KARGEMAN Perla, dite Pauline [alias HONORAT Paule]

Par Daniel Grason

Née le 8 septembre 1925 à Paris (IVe arr.), morte le 29 juin 2021 à Bloomington (Indiana, USA) ; secrétaire ; résistante ; déportée à Auschwitz (Pologne) ; sympathisante trotskyste ; victime de l’antisémitisme.

Perla Kargeman
Perla Kargeman

Fille de Jankiel, chapelier et d’Estera née Cizinska, Perla Kargeman naquit 2 rue d’Arcole à Paris (IVe arr.). La famille vivait 8, rue des Coutures Saint-Gervais à Paris (IIIe arr.). En 1944, elle était domiciliée légalement chez sa mère 21, rue Robert à Paris (XVIIIe arr.), mais de fait elle vivait dans le XIVe arrondissement au 16 bis, rue Bardinet, chez son ami Samuel Mandelbaum. Elle effectuait des travaux de dactylographie de stencils, diffusait et distribuait des tracts par la voie postale.

Elle y fut arrêtée le 9 mars 1944 à 20 heures par des policiers du quartier d’Auteuil (XVIe arr.). Au cours de son interrogatoire, elle reconnue avoir participé à l’activité clandestine, elle détenait une carte d’identité au nom de Paule Honorat, et portait sur elle un tract de l’organisation trotskyste.

Interrogée le 28 mars 1944, elle affirma : « Avant la présente affaire, je n’ai jamais été en contact avec des membres communistes ou trotskystes. » En janvier, elle fit la connaissance chez Samuel Mandelbaum d’un nommé « Cardon ». Celui-ci lui confia qu’il était membre d’une organisation trotskyste, il lui demanda si elle pouvait aider l’organisation. Elle accepta.

Sur ses instructions, elle se rendit dans différents lieux pour y réceptionner des exemplaires de La Vérité, journal édité par le Parti communiste internationaliste. Elle transportait les journaux au domicile de Mandelbaum et les conditionnait en paquet de cent exemplaires. Au jour et lieu fixés, elle remettait des paquets à « Cardon ». Elle précisa aux policiers « Je n’ai jamais touché d’indemnité. »

Sur les instructions de « Cardon », elle expédia à deux reprises, par la voie postale des tracts à monsieur Kervanac, en poste restante à Rosporden dans le Finistère, en Bretagne.

Les policiers lui demandèrent la provenance de sa carte d’identité au nom de Paule Honorat, née le 8 septembre 1926. Elle répondit :« Les cachets et ma photographie y ont été apposés par l’organisation. Cette délivrance m’a été faite gratuitement. »

Elle assuma son engagement ainsi : « En définitive, je suis sympathisante des théories trotskystes, j’ai participé à la propagande de ce mouvement auquel j’aurais adhéré ultérieurement. »

Les policiers lui demandèrent si elle connaissait l’activité de Mandelbaum, surtout sa participation aux « coups de main armés ». Ils étaient persuadés que Perla Kargeman n’en ignorait rien. Elle éluda, affirma qu’elle avait « toujours ignoré l’activité spéciale de Mandelbaum. »

Elle a été inculpée d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 pour « propagande communiste », et infraction à la loi du 27 octobre 1940 qui instituait une « carte d’identité de Français. »

Internée au camp de Drancy, Paulette Kargeman déposa cinq francs à l’administration du camp. Elle était le 31 juillet 1944 dans le convoi n° 77 à destination d’Auschwitz. Mille trois cents femmes, hommes et enfants étaient dans ce transport, 726 furent gazés dès l’arrivée, 291 hommes et 283 femmes ont été sélectionnés, et connurent le même sort. Le 27 janvier 1945, l’armée Soviétique libérait Auschwitz. De ce convoi, 68 hommes et 141 femmes étaient vivants. Perla Kargeman était parmi les survivantes.

Perla Kargeman émigra aux États-Unis dans les années 1950, elle épousa le 5 août 1950 en mairie de New York Nicolas Spoulber, dit Marcoux pendant l’Occupation, décédé en 2004. En 2019, elle résidait toujours aux États-Unis, dans l’Indiana.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article210999, notice KARGEMAN Perla, dite Pauline [alias HONORAT Paule] par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 mars 2019, dernière modification le 26 août 2021.

Par Daniel Grason

Perla Kargeman
Perla Kargeman

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 321-84544 dossier Yvon Andrietti (transmis par Gilles Morin), Rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1944, 77 W 801-263900, GA 1, GB 85. – Bureau Résistance (pas de dossier). – État civil Paris (IVe arr.) acte n° 1874. – Site internet CDJC.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 155

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