Par Audrey Galicy
Le 25 août 1944, quatre fosses, dans lesquelles se trouvaient 47 cadavres d’hommes, furent découvertes au champ de tir du Pont-Long. Après enquête, on découvrit que ces fosses renfermaient les corps de FFI abattus par les Allemands après les combats de Portet et de Monein (Basses-Pyrénées) en juillet et août 1944.
Le Pont-Long (« Paloun Loung » grand marécage) est un vaste plateau de 20 km de longueur et 5 km de largeur, situé au Nord de Pau. Au début du XX°, les frères Wright y établirent leur école d’aviation. L’armée française comprit rapidement l’intérêt de former ses pilotes et fit construire au Pont-Long, un des premiers hangars militaires consacrés à l’aviation. Jusqu’en 1940, la base du Pont-Long abrita le 36ème groupe de reconnaissance.
Puis les Allemands prirent possession des terrains du camp d’aviation de Pont Long et utilisèrent les infrastructures présentes pour implanter une école pour les pilotes de la Luftwaffe.
Le champ de tir de la base aérienne du Pont-long fut un lieu d’exécutions durant l’été 1944.
Lieu d’exécution
6 juillet 1944
Le 3 juillet 1944, tôt le matin, un important détachement de 1200 allemands encercla Portet, village dans lequel se trouvait un groupe d’environ 200 maquisards de la Brigade Carnot du Corps Franc Pommiès, dont le commandant était Jean de Milleret, chef FFI des Landes. Le combat fut particulièrement violent et dura 8 heures. 20 hommes furent tués lors du combat et 38 autres furent capturés, transportés, enfermés et torturés dans les prisons de la caserne Bernadotte à Pau. Le 6 juillet, le commandant allemand prit la décision d’exécuter les prisonniers. Emmenés au champ de tir du Pont-Long, au nord de Pau, ils furent massacrés à la mitraillette et leurs corps jetés dans les fosses. D’après les constatations du médecin légiste, certains eurent les bras cassés ou retournés, d’autres furent ensevelis vivants. Des miliciens ont participé indirectement au massacre. Arrivés après l’exécution, ils (une vingtaine) auraient "enterrés" les corps dans les fosses. "ils sont restés au champ de tir jusqu’à 19h00 environ et ont rejoint leur camion en riant et en chantant", selon un témoin.
Liste des 38 victimes :
BOURDIEU André, Paul
BRÉJASSOU Marcel, Henri
BRETONNEL Léon, Jean
CASTARRÈDE Joseph
CLAVÉ Marcel
CRISTELE Attilio
DABADIE Joseph, Gabriel, Samuel
DARENNE Maurice
DELOI Roland, Yves
DIEZ-ALCADE Porfidio
DUPOUY André
DUPRAT Jean
DURAND Georges, Marcel
ESCOUBET André
FAUTOUS Casimir
GARANT Jacques
GARDESSE Georges
GASPARI Marcello
GRANDRÉMY Jacques G
HÉNOCQUE Jean, Ferdinand, Étienne
HOFLER Domenico
LABAT Charles Labat
LABORDE-TURON Léon, jean
LAFFARGUE Gabriel
LAFFITE Jules, Maurice
LANGLADE Marcel, Justin
LASTECOUÈRES Joseph
LE BRETON Henri
LEHMANN Charles, Alix
MAMOUSSE Jean
MATHIE Jean, Hilaire, Charles
MEJANEL Raoul, Clément, Jean, Jules
MIRO André, Georges, Aimé
MISSOTTE Marcel
MOUGNÈRES Marc, Jean
PHESANS Georges, Marius, Octave
RAYMOND Guy, Jean
RUHLMANN Marcel
SIZAURY Jacques
WANNER Désiré, Raymond
7 juillet 1944
Le vendredi 7 juillet 1944, six maquisards appartenant à l’Etat-Major du Bataillon Carrère (Corps Franc Pommiès) trouvèrent la mort à Monein lors d’un accrochage avec les Allemands. Les corps des résistants, furent ramenés au champ de tir du Pont-Long et jetés dans une fosse.
Les six victimes
COURSIN André
DURET René
HOURUGOU Léonce
LESSEVAINE Henri
POLTO Laurent
RICHARD Roger
Le 15 juillet, les Allemands fusillèrent au Pont-Long, le chasseur Roger SAINT-LAURENS qui fut capturé lors du combat de Bruges du 9 juillet 1944.
En août 1944, alors qu’il surveillait un garage dépôt allemand, rue de Liège à Pau, Jacques BILLORET de la compagnie Peillon, Bataillon Vernet, fut appréhendé par une patrouille allemande. Violemment interrogé, il fut par la suite exécuté puis à demi enterré au Pont-Long.
Lieu de mémoire
A la Libération, des prisonniers allemands et des miliciens ont exhumé et nettoyé les corps, une fois les fosses découvertes.
Dans les années 50, à l’initiative de l’Amicale du maquis « Le Béarn », une stèle fut érigée dans l’enclos militaire du champ de tir. Celle-ci rappelle le souvenir de ces hommes exécutés sommairement par les Allemands : Hommage indéfectible aux 57 patriotes résistants fusillés ici par les allemands 1944 – À la mémoire de nos compagnons d’arme. Les anciens du corps francs Pommiès. Une lettre du Commissaire de la sûreté du 28 août 1944 fait état de l’exhumation de 47 corps et non de 57.
Chaque année, depuis la Libération, les cérémonies officielles du 6 juin 1944 se déroulent au champ de tir du Pont-Long.
Par Audrey Galicy
SOURCES : CERONI, Marcel Corps Franc Pommiès. Tome 2 ; La lutte ouverte, Amicale du Corps Franc Pommiès, 2007, 579 p. — POULLENOT, Louis, Basses-Pyrénées, Occupation, Libération 1940-1945, Atlantica, 2008, 320 p. — MémorialGenWeb. — « Hommage aux fusillés du champ de tir de Pau », in La IVe République, 1950.