LÉCOLE Camille, Lucien

Par André Lécole et Jean-Paul Nicolas

Né le 6 mars 1920 à Imphy (Nièvre), mort le 21 octobre 2002 à Nevers ; mécanicien régleur ; résistant FTP dans la Nièvre ; déporté politique ; syndicaliste CGT à la raffinerie Esso de Port-Jérôme Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime).

Camille Lécole en 1938
Camille Lécole en 1938

Fils de Louis Lécole artisan charpentier, (Place de l’Eglise à Imphy près de Nevers), et de Rosalie Quoilin ouvrière et mère au foyer, Camille reçut une formation d’ajusteur à l’école professionnelle de Nevers. A sa sortie en 1935, il travailla aux aciéries d’Imphy Schneider Aciers Spéciaux. Puis chez Thomson Houston à Nevers à partir du 6 mai 1940. C’est là qu’il rencontra son ami Jean Roche dit Jeannot qui plus tard partagera avec lui sa période de déportation. Mobilisé le 2 juin 1940 il est démobilisé le 22 août 1940. Afin d’achever son temps d’obligation militaire lié à la classe 1940 qui était la sienne, il intégra par force un de ces tous nouveaux chantiers de jeunesse de Vichy situé dans la forêt de Tronçais dans la partie de l’Allier "non occupée". A signaler que son département d’origine, la Nièvre, était, à la différence de l’Allier voisin, entièrement occupé dés l’armistice de 1940. Dans cette forêt, pendant six mois il déclarait avoir planté des chênes et avoir fabriqué du charbon de bois comme carbonisateur. Il est possible qu’il y ait noué des contacts avec ses futurs camarades de résistance. Il est plus probable qu’il fut amené au combat par Paul Surieu, ouvrier aux ateliers SNCF de Vauzelles, qui devint son beau-frère en 1940 en épousant Paulette Lécole, la sœur de Camille. C’est ainsi que Camille, eut dès 1940 des contacts avec CGT et PCF. Dès juillet 1940, ainsi qu’il est démontré dans la thèse de Jean Claude Martinet, les organisations clandestines du Parti Communiste se mettent en place dans la région de Nevers, des contacts sont pris, des tracts distribués. Dix sept communistes sont arrêtés en novembre-décembre 1940, douze en janvier-février 1941. On retrouve la trace de Camille Lécole en fin 1942 quand il est engagé dans un groupe de sabotage. Il semble donc que, dans la période qui précède, il soit, sinon entré dans l’illégalité, du moins qu’il se soit dissimulé à l’ autorité, avide d’envoyer travailler outre Rhin les jeunes ouvriers qualifiés. En effet on n’a aucune trace d’embauche dans cette période couvrant 1941et 42. En 1942, il fait partie de l’équipe « sabotage fer » avec André Chartier, André Piaut, Jean Simon, Justin Marquereau, Paul Surieu. Pendant l’hiver 1942-1943, cette équipe a signé la presque totalité des sabotages et attentats de la période novembre 1942 à mars 1943. Camille Lécole a été arrêté à Imphy, chez ses parents le 15 février 1943, peu avant la grande vague d’arrestations qui va opérer des coupes sombres dans les rangs FTP.
Interné successivement à Nevers, Bourges et Blois, il est transféré à Compiègne en avril 1944. Il part de Compiègne le 24 avril 1944 (même convoi que Robert Desnos). Il arrive le 30 avril 1944 au KL Auschwitz Birkenau où il est matriculé 185881. Il est ensuite transféré le 17 mai à Buchenwald (matricule 4058101767) où il est affecté à un Kommando industriel (Dora) pour assemblage des fusées V1 et V2. Il est ensuite envoyé en septembre 1944 dans le camp de Mauthausen, Kommando Martha où il retrouve Marcel Barbu, Marcel Le Moing, Georges Bador, tous ouvriers outilleurs qualifiés. Ils travaillent douze heures par jour à l’usine d’aviation Junker pour exécuter des outillages servant à la fabrication d’avions ou de fusées V2. Marcel Le Moing témoignait ainsi : « Nous avions l’expérience du sabotage et beaucoup d’outillages n’ont jamais servi ». Mais c’était très risqué. Les conditions matérielles y étaient affreuses. Camille Lécole pesait 38 Kg à la libération du camp par l’armée américaine le 6 mai 1945 et il lui faudra deux ans pour s’en remettre.C’est pendant cette période qu’il rencontre sa femme Marie-Joseph Laurent et qu’il se marie le 11octobre 1947. Peu après, Camille embauche dans l’usine-communauté de travail que Marcel Barbu a remontée à Valence (Drôme), il y retrouve Marcel Le Moing parmi un certain nombre d’anciens déportés. Puis il travaille aux établissement Regnault, toujours à Valence de janvier 1949 à mars 1950. Avec trois enfants en bas âge, le problème du logement devient aigu, il se décide à accepter une offre d’emploi et de logement de la société Esso Standard SAF. Il est embauché comme ouvrier qualifié d’entretien dans la raffinerie de Port-Jérôme à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Inférieure, Maritime), le 20 mars 1950. Commence alors son activité de militant syndical au sein de la CGT d’Esso Standard, syndicat qui fut dirigé par Henri Messager avant la guerre. Aux côtés notamment de Joseph Lecomte, Maurice Dechamp et Michel Havard, il exerce aussi des responsabilités à la Fédération nationale CGT des Industries Chimiques. Militant inlassable du PCF, il s’investira dans les associations de déportés comme la FNDIRP. Par contre il se refusera à effectuer des démarches du type médailles de la Résistance. Dans les années quatre vingt, il refusera la Légion d’Honneur par réflexe et esprit de classe. Il laisse à ceux qui l’ont connu alors le souvenir d’un militant pugnace et d’une honnêteté sans tache. Sa carrière dans le raffinage pétrochimique se termina le 30 juin 1976. A sa retraite, resté fidèle à sa région d’origine, il s’établira non loin de Nevers, à La Guerche-sur-l’Aubois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article211301, notice LÉCOLE Camille, Lucien par André Lécole et Jean-Paul Nicolas, version mise en ligne le 8 février 2019, dernière modification le 17 mars 2022.

Par André Lécole et Jean-Paul Nicolas

Camille Lécole en 1938
Camille Lécole en 1938
Chantier de Jeunesse forêt du Tronçais (Allier) 1940. Assis à gauche
Chantier de Jeunesse forêt du Tronçais (Allier) 1940. Assis à gauche

SOURCES : Souvenirs d’André Lécole ancien professeur d’Histoire à Tours, fils de Camille Lécole. – Jean Claude Martinet Histoire de l’Occupation et de la Résistance dans la Nièvre 1940-1944 Editions Delayance 58 La Charité sur Loire . – Témoignage de Marcel Le Moing, compagnon de déportation de Marcel Barbu et Camille Lécole lors d’une réception à l’Hôtel de ville de Valence le 19 octobre 1991.

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