CRON Albert, Charles, Benjamin

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 23 avril 1893 à Châtellerault (Vienne), mort le 18 mars 1971 à Paris (VIe arr.) ; professeur ; militant syndicaliste du SPES puis du SNES ; militant mutualiste de la MGEN ; adjoint au maire socialiste de Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne).

Fils d’Albert Cron, armurier, et de Léonide, Rose Thouret, Albert Cron fut élève au collège de sa ville natale et fut reçu au baccalauréat (sciences, langues, mathématiques) en 1911. Il poursuivit ensuite ses études supérieures à la Faculté des Sciences de Poitiers où il obtint des certificats de licence (chimie générale en 1913, mathématiques générales en 1914, physique générale en 1920) et un diplôme d’études supérieures de physique (1922).

Dans le même temps, il travailla comme répétiteur stagiaire aux collèges de Fontenay-le-Comte (Vendée), d’octobre 1911 à janvier 1912), de Saintes (Charente-Inférieure) en janvier-mars 1912, de Civray (Vienne) de mars à décembre 1912, puis comme titulaire dans ce collège, de décembre 1912 à février 1915.

Il effectua son service militaire dans les services auxiliaires de l’Infanterie à Châtellerault comme dessinateur à la Manufacture d’armes (février 1915-août 1919). Il retrouva son poste de répétiteur à Civray puis fut affecté au collège de Châtellerault (octobre 1919-septembre 1922). Pendant cette période, il fut un des dirigeants du syndicat des répétiteurs qui adhéra à la CGT en 1919 et fut le directeur du Petit Chose, organe du syndicat. La presse de droite l’attaqua à plusieurs reprises au début des années 1920. À la suite d’un article du Figaro, le 20 octobre 1920, « Les syndicats de répétiteurs de collège ne se dissoudront pas », il invita ses camarades à répondre « à la violence du gouvernement par la lutte », « Nous ne pouvons pas obéir aveuglément à des dirigeants qui, non seulement n’ont rien fait pour enrayer le coût de la vie, mais encore, au lieu de punir les mercantis, ont mis les militants socialistes et syndicalistes en prison sous le fallacieux prétexte qu’ils voulaient attenter à la sûreté intérieure de l’État ». Cet article le desservit pendant quelques années, bien que dans son rapport de 1921, le recteur eût noté : « il s’est montré assez mauvais esprit, mais il s’assagit ». Pourtant en 1927, il présidait encore l’amicale des répétiteurs.

Albert Cron travailla pendant deux années dans un laboratoire de chimie de la Faculté des Sciences de Paris. Auditeur libre à l’École normale supérieure (1923-1924), il se présenta, sans succès, à l’agrégation. Il enseignait comme professeur adjoint au lycée Montaigne à Paris d’octobre 1922 à septembre 1926, et fut le secrétaire du censeur pendant quatre ans, faisant parfois fonction de surveillant général.

Muté au lycée Voltaire en octobre 1926, il surveilla d’abord les études des élèves préparant les Arts et Métiers, puis devint préparateur de physique-chimie à partir de 1929. Devenu professeur licencié, il fut muté au collège Lavoisier en septembre 1954, où il prit sa retraite en 1958 comme professeur certifié.

Marié le 11 août 1925 à Paris (XIe arr.) avec Henriette Chassa, il divorça en 1927, et se remaria le 14 novembre 1940 à Paris (XIe arr.) avec une modiste, Ernestine, Blanche About.

Albert Cron fut membre de la commission exécutive constitutive du Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la Fédération générale de l’enseignement CGT, en décembre 1937, et le demeura jusqu’à la dissolution du syndicat en 1940. Pendant la guerre, affecté spécial du lycée Voltaire, le 5 juin 1941, il demanda dans une lettre au secrétaire d’État d’autoriser les préparateurs à adhérer au groupement professionnel des professeurs et non à celui des professeurs-adjoints puisque le statut de février 1926 prévoyait leur assimilation aux professeurs. Une réponse négative fut donnée peu après. Il prononça en 1942 des conférences sur des sujets scientifiques, s’occupa des œuvres d’entraide et de secours mutuels des fonctionnaires du lycée.

Albert Cron participa aux actions du Front national universitaire puis à la création du Syndicat national de l’enseignement secondaire à la Libération, dont il fit partie de la première commission exécutive en 1945. Il y fut réélu jusqu’en 1948 et siégea au bureau national de 1946 à 1948. Il se prononça en faveur du passage à la CGT-FO en février 1948, et fut élu à la CE sur la liste C présentée par les partisans de cette adhésion en mars.

Déjà spécialiste des questions mutualistes avant la guerre dans le SPES, Albert Cron poursuivit cette responsabilité après la Libération. Responsable de la Mutualité accidents élèves et de l’Union mutualiste universitaire, il fut secrétaire de la commission Sécurité sociale du SNES à partir de la rentrée 1946 et membre de la commission de la Sécurité sociale de la Fédération de l’Éducation nationale. Défenseur du projet présenté par Marcel Rivière, qui conduisit à la création de la Mutuelle générale de l’éducation nationale, il appela en 1947 dans L’Université syndicaliste à répondre non au référendum organisé pour le maintien aux mutuelles antérieures. Il participa à la création de la section du département de la Seine de la MGEN, en 1947. Administrateur national de 1946 à 1963, il fut le trésorier adjoint de 1948 à 1955 puis le vice-président de 1955 à 1961 et à ce titre responsable du service orphelinat et solidarité. Il présida aussi l’Union solidariste universitaire et l’Autonome de la Seine.

Après avoir habité dans le XIe arrondissement jusqu’en 1951, Albert Cron s’installa au Kremlin-Bicêtre. Socialiste SFIO, il fut premier maire adjoint du Kremlin-Bicêtre. Une cérémonie eut lieu le 20 mars 1971 à la mairie à l’occasion de ses obsèques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21128, notice CRON Albert, Charles, Benjamin par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 13 janvier 2022.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17/26976. — Arch. Dép. Vienne, état civil, registres matricules. — Documentation MGEN (André Lainé et René Crozet). — Arch. IRHSES, dont congrès, CA, L’Université syndicaliste, L’Enseignement public. — Article de Philippe Rabier dans L’Université syndicaliste du 31 mars 1971.

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