CRESPY Michel

Par Olivier Dedieu

Né le 5 juin 1946 à Lassalle (Gard) ; maître de conférences en sociologie de l’Université Montpellier III, romancier, militant de la Convention des institutions républicaines puis du Parti socialiste.

Fils de Georges Crespy, pasteur, ancien résistant, professeur à la faculté de théologie de Montpellier et d’Aline Chave, psychanalyste, militante socialiste, Michel Crespy naquit dans une famille ancrée à gauche. Son père était un homme de gauche reconnu sur la ville, promoteur du Forum de Montpellier dès 1957 et membre du comité de vigilance antifasciste en 1958. Michel Crespy suivit la même voie dès son jeune âge en intégrant le comité antifasciste des lycéens. À dix-neuf ans, avec quelques amis issus des jeunesses socialistes et communistes, ils fondèrent un comité des jeunes pour défendre la candidature de François Mitterrand pour unifier la gauche. N’étant pas encarté, Michel Crespy fut choisi pour en assurer la présidence. Après la campagne présidentielle, il entra en relation, en 1967, avec Jean-Pierre Canonge*, ami de ses parents, qui cherchait à créer la convention des institutions républicaines dans le département. Alors étudiant en lettres, il adhéra à la convention, groupe constitué d’une quinzaine de personnes sur Montpellier. Lorsque survinrent les événements de Mai 1968, il n’était pas impliqué dans le syndicalisme étudiant. Il n’en fut pas moins élu au conseil d’administration de l’université suite à l’élection des représentants des sections décidée par le président de l’université. Sur le campus, il fut parallèlement le responsable local du club « Démocratie et université » puis fut membre du comité départemental de la convention.
En 1969, la convention avait noué des contacts étroits avec une partie des jeunes et de la gauche de la section de Montpellier. Lors du congrès fédéral préparatoire au congrès d’Alfortville, la convention fusionna localement avec le nouveau Parti socialiste. Malgré l’échec national de la fusion, les conventionnels de Montpellier décidèrent de rester dans le Parti socialiste, d’autant plus que Michel Crespy était devenu, avec le soutien d’une partie des socialistes, secrétaire de la section de Montpellier, poste qu’il garda jusqu’en 1970. La même année, il intégra la commission exécutive fédérale.
Un an plus tard, lors du congrès d’Epinay, Michel Crespy défendit la motion du CERES, mais ne resta que quelques années dans ce courant avant de revenir dans la ligne mitterrandiste. Dès cette période, il intégra le secrétariat fédéral. Devenu assistant à l’université, il assista à l’ascension politique de Georges Frêche. Lors des débats pour l’investiture pour les municipales de 1977, il milita pour limiter l’emprise de Georges Frêche dans la composition de la liste. Ceci étant, il participa activement à la campagne de ce dernier qui avait pris sa mère sur sa liste. Ce n’est qu’après 1979 qu’il prit très nettement ses distances avec le nouveau maire de Montpellier. Ce dernier avait en effet rallié la motion Mauroy lors du congrès de Metz. Par ailleurs, la même année, un conflit déchira la majorité municipale, une partie des adjoints, dont sa mère, adoptèrent une position de défiance sur les conditions de fonctionnement de la municipalité et se virent retirer leurs délégations. Resté mitterrandiste, Michel Crespy, membre du secrétariat fédéral, fut l’un des animateurs du courant mitterrandiste sur la ville. À ce titre, il prit en charge l’organisation de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1981 dans le département. La même année, il tenta d’obtenir l’investiture pour les élections législatives, mais fut battu par Georges Frêche. Proche de Gérard Delfau et de Gérard Saumade, deux anciens conventionnels, il garda, dans les années 1980, ses fonctions fédérales. Devenu maître de conférence, il fut par la suite directeur de cabinet de Gérard Saumade, président du conseil général de l’Hérault après avoir été directeur de sa campagne lors des élections législatives de 1988. Présenté comme le bras droit de ce dernier, il le réconcilia avec Gérard Delfau qui obtint le soutien du département lors de ses réélections de 1989 et 1998. Lors du congrès de Rennes, il fut l’un des cadres du courant Fabius qui dénoncèrent les résultats des votes fédéraux entachés par les « fausses cartes » qui donnèrent aux jospinistes, menés par Georges Frêche, le contrôle de la fédération. C’est à partir de cette période qu’il quitta le PS. En 1993, il fut de nouveau responsable de la campagne de Gérard Saumade lors des élections législatives de 1993 contre le candidat officiel du PS, Georges Frêche. Il resta directeur de cabinet de Gérard Saumade jusqu’en 1998 et se retira par la suite de la vie politique. Il resta, jusqu’à ce jour, chroniqueur de la Gazette de Montpellier et romancier. Il a écrit : Le printemps du bateleur, Paris, Fayard, 1976, La destruction de Bellegarde, Paris, Fayard, 1977, Les voyages de l’épicier, Paris, Fayard, 1978, La princesse sans mémoire, Paris, Calmann-Levy, 1981, Roman d’amour, Paris, Calmann-Levy, 1984, Chasseurs de têtes, Paris, Denoël, 2000 (Grand prix de littérature policière 2001), L’affaire Léopold, Paris, Denoël, 2007

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21094, notice CRESPY Michel par Olivier Dedieu, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 février 2018.

Par Olivier Dedieu

SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 794 W 18, 676 W 131. — Arch. fondation Jean Jaurès, Archives Hérault. — Olivier Dedieu, « La campagne des notables : luttes et pouvoirs dans la fédération socialiste de l’Hérault », Pôle Sud, 1995, n° 2, p. 101-120. — Entretien avec l’auteur ; entretiens Adolphe Benamour, Jean-Pierre Canonge, Gérard Delfau, Yannick Lemasson.

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