CROUZET Alfred, Max, Pierre

Par Jacques Girault, Jean Sagnes

Né le 13 septembre 1910 à Béziers (Hérault), mort le 28 janvier 1988 à Servian (Hérault) ; instituteur dans l’Hérault ; syndicaliste et militant socialiste ; résistant ; maire de Servian (1953-1984), conseiller général (1961-1985), conseiller régional (1973-1982).

Son père étant mort à sa naissance, sa mère dut faire divers métiers (depuis femme de service dans une école maternelle jusqu’à directrice de crèche à Béziers). Alfred Crouzet reçut les premiers sacrements religieux. Élève du cours complémentaire Louis Blanc à Béziers, il entra à l’École normale d’instituteurs de Montpellier en 1926. À partir de 1929, il fut instituteur successivement à Lodève, Saint-Privat et Quarante jusqu’en 1940, à Espondeilhan (1940-1945) puis à Servian où il enseigna les lettres et l’histoire-géographie dans le cours complémentaire avant de le diriger, restant en fonction quand il devint collège d’enseignement général jusqu’à sa retraite en 1972. Il employa des méthodes de l’École moderne (Freinet).

Marié religieusement en mars 1932 à Saint-Trivat (Hérault) avec une institutrice, Crouzet fit donner les premiers sacrements à ses trois enfants. Divorcé, remarié en juillet 1954 à Béziers, il n’en alla pas de même avec ses trois autres enfants. Il se définissait comme « anticlérical, c’est-à-dire contre le pouvoir politique de l’Église. »

Crouzet adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1932 et, deux ans plus tard, au Parti socialiste SFIO mais, jusqu’à la guerre, n’y milita pas activement. En 1934, en compagnie de l’instituteur communiste Alfred Biscarlet*, il fut responsable départemental du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Surtout actif dans le mouvement pacifiste qui approuva Munich, secrétaire général national des Jeunesses pacifistes de la Fédération ouvrière pacifiste des anciens combattants en 1937-1938, secrétaire départemental des Jeunesses pacifistes en 1939, il collaborait à La Patrie humaine. Membre du conseil syndical de la section départementale du SNI en 1937, hostile à la grève du 30 novembre 1938, il la fit cependant mais démissionna peu après du conseil. Le 9 juillet 1938, il signa dans L’École Libératrice un article intitulé : « Faire la paix, c’est le meilleur moyen de lutter contre le fascisme ».

Mobilisé à Carcassonne en septembre 1939, Crouzet fut affecté successivement à Langres puis à Toulouse où il fut démobilisé le 8 août 1940. Il participa à la Résistance à partir du début 1943 et adhéra au Front national. Président du comité local de Libération d’Espondeilhan, il rejoignit le syndicat en train de se reconstituer.

Toujours socialiste SFIO, Crouzet milita très tôt pour la construction européenne. Partisan de la Communauté européenne de défense, il affronta le député Jules Moch qui était hostile. Il poussa aux jumelages de communes, dont la sienne, avec des villes allemandes et participa à plusieurs congrès européens.

En 1953, Crouzet, élu maire de Servian, le demeura jusqu’en 1984, date à laquelle il démissionna pour raisons de santé tout en restant conseiller municipal. Un réaménagement et une modernisation de la commune se produisirent pendant ces mandats (bâtiments communaux, création d’un réseau de tout à l’égout, réseau d’eau, piscine en 1968, camping, écoles, collège, locaux sociaux, poste, perception, pompiers, travaux dans l’église, salle des fêtes, école de musique, etc.).

Conseiller général du canton de Servian depuis 1961, Crouzet devint vice-président de l’assemblée départementale dans laquelle il présida plusieurs commissions dont celles de l’enseignement, de l’agriculture et du centre de gestion. Il participa à l’organisation du ramassage scolaire et à la création d’un groupe de transports départementaux (SODETRHE). Il fit partie du conseil d’administration de l’école normale et collabora à de nombreux aménagements dans son canton.

Crouzet, en 1973, délégué du conseil général pour siéger au conseil de la région Languedoc-Roussillon. Rapporteur général du budget, membre du conseil d’administration de la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, il fut à l’origine de la créationd’organismes économiques régionaux (CEPRACO, organisme chargé de la propagande et de la commercialisation du vin, CEVILLAR, CEPRALMAR).

Crouzet assurait pendant ces années la présidence des groupes et associations des élus socialistes.

En 1958, Crouzet fut candidat suppléant aux élections législatives dans la circonscription de Béziers-Bédarieux. Candidat titulaire à ces mêmes élections et dans la même circonscription en 1962, il obtint 6 707 voix sur 40 521 suffrages exprimés. Dans le cadre de décisions nationales, malgré les réticences de la base, alors que le communiste Calas, arrivé en deuxième position dans la circonscription de Sète se désistait pour le socialiste Moch arrivé en deuxième position, il fut contraint de le faire aussi pour le candidat communiste Paul Balmigère* à la différence de l’attitude des candidats socialistes en 1958 qui s’étaient maintenus. À nouveau candidat en 1973, il rassembla 11 380 voix sur 54 298 suffrages exprimés.

En 1953, la crise de la viticulture atteignait son paroxysme. La résistance des viticulteurs fut accompagnée d’un effort de propagande en direction des vacanciers et aussi en direction des autres populations françaises. Crouzet fut un des créateurs du Comité départemental de propagande pour le vin qui fut intégré en 1971 dans l’Association de propagande pour le vin qu’il présida.

Lors de ses obsèques civiles, un hommage public attira une foule immense. Après son décès, son nom fut donné au collège d’enseignement secondaire de Servian.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21150, notice CROUZET Alfred, Max, Pierre par Jacques Girault, Jean Sagnes, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 août 2009.

Par Jacques Girault, Jean Sagnes

SOURCES : L’École Syndicaliste, 1937-1938. — L’Aube Sociale, 1939. — La Marseillaise du Languedoc et Le Midi Libre, novembre 1962 et mars 1973. — P. Bosc, Les Notables en question, Les presses du Languedoc, 1977. — Renseignements fournis par l’intéressé en 1975 puis par sa veuve en 2007.

ICONOGRAPHIE : P. Bosc, op. cit., p. 124.

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