MARLOT Edmond [Dictionnaire des anarchistes]

Ce jeune homme était entré en décembre 1890 comme employé au siège de la Société des Mines de Carmaux à Paris et avait vu ses appointements régulièrement augmenter. Mais au mois de mars 1894 il fut congédié au motif que son emploi était supprimé comme inutile. Il avait alors 17 ans.

Influencé par les anarchistes et notamment par Émile Henry qui venait de revendiquer l’attentat de la rue des Bons enfants (1892), attentat primitivement dirigée contre la Société des mines de Carmaux, il décida de se venger.

Il écrivit plusieurs lettres à M. Humblot, directeur de la Société, toutes contenant des menaces. Dans l’une d’elles, le parquet avait relevé ce passage écrit sur une carte postale :

« Retenez bien ceci : c’est que, lorsqu’un patron renvoie un employé moins bête que lui, la première chose à faire est de le payer, car si l’on se vautre aux pieds des cochons de bourgeois, c’est pour pouvoir vivre sans tuer ni voler. Mais du moment qu’on ne travaille que pour crever de faim, il ne reste plus qu’à gagner sa vie à main armée à crever des bourgeois qui encaissent de l’or et ne payent rien. L’anarchie a le droit d’exister. Vive l’anarchie ! A mort les bourgeois qui encaissent 90 francs par an pour des actions de 500 francs pendant que ceux qui les gagnent crèvent de faim ! ».

Cette lettre fut suivie d’une seconde, celle-ci adressée au baron Reille, président du conseil d’administration de la société. Elle se terminait par ces mots : « Exploiteurs, vous sauterez, vous Reille, Humblot et la bande ! ».

Il fut soupçonné en outre d’avoir tenté de se mettre en rapport avec des anarchistes pour se procurer des substances explosives nécessaires à la fabrication d’une bombe destinée au siège de la société.

La presse qualifiait Marlot d’« élève d’Émile Henry ». Mais celui-ci, pour se distinguer de son modèle, l’auteur de l’attentat à l’aveugle du café Terminus, avait déclaré que s’il avait eu une bombe il n’aurait pas frappé des innocents.

Le 16 mai 1894, pour ces faits, Marlot fut condamné par la onzième chambre correctionnelle de la Seine à six mois de prison.