a quitté Saint-Flour pour monter à l’assaut du maquis du Mont-Mouchet. (Martres)
Dans « A nous, Auvergne ! », Gilles Lévy et Françis Cordet donnent un compte-rendu très précis du passage à Ruynes de la colonne allemande :
« A 14 heures, des coups de feu éclatent sur la route de Saint-Flour (...) ; le jeune Boulet tout essoufflé arrive en criant : "Les Allemands sont là." Les premières victimes civiles, René Claude et Henri Rousseau, viennent d’être abattues sous les yeux du jeune Boulet à moins de deux kilomètres de là. Une colonne allemande d’environ 250 hommes atteint le bas de la côte qui mène au bourg de Ruynes-en-Margeride. Le garde champêtre Vital Boulet donne à son tour l’alarme. Les hommes jeunes et valides se terrent dans les ravins proches. La colonne aborde le village selon des ordres précis. Les Allemands vont s’y livrer à un véritable massacre.
Deux maisons flambent déjà ; dans la première deux enfants malades sont jetés hors du lit. Mme Simone Barlier est abattue dans son jardin ; un peu plus loin c’est le tour de Dominique Tanari, réfugié marseillais de soixante-quatre ans, qui coupe son bois. De toutes les maisons les hommes sont poussés au hasard jusqu’à la fusillade. Avenue de la gare, tombent le percepteur Lucien Fabre et Louis Munery (vingt-cinq ans), gendre du propriétaire de l’hôtel. Plus loin, l’instituteur Jean Chalvet, arraché à son école, est emmené avec Emile Drigout (quarante ans) et le garde-voie Adrien Cosson ; ils sont fusillés à l’entrée d’un pré. » (Lévy-Cordet)
Emile Drigout avait 43 ans.
Son acte de décès porte la mention "Mort pour la France".

Son nom est gravé sur la plaque apposée dans l’église de Ruynes en "hommage aux victimes de Ruines sauvagement assassinés par les Allemands le 10 juin 1944", ainsi que sur le monument commémoratif des fusillés, à la mémoire des 26 martyrs de la commune. Il est également gravé sur le monument de la Résistance à St-Flour (Cantal).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210764, notice DRIGOUT Émile, Etienne par Patrick Bec, version mise en ligne le 20 janvier 2019, dernière modification le 1er février 2022.

Par Patrick Bec

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 337237, dossier Émile Drigout (nc). — Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993 . — Gilles Lévy, Francis Cordet, A nous, Auvergne !, Presses de la Cité, 1974. — Jean Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir. Cantal, 1940-1944, Aurillac, Association des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal, 2007 . — État civil, registres matricules (AD 15) . — MémorialGenWeb.

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