NICOL René, Henri

Par Robert Mencherini

Né le 18 avril 1901 à Rennes (Ille-et-Vilaine), fusillé le 19 août 1944 au lieu-dit Le Petit Prignon, commune de Saint-Jean-Jaumegarde (Bouches-du-Rhône) ; régisseur du château de Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), directeur d’exploitation forestière ; FFI, résistant MUR-MLN, Corps francs de la Libération (CFL).

Rue Nicol à Vauvenargues
Rue Nicol à Vauvenargues
Cliché Robert Mencherini

René Nicol vit le jour dans une modeste famille bretonne, originaire de Châteaubriant (Loire inférieure, Loire atlantique), installée depuis peu à Rennes. En mars 1896, son père, Jean Marie René Nicol, s’était engagé dans l’armée pour trois ans, engagement qu’il effectua comme canonnier ouvrier à la huitième Compagnie d’ouvriers d’artillerie. Libéré de ses obligations le 12 mars 1899, muni d’un certificat de bonne conduite, il épousa le 20 avril 1899, Constance Marie Bodin. Lors de la naissance de René, il travaillait comme laveur de chaudière aux chemins de fer de la Compagnie de l’Ouest, et son épouse était cuisinière. Le couple avait déjà un autre fils, Jean Marie Louis Constant, né à Châteaubriant, le 28 décembre 1899.
Peu de temps après, la famille quitta la Bretagne pour Levallois-Perret (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine). C’est dans cette ville que René Nicol fut scolarisé, à partir de 1907, à l’école laïque de garçons de la rue Gravel.
La Première Guerre mondiale bouleversa la vie familiale. Le père de René Nicol, rappelé, fut toutefois maintenu dans son emploi à la section des chemins de fer de campagne, réseau de l’État. Son frère s’engagea dans la Marine, le 14 mai 1917, pour la durée de la guerre. Cette période fut, pour le jeune René, celle des deuils. Il perdit sa mère, décédée le 2 août 1915 à l’hôpital Beaujon, 208, rue du Faubourg Saint-Honoré (Paris, VIIIe arr.). Son frère périt en mer, le 3 août 1918, lors du naufrage du vapeur Le Cambrai, torpillé par un sous-marin allemand, au large de Flamborough, à proximité des côtes britanniques. Son père, qui survécut au grand conflit, décéda peu après, le 8 septembre 1919.
De 1921 à 1923, René Nicol remplit les obligations militaires définies par la loi du 21 mars 1905 (service de deux ans). Incorporé à partir du 8 avril 1921 au 2e Bataillon du génie, il participa à Trèves (Allemagne), à l’occupation de la Rhénanie. Renvoyé dans ses foyers le 5 mai 1923, il épousa, le 22 novembre 1924, à Clichy-la-Garenne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine), Yvonne Marie Augis. Le couple habita Clichy, puis Bois-Colombes et Genevilliers (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine) et eut un fils, Jacques Marcel, né le 6 octobre 1932. René Nicol travaillait alors comme électricien aux chemins de fer de la Compagnie de l’État aux Batignolles et son épouse était couturière. Mais les problèmes de santé de René Nicol amenèrent la famille à déménager en Bretagne. Elle s’installa dans la petite ville de Plouigneau (Finistère) où René Nicol exerça comme électricien.
En juin 1940, la Bretagne fut occupée par les troupes allemandes. On ne sait à quel moment la famille Nicol rejoignit la Provence, lors de l’exode de mai-juin ou postérieurement. En 1943, elle s’installa au château de Vauvenargues (à une quinzaine de kilomètres d’Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône) qui appartenait, à ce moment-là, à un industriel marseillais ami de la famille, Charles Sansonetti. René Nicol devint régisseur du domaine qui comptait de vastes étendues boisées. De fait, sa fonction de directeur d’exploitation forestière lui permit de jouer un grand rôle dans l’organisation de l’Armée secrète et des Corps francs de la Libération (AS-CFL) à Vauvenargues et dans ses environs. Il fut en contact étroit avec l’encadrement de la 28e compagnie malgache, dépendant du Groupement des militaires indigènes coloniaux rapatriables (GMICR n°6 basé à la caserne Forbin d’Aix) dont les hommes participaient aux coupes de bois. La ferme de Guerre proche où, pendant un temps fut implantée une section disciplinaire du GMICR n°6, servit de centre et de dépôt de matériel de l’Armée secrète, dont Pierre Guindon, résistant aixois, était responsable. René Nicol participa activement à la création des maquis du secteur, et, en particulier, en août 1944, à la formation du maquis CFL établi au pied du versant nord de la Sainte-Victoire et dirigé par Jean Juvénal, Janville .
Arrêté par une patrouille allemande, le 19 août 1944, alors qu’il circulait en moto lors d’une mission, avec son camarade Raymond Caillot*, sur la route D10 qui relie Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) à Vauvenargues, il fut trouvé porteur d’une arme. Les deux hommes furent immédiatement fusillés au lieu-dit le Petit Prignon.
René Nicol fut inhumé au cimetière de Vauvenargues. Il fut homologué lieutenant FFI à titre posthume, obtint le titre d’ « Interné résistant », la mention « Mort pour la France » et fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur le 17 avril 1962. Son nom a été donné à une rue du village qui conduit au château et une stèle fut érigée, près de l’endroit où il fut fusillé avec René Caillot. Celle-ci, inaugurée le 19 août 1945, en présence des autorités des représentants de la Résistance et de Janville portait l’inscription « Ici René Nicol et Georges Caillot, patriotes, ont été par le germain fusillés le 19 août 1944, sans jugement ».



Vauvenargues, Saint-Marc-Jaumegarde (Bouches-du-Rhône), juin-août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article211105, notice NICOL René, Henri par Robert Mencherini, version mise en ligne le 8 février 2019, dernière modification le 13 février 2019.

Par Robert Mencherini

Rue Nicol à Vauvenargues
Rue Nicol à Vauvenargues
Cliché Robert Mencherini
Plaque de la rue Nicol à Vauvenargues
Plaque de la rue Nicol à Vauvenargues
Cliché Robert Mencherini
Lieu-dit Petit-Prignon, où ont été fusillés Raymond Caillet et René Nicol, vue d'ensemble
Lieu-dit Petit-Prignon, où ont été fusillés Raymond Caillet et René Nicol, vue d’ensemble
Cliché Robert Mencherini
Lieu-dit Petit-Prignon, la stèle
Lieu-dit Petit-Prignon, la stèle
Cliché Robert Mencherini
René Nicol
René Nicol
Archives Bruno Nicol

SOURCES : AVCC Caen 21P 604961, 21P 266594. — Arch. nat. 72 AJ 104, A IV 21, notes sur le maquis de Vauvenargues, par Jean Juvenal, dit Janville , chef départemental des BdR, secteur rural de l’AS et des CFL, communiqué par F. Bourgin, 72 AJ 104, A IV, 30 7 , document communiqué par M. Malacrida. Rapport des opérations effectuées par le maquis de Vauvenargues du 17 au 21 août 1944. — « Hommage à la mémoire de René Nicol et Georges Caillot », La Provence libérée , samedi 1er septembre 1945. Claverie Jean-Maurice, La Résistance, notre combat, Histoire des FTPF du pays d’Aix , Beaurecueil, Ed Au seuil de la vie, 1991. — Courriers et documents de Bruno Nicol (petit-fils du résistant) dont une « Vie de René Nicol (1901-1944) » par Arthur Nicol (arrière-petit-fils du résistant). – État civil et livrets matricules.

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