BERKOVITZ ou BERKOWIC Fogiol née RADZIEJERWSKA

Par Daniel Grason

Née le 14 avril 1908 à Kowal région de Coulavie-Poméranie (Pologne), morte à Auschwitz (Pologne) ; déportée à Auschwitz (Pologne) ; militante de la Main-d’œuvre immigrée ; victime de l’antisémitisme.

" Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits."

Fille de Nouhen et de Malka née Gosrowska, Fogiol Radziejerwska épousa Aron Berkovitz. Mère d’une fille Cécile, le couple vivait 15 passage de l’Avenir (rue Eugène-Lumeau) à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Elle avait été repérée par des inspecteurs des Brigades spéciales lors de filatures, le 18 mars 1943 à 16 heures 30 place Claude-Lorrain (XVIe arr.), à 17 heures elle rencontrait Anna Aron née Leider à l’angle des rues d’Auteuil et de Géricault. Le lendemain à 8 heures 25, elle s’entretenait de nouveau avec Anna Aron devant l’église Saint-Augustin. Le même jour à 11 heures 35, elle rencontrait Léa Krasucki rue de Lagny à Paris (XXe arr.). Les deux militantes de la Main-d’œuvre immigrée furent interpellées.
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, Anna Aron a été fouillée par une femme policière. Elle portait une carte d’identité avec sa photographie au nom de Fanny Sevence qui portait le cachet de la police d’État de Seine-et-Oise (Seine-Saint-Denis), circonscription du Raincy. Furent saisis : un lot de tracts, un trousseau de clés, une clé et sept mille huit cents francs.
Elle vivait sous le nom de Belloy dans un local au 26 rue Calmels (XVIIIe arr.), les policiers saisissaient des papiers manuscrits en yiddish, un agenda de poche sur lequel figuraient des rendez-vous, deux listes dactylographiées où figuraient des noms et adresses d’inspecteurs de l’instruction publique, un morceau de papier dactylographié sur lequel figurait des tirages de tracts, la photographie d’une femme et une liasse de feuillets ronéotypés.
Fogiol Berkovitz était inconnue des différents services de police. Lors de son interrogatoire, elle déclara « Je milite pour une organisation qui s’élève contre l’arrestation des juifs ». Elle affirma ignorer qu’il s’agissait du Parti communiste clandestin. Elle expliqua avoir rencontré « par hasard » quatre mois auparavant dans la rue un homme prénommé « Marcel » qui lui demanda si elle serait d’accord pour porter des paquets à des personnes contre une rétribution de 2000 francs par mois, elle accepta.
Les policiers lui montrèrent une photographie, elle reconnue Huna Leider. Les déclarations de Fogiol Berkovitz ne faisaient que confirmer ce que les policiers observèrent lors des filatures. « Il se peut que le 19 mars à 8 heures 30 sur le boulevard Haussmann, j’ai rencontré une femme, mais je n’avais pas de rendez-vous avec cette dernière. Je ne l’avais pas vue auparavant. »
« Je ne me souviens pas d’avoir rencontré le même jour à 11 heures 35, dans le square de la rue de Lagny, la femme que vous dites s’appeler Borszewski Léa. » Celle-ci a été immédiatement présentée à Fogiol Berkovitz qui affirma « Je n’ai jamais vu cette personne. »
Elle a alors été frappée, les policiers lui présentèrent les papiers saisis, Fogiol Berkovitz affirma que les papiers d’identité saisis, les tracts, les listes de souscription lui avaient été remis par « Marcel ». Elle fut brutalisée à deux autres reprises, les policiers voulaient connaître l’identité de « Marcel », elle ne la connaissait pas.
Internée au camp de Drancy, Le 23 juin 1943 elle était dans le convoi n° 55 de 1018 femmes, hommes et enfants à destination d’Auschwitz (Pologne), 518 furent gazés dès leur arrivée, 283 hommes et 217 femmes ont été sélectionnés. Quand le camp a été libéré le 27 janvier 1945 par les troupes Soviétiques, 72 déportés dont 37 femmes de ce convoi étaient vivants.
Le couple Brito-Mendès Joseph et Marie-Louise voisins des Berkovic recueillirent Cécile Berkovic fille d’Aron et de Fogiol. Ils s’occuperont de Cécile comme si elle était leur fille, si bien que Jacques fils du couple la prendra pour sa sœur. Après la Libération, un oncle de Cécile réfugié aux États-Unis viendra la chercher.
Claude Dewaele, historien retrouva les noms de celles et de ceux qui furent enfermés dans l’école Jean-Jaurès de Saint-Ouen avant d’être envoyés à Auschwitz. Lors de ses recherches, il retrouva Georges Winograd, un des rescapés. Tous deux décidèrent de créer l’association Mémorial, ils menèrent des recherches pour retrouver les noms des hommes, femmes et enfants qui furent déportés à Auschwitz. Une liste de 335 déportés raciaux a été établie. Une liste de souscription fut ouverte pour ériger un mur des noms. Le Monument a été inauguré en 2004. Claude Dewaele se rendit aux États-Unis où il rencontra Cécile et sa famille.
L’association Yad Vashem a décerné en 2004 le titre de « Justes parmi les nations » à Joseph Brito-Mendès et Marie-Louise son épouse née Bellouin « pour avoir aidé, à leurs risques et périls, des juifs traqués pendant l’Occupation ». Leurs noms ont été gravés sur le mur d’honneur dans le Jardin des Justes parmi les nations au Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem.
Sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.) a été gravé le nom de Fogiol Berkovitz, ainsi que sur le Monument commémoratif dédié aux 335 juifs et juives de Saint-Ouen au Square Marmottan (métro Garibaldi).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210841, notice BERKOVITZ ou BERKOWIC Fogiol née RADZIEJERWSKA par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 février 2019, dernière modification le 23 février 2019.

Par Daniel Grason

 " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits."
" Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits."

SOURCES : Arch. PPo. GB 125. – Le Journal de Saint-Ouen BnF cote BM-1 (93, Saint-Ouen) N°23 novembre 2004 (transmis par Claude Dewaele). – Site internet Mémorial de la Shoah, – Site internet GenWeb.

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