Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
Née le 28 avril 1883 à Vienne (Autriche), morte le 29 septembre 1951 à Paris (VIe arr.) ; journaliste, traductrice, enseignante ; militante anarchiste à Berlin et à Barcelone.
Née dans une famille juive, Etta Federn, après des études classiques à Vienne, gagna Berlin en 1905 où elle soutint une thèse sur Faust et travailla comme institutrice et comme traductrice (yiddish, anglais, français, russe…). Puis elle travailla comme critique littéraire au journal Berliner Tageblatt et publia diverses biographies littéraires (dont celles de Goethe et de Dante).
Parallèlement elle s’intégrait au mouvement anarcho-syndicaliste FAUD, collaborait à sa presse et participait à la fondation de l’organisation féminine de la FAUD, Syndikalistischer Frauenbund. Elle était notamment proche de Rudolf Rocker et de sa compagne Millly Witcop, et rencontra à cette époque de nombreux compagnons dont Senya Fleshin, Mollie Steimer et Emma Goldman dont elle devint l’amie.
En 1927 elle publia une biographie du politicien libéral Walter Rathenau, assassiné par des officiers d’extrême droite, publication qui lui valut d’être menacée de mort par les nazis.
Face à la montée au pouvoir des nazis, elle émigra avec ses fils en 1932 à Barcelone où elle fut accueillie par le mouvement libertaire, adhéra au groupe Mujeres libres et collabora à la revue éponyme, souvent sous le pseudonyme d’Esperanza. Dès le début de la période révolutionnaire, elle donna des cours de langue et de littérature à la Casa de la mujer trabajadora, un centre fondé par Mujeres Libres. Puis en 1937 elle participait à la fondation à Blanes de quatre écoles rationalistes, basées sur les théories de F. Ferrer, dont elle assuma la direction et où elle assura divers cours.
En 1938, après les importants bombardements franquistes de Barcelone, elle gagnait la France et s’installait à Paris avec son fils cadet. L’aîné les rejoignit plus tard. Elle chercha à émigrer aux États-Unis mais dut bientôt y renoncer.
Pendant l’Occupation, recherchée par la Gestapo, elle se cacha à Lyon dans un monastère et collabora avec la Résistance en traduisant divers documents, notamment l’ouvrage de Victor Vinde, La fin d’une grande puissance ? la France depuis la déclaration de guerre jusqu’à la Révolution nationale.
L’un de ses fils, Hans, était le responsable d’un groupe local de Résistance et fut tué en août 1944 lors des combats de la Libération. Son autre fils, Michael, avait également participé à la Résistance dans les Pyrénées.
Elle vécut ensuite à Paris, obtint, grâce à la participation de son fils aîné à la Résistance, la nationalité française et une très modeste pension. Elle avait sans doute un soutien financier du banquier philanthrope américain, George Pick, et de sa famille (leur correspondance a été versée à l’IIHS, Amsterdam).
Etta Federn, quasiment dans la misère, est décédée à Paris (VIe arr.), 56 rue Monsieur-le-Prince, le 29 septembre 1951.
L’écrivain suédois Stig Dagerman écrivit en 1948 la pièce Skugan av Mart (L’ombre de Mart) inspirée des vies d’Etta Federn et de ses fils.
Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell
ŒUVRE : Mujeres de las revoluciones, Ed. Mujeres libres, Barcelone, 1937.
SOURCES : Notice de Nick Heath — Marianne Kröger, « Selbstbestimmung und libertäres Denken. Die österreich-jüdische Schriftstellerin und Pädagogin Etta Federn », Jüdische Ethik und Anarchismus im spanischen Bürgerkrieg, Peter Lang, 2009. — Lo Dagerman et Nancy Picq, Les ombres de Stig Dagerman, Maurice Nadeau, 2018. — IIHS Amsterdam, United States, various manuscripts Collection, item 14 — État civil de Paris (décès).