échos d’histoire

Autour de l’abbé Pierre

L’hiver 2019 est marqué par une double commémoration, celle de la mort de l’abbé Pierre (Henri Grouès), survenue le 22 janvier 2007, et celle des 65 ans de son appel à « l’insurrection de la bonté » au cours de l’hiver 1954. Au-delà la biographie consacrée à l’abbé Pierre, lui-même, sous la signature d’Axelle Brodiez-Dolino et de Brigitte Mary, le dictionnaire Maitron propose aussi d’autres notices qui contribuent à éclairer son parcours ou qui évoquent l’histoire d’Emmaüs et qui permettent de les mettre perspective.

Dans le premier cercle de l’abbé Pierre, on pourra par exemple citer la biographie de Léo Hamon, conseiller de la République MRP avec qui il avait siégé à l’Assemblée constituante en 1946 et qui soutint son action dès décembre 1953, en déposant un projet d’amendement à la loi budgétaire qui proposait d’affecter un milliard d’anciens francs à la création de logements d’urgence, sans succès.

À plus grande distance, la biographie d’Étienne Camelot rappelle qu’en tant que journaliste à la Croix du Nord, il mit sa plume au service de l’appel de février 1954.

Plus largement, le contexte du début des années 1950 et l’ampleur des mobilisations en faveur des mal-logés sont illustrés par de nombreuses biographies de militants, tout d’abord parmi les prêtres ouvriers :

  • Bernard Gardey, prêtre ouvrier chez Renault et militant de l’Association populaire du logement au début des années 1950
  • Jean Lacan, responsable de la Mission ouvrière jésuite à Paris, soutien des actions des expulsés et des mal-logés dans le XIIIe arrondissement
  • Joseph Lorgeril, prêtre ouvrier chez Panhard, syndicaliste CGT et responsable de la Fédération des mal-logés en 1952
  • Maurice Ducreux, employé au comité des mal-logés d’Alfortville, responsable d’une coopérative de construction et militant de la Confédération générale du logement (CGL)

Au sein de ces mobilisations, on peut relever plus particulièrement l’action des « squatters », à partir de la fin des années 1940, qui repéraient les logements inoccupés pour y installer des familles de mal-logés. On y retrouve à nouveau des prêtres, comme André Depierre, ainsi que des militants venus de la Jeunesse ouvrière chrétienne, comme Henri Daumont à Montreuil, Jacques Étienne à Meudon, ou encore Marius Apostolo à Marseille.

Enfin, dans une toute autre perspective, on note qu’Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre furent aussi, à partir des années 1990, d’importants lieux d’engagement pour des militants venus des organisations chrétiennes (Jeunesse ouvrière chrétienne, Action catholique ouvrière, etc.) mais aussi du syndicalisme CFDT :

  • Michel Carvou, ancien dirigeant CFDT de la Métallurgie, fut ainsi chargé de mission à la Société d’HLM Emmaüs (1992-1996), membre du CA d’Emmaüs-France (1992-2003), délégué général de la Fondation Abbé Pierre (1996-2003) puis administrateur à partir de 2011.
  • Alain Gelly, ancien de la JOC, militant CFDT chez IBM puis secrétaire de l’UD de l’Essonne, fut délégué général d’Emmaüs France (1996-1999)
  • Claude Caillère, permanent de la JOC puis de l’ACO fuit secrétaire général adjoint d’Emmaüs France de 1997 à 2000.
  • Dans un registre quelque peu différent, mêlant engagement militant et activité professionnelle dans les organismes de logements sociaux, Claude Néry, militant socialiste et syndicaliste CFDT, fut directeur de la société HLM Emmaüs et trésorier de la Fondation Abbé Pierre.

Au-delà des responsables de premier plan, on retrouve aussi les notices de militants de terrain, tels qu’Ambroise Boucherie, bénévole à la communauté Emmaüs de la Pointe Rouge à Marseille (1981-1999) ou Anne-Marie Dagallier. Et, parmi eux, figurent également des militants communistes comme les instituteurs André Delcourt, maire de Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais), ou Roger Meï, maire de Gardanne (Var), qui viennent souligner la surface considérable d’Emmaüs et le très large soutien à l’action de l’abbé Pierre.

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