TEDESCHI Baptiste, Pierre, François [pseudonyme dans la Résistance : Rémy]

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 8 avril 1916 à Lyon (VIIe arr., Rhône), blessé au cours d’une action résistante le 24 juillet 1944 à Lyon (IIIe arr., Rhône) et sans doute mort très peu de temps après ; tôlier ; Franc-tireur et partisan de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) du Bataillon Carmagnole.

Baptiste, Pierre, François Tedeschi était le fils d’Ernesto et de Francesca, Antonia Di Nicandro. Il naquit au domicile de ses parents, 41 rue de la Madeleine (Lyon, Rhône). Il avait six frères et une sœur. Bien que né à Paris, son père, Ernesto Tedeschi fut soldat dans l’armée italienne de 1915 à 1919. Manœuvre avant-guerre, il exerça, à son retour à Lyon, le métier de chauffeur chez différents employeurs (l’Electro-Garage, 38 rue Sainte-Geneviève, l’usine Berliet, chemin des Quatre-Maisons, les établissements Letord, 3-5 impasse des Quatre-Maisons, Bouvier, Grande rue de la Guillotière). Ernesto et Francesca Tedeschi furent ensuite revendeurs puis maraîchers. Les Tedeschi demeurèrent 41 rue de la Madeleine jusqu’aux années 1925-1930 puis ils s’installèrent 14 bis rue de Nice (Lyon, VIIe arr.). Baptiste Tedeschi devint tôlier (carrossier-tôlier). Il travailla à l’usine Berliet. Conscrit de 1936, il fut incorporé en octobre 1937 au 506e régiment de chars de combat. Il resta aux armées, dans le même régiment, jusqu’en 1940. C’est lors d’une permission, le 2 mars 1940, qu’il se maria avec Thérèse, Etiennette Gery à Lyon (Ier arr.). Sa dernière adresse fut le 25 rue Antoine Lumière (Lyon, VIIIe arr.).
Baptiste Tedeschi s’engagea dans les Francs-tireurs et partisans de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) du Bataillon Carmagnole. Il prit le pseudonyme de Rémy et le numéro matricule 94464. D’après son dossier conservé au Centre d’histoire de la Résistance et de la déportation (CHRD), il participa à diverses actions : déraillements, attaques de convois allemands, attaques d’usines et de garages travaillant pour l’ennemi et « mise au pas des collabos et Gestapo ». On peut constater qu’un certain Rémy, cité deux fois dans les communiqués militaires de l’inter-région HI4, prit part à l’action du 7 juillet 1944 (exécution de deux traîtres) et à celle du 9 juillet 1944 (exécution de deux agents de la Gestapo). Ce Rémy était vraisemblablement Baptiste Tedeschi.
Le 24 juillet 1944, Baptiste Tedeschi participa à une opération de récupération d’armes avec cinq camarades. Vers 20 heures, à l’angle de la rue d’Alsace et de la rue Anatole France (Villeurbanne), son groupe s’attaqua à un gardien de la paix et lui prit son pistolet et sa carte de police. Le policier se rendit au poste des Charpennes et prévint son supérieur à 20h10. Les deux hommes partirent à la recherche des résistants. Ils repérèrent les six jeunes FTP et les rejoignirent à l’angle de la rue Frédéric Mistral (Lyon, IIIe arr.) et de la rue Sainte-Anne de Baraban. A cet instant, les résistants prirent la fuite en direction de la rue Richelieu (Villeurbanne) en tirant plusieurs coups de feu dans leur direction. Le brigadier rattrapa l’homme le plus proche et fit feu. Il s’agissait de Baptiste Tedeschi qui fut touché et s’affaissa. Les deux policiers poursuivirent les autres FTP-MOI. Après un échange de grenades et de coups de feu, le gardien blessé et le brigadier à court de munitions abandonnèrent la poursuite. Un sous-brigadier venu en renfort arriva à la hauteur de Baptiste Tedeschi. Le résistant lui jeta une grenade qui n’éclata pas. Le policier riposta et blessa Baptiste Tedeschi de plusieurs coups de revolver. Un officier de police se chargea de faire transférer Baptiste Tedeschi et le gardien blessé à l’hôpital Édouard Herriot. Baptiste Tedeschi fut fouillé. On trouva sur lui un pistolet 7mm65 chargé de 9 balles, une grenade portant l’inscription Societa Romana, une « carte d’identité établie avec de faux cachets et portant l’identité suivante : Millet Rémy, né le 8 avril 1916 à Meziden (Calvados) demeurant 23 route de Crémieu à Villeurbanne, exerçant la profession d’électricien », et la carte de police du gardien de la paix. D’après le rapport de l’officier de police de permanence, Baptiste Tedeschi fut ensuite emmené par la police allemande. Les conditions précises de son décès restent incertaines. A quel moment trouva-t-il la mort ? Où exactement ? Fut-il achevé ou mourut-il des suites de ses blessures ? Il n’existe aucun acte de décès au nom de Baptiste Tedeschi ou de Rémy Millet dans les registres d’état civil de la ville de Lyon de 1944. L’acte de décès 921 établit à Lyon VIIe pourrait éventuellement être une piste : le 4 août 1944 a été constaté rive gauche du Rhône à 200 mètres en aval du Pont Pasteur, le décès semblant remonter à plusieurs jours d’un inconnu du sexe masculin paraissant âgé de trente à quarante ans. Reste à chercher dans le fichier de l’institut médico-légal de Lyon, la fiche correspondante. Mais si cette fiche existe, il n’est pas certain qu’elle permette de déterminer quoique ce soit.
L’acte de décès de Baptiste Tedeschi fut dressé le 16 janvier 1947 par l’officier d’état civil du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre et fut transcrit le 24 février 1947 sur le registre d’état civil du septième arrondissement de Lyon : « L’an mil neuf cent quarante quatre, le vingt quatre juillet est décédé Mort pour la France à Lyon, Baptiste Pierre François Tedeschi sous-lieutenant aux Forces Françaises de l’Intérieur […] ».
Son nom apparaît sur la plaque commémorative Bronzavia, 40 rue Maryse Bastié (Lyon, VIIIe arr.), sur le mur de l’école maternelle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210932, notice TEDESCHI Baptiste, Pierre, François [pseudonyme dans la Résistance : Rémy] par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 23 janvier 2019, dernière modification le 19 août 2019.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 31J1F39, 6M678, 6M727, 6M584, 1RP3079, 3335W22, 3335W18, 45W50, 6M1160.— Arch. Mun. Lyon, acte de mariage et acte de décès de Baptiste Tedeschi.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P.— CHRD, Lyon, ar. 1167.— Paul Garcin, Interdit par la censure, 1942-1944, 1944.— Mémorial Genweb.— Mémoire des hommes.— État civil.

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