MARI Noël

Par Jacques Girault

Né le 30 janvier 1901 à Matra (Haute-Corse), mort le 22 février 1947 à Vivario (Haute-Corse) ; professeur ; militant syndicaliste ; militant socialiste puis communiste ; résistant en Corse.

Fils d’un gendarme demeurant au couvent de Matra, père également de trois filles, Noël Mari passa sa jeunesse à Ghisoni (Haute-Corse). Titulaire du baccalauréat, il commença des études scientifiques à Marseille (Bouches-du-Rhône). Surveillant puis professeur au lycée de Bastia (Haute-Corse), il partit au service militaire à la fin de l’année 1925 dans les transmissions d’un régiment d’artillerie lourde, qu’il termina comme brigadier. Puis il fut nommé professeur de mathématiques aux collèges de Louhans (Saône-et-Loire) en 1928, d’Arbois (Jura) en 1930, de Nyons (Drôme) en 1932, de Riom (Puy-de-Dôme) à partir de 1934.

Il se maria religieusement en avril 1941 à Corte avec une sage-femme (voir Germaine Mari->202542]. Le couple eut une fille qui fut seulement baptisée.

À Riom, Noël Mari fut le secrétaire de la section du tout nouveau Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire (FGE-CGT) au moment des accords de Munich. Il rédigea le texte de l’affiche pour la grève du 30 novembre 1938 contre les décrets-lois. En juin 1938, il adhéra à la Société de secours mutuels du Syndicat confédéré des fonctionnaires de l’enseignement primaire supérieur de France et des colonies ouverte aux adhérents du SPES.

Militant socialiste SFIO depuis 1931, Noël Mari restait inscrit sur les listes électorales de Bastia. Pour les élections municipales du 5 mai 1935, il figura parmi les candidats de la « liste indépendante ». Il obtint 369 voix. Selon les bulletins de vote, il figurait aussi sur la « liste républicaine ». À Riom, il devint le responsable de la section socialiste SFIO. Il présida les nombreuses réunions au moment du Front populaire, notamment celles sur la solidarité avec l’Espagne républicaine. Il se rangeait dans le courant de « La Bataille socialiste » et approuvait, à partir de 1937, de plus en plus les analyses des opposants à la ligne majoritaire résumant la méthode qu’il approuvait par une formule « L’action directe des masses, comme en 36 ». Il participa également aux débats de la Ligue des droits de l’Homme sur la non-intervention en Espagne.

Noël Mari fut mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale dans une unité de défense contre l’aviation à Corte. En raison du manque d’enseignants au collège Pascal Paoli, il effectua en 1940 des heures d’enseignement de mathématiques en classe de terminale. À Corte, hostile à l’Etat français et à l’occupation italienne puis allemande, il prit contact avec des opposants et fut en octobre 1942, un des fondateurs du Front national qu’il présida dans la région de Corte. Participant à la lutte armée en septembre-octobre 1943, après la victoire, il fut troisième adjoint dans la commission municipale temporaire, chargé du ravitaillement, et organisa un restaurant pour assurer notamment le ravitaillement prioritaire des francs-tireurs. Après la victoire des résistants, il fut remobilisé comme maréchal des logis, le 15 décembre 1943, dans la DCA, puis affecté dans l’armée de l’Air en février 1944 comme sergent. Démobilisé le 29 juillet 1944, il continua à enseigner au collège de Corte.

Noël Mari occupait une situation particulière de détachement non officiel pour assurer une fonction de gestionnaire d’un pouvoir insurrectionnel. Au cœur des réflexions pour un programme de développement de la Corse, il s’efforça d’équilibrer les différentes analyses qui traversaient le mouvement. Dans ses interventions, il insistait sur la spécificité corse qui expliquait l’antériorité de sa libération. Il accordait une grande place aux luttes passées des Corses pour la liberté. Il eut aussi à contribuer au renforcement des positions de son organisation à côté et souvent en concurrence avec les autres mouvements. À partir du 19 août 1944, devenu membre du conseil d’administration départemental du Front national, le 1er novembre 1945, il accéda à la présidence de la commission politique du Front national sur le plan départemental à la place du conseil départemental affaibli par les divisions internes.

Selon son journal, Noël Mari adhéra au Parti communiste le 9 septembre 1943. Dans les réunions des instances communistes, il estimait l’union indispensable avec les autres forces issues de la Résistance et qu’il ne fallait pas chercher à ce que les militants communistes occupent la majorité des postes de direction dans les organisations d’encadrement. Candidat dans le canton de Corte au Conseil général au titre du Front national, aspirant à l’unité sous sa candidature, il se heurta aux divisions dans le mouvement et aux rivalités entre socialistes et communistes. Le 23 septembre 1945, il fut battu de 46 voix sur 1750 votants.

Professeur à Corte, il milita pour la reconstitution du SPES et devint le secrétaire de la section syndicale du SNES.

Au retour d’une réunion politique à Vivario, il fut victime d’un accident de la circulation. Un important rassemblement se déroula lors de ses obsèques civiles au cimetière de Ghisoni. Il fut homologué, après son décès, comme sous-lieutenant dans les Forces françaises de l’Intérieur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212104, notice MARI Noël par Jacques Girault, version mise en ligne le 17 février 2019, dernière modification le 17 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Archives familiales. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 393759.

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