MANDELBAUM Samuel [Pseudonyme : RONDEAU Jean]

Par Daniel Grason

Né le 26 octobre 1923 à Grybów région de Petite-Pologne (Pologne), mort en 1988 ; artiste peintre ; résistant ; membre de la IVe Internationale ; déporté à Auschwitz (Pologne) ; victime de l’antisémitisme.

Samuel Mandelbaum
Samuel Mandelbaum

Fils de Ephrim et de Régine, Samuel Mandelbaum obtint à l’issue de sa scolarité le brevet élémentaire. Pendant l’exode en 1940 a été interpellé. Jugé il a été condamné à huit jours de prison avec sursis pour pillage par le Tribunal d’Albi (Tarn). Venu à Paris, il se fit recenser en tant que Juif conformément à la loi du 2 juin 1941 promulguée par Vichy. Il vivait 16 bis rue Bardinet à Paris (XIVe arr.), il fut arrêté le 9 mars 1944 à 8 heures à son domicile par des policiers du quartier d’Auteuil (XVIe arr.).
À son domicile, les policiers saisissaient : un loup de toile bleu, deux plans de localités avec des indications concernant des commerces à cambrioler ainsi que des tracts de l’organisation trotskystes. Les policiers concluaient que Samuel Mandelbaum formait avec Henri Goldsmidt, Yvon Andrietti et Henri Labourel un groupe spécial de la IVème Internationale qui était chargé par des attaques à main armée d’alimenter les caisses de l’organisation.
Incarcéré, il a été de nouveau interrogé le 5 mars 1944 dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police. Artiste peintre, il déclara qu’il vivait de son travail gagnant 1500 francs par mois.
Avec Henri Goldsmidt, Yvon Andrietti et Henri Labourel, Samuel Mandelbaum formait un groupe spécial chargé de braquage pour procurer des subsides à l’organisation. Une opération fut programmée au 1 rue de Bassano à Paris XVIe arrondissement où habitait une riche comtesse. Samuel Mandelbaum et Henri Labourel devaient assurer la protection aux abords de l’immeuble. Un gardien de la paix était aux abords, un car de police stationnait dans la rue. Les quatre hommes estimèrent plus prudent d’abandonner le braquage. Samuel rendit son arme à Andrietti.
Questionné sur les revenus qu’il toucha, il répondit : « tout ce dont j’ai bénéficié de l’organisation n’est qu’une carte d’identité, sans indication d’état civil, mais supportant de faux cachets, que j’ai reçu de Chrétien. »
Il concluait ainsi : « En définitive, bien que j’ai su que tout le bénéfice de ces actions armées était destiné aux caisses de la IVe Internationale, en partie en faveur de soi-disant réfractaires, j’ai accepté de m’allier au groupe d’individus indiqués par ailleurs plus par profit personnel que par idéologie politique. »
« Je n’ai rien d’autre à dire. »
Samuel Mandelbaum a été inculpé d’infraction au décret du 24 juin 1939 qui concernait « la répression de la distribution et de la circulation des tracts de provenance étrangère », infraction à la loi du 27 octobre 1940 instituant « la carte d’identité de français », à celle du 5 juin 1943 qui réprimait « les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives. »
Samuel Mandelbaum a été emprisonné, puis interné le 15 mai 1944 au camp de Drancy sous le matricule 22026, il déposa 140 francs à l’administration du camp(reçu n°4W284 carnet de fouilles n° 134).
Le 20 mai 1944 Samuel Mandelbaum était dans le convoi n° 74 de 1200 femmes et hommes à destination d’Auschwitz, 904 furent gazés dès l’arrivée, 188 hommes et 108 femmes sélectionnés connurent la même destinée. Le 27 janvier 1945, les troupes Soviétiques libérèrent le camp, 157 déportés étaient vivants dont 108 femmes.
Samuel Mandelbaum fut l’un de ceux qui survécut aux épreuves, il mourut en 1988.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210954, notice MANDELBAUM Samuel [Pseudonyme : RONDEAU Jean] par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 mars 2019, dernière modification le 14 mars 2019.

Par Daniel Grason

Samuel Mandelbaum
Samuel Mandelbaum

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 321-84544 (transmis par Gilles Morin), rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1944, 77 W 1831-263917, GA 1, GB 85. – Dossier non communicable, information trop récente datant de 1974 : 77 W 1831-263917. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 159

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