CLISCI Henriette [née TOVAROWSKI] dite Jacqueline

Par Daniel Grason

Née le 14 mai 1918 à Paris (XIIe arr.), morte le 31 juin 1944 à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) ; couturière ; communiste ; résistante membre des FTP-MOI ; internée au camp de Drancy ; victime de l’antisémitisme.

Henriette Clisci née Tovarowski
Henriette Clisci née Tovarowski

Fille de Jacob Tovarowski, tailleur, et de Guittel Epelbeim, ménagère, Henriette Clisci était la sœur d’Annette Tovarowski également couturière. Française par naturalisation par décret du 10 février 1926. Elle épousa Joseph Clisci le 23 décembre 1939 à Paris (Ve arr.), le couple eut un fils Serge, Michel, Wladimir né le 9 novembre 1940 à Paris (XIVe arr.). Elle exerça probablement une activité de commerçante, le Tribunal de Falaise (Calvados), la condamna le 28 août 1942 par défaut à six jours de prison et mille deux cents francs d’amende pour hausse illicite.
Henriette Clisci entra en mai 1943 dans les FTP-MOI, elle devint membre du service de renseignements. Elle logea 26 rue Daubenton à Paris (Ve arr.). En mars 1944, domiciliée 23 bis boulevard Arago dans le XIIIe arrondissement, sa sœur Annette était parfois hébergée par Denise Soleilbeau militante de la IVe Internationale au 12 rue Olier à Paris (XVe arr.). Henriette Clisci trouva refuge auprès d’elles.
Selon l’enquête policière, elle avait vécu au domicile d’Yves François militant de l’organisation communiste. La police concluait « Qu’elle n’ignorait pas [son] activité. » Elle le rencontra au domicile de Denise Soleilbeau et d’Henri Goldsmidt. Henriette Clisci a été interpellée au 12 rue Olier le 9 mars 1944 à 8 heures du matin. Elle présenta une carte d’identité portant sa photographie établie au nom de Denise Vavasseur.
Selon un rapport de la police en date du 28 juin 1952 : « il fut établi qu’elle était membre de la IVe Internationale, organisation qui avait créé des groupes spéciaux d’attaques à main armée, dirigées contre les personnes et les biens, dans le but d’alimenter ses caisses. […] En outre, il se confirma que le groupement de ces personnes « noyautait » au sein des collectivités notamment dans les usines et ateliers, les universités, les Auberges de la jeunesse. » Contrairement à ce qu’affirmait l’auteur de la note policière, Henriette Clisci ne milita pas avec des résistants de la IVe Internationale. Plus simplement, Denise Soleilbeau et d’Henri Goldsmidt n’ayant pas d’attaches partisanes rencontraient communistes et trotskystes sans se soucier de leur engagement politique.
Le 2 avril 1944 le commissaire divisionnaire qui dirigeait la BS1 la questionna. Interrogée sur son mari Joseph Clisci, elle déclara : « Il a quitté notre domicile légal au 26 rue Daubenton en juillet 1943. Je suppose qu’il a été appréhendé au cours d’une rafle et vraisemblablement déporté. »
La police avait par recoupement la preuve qu’Henriette Clisci rencontra à plusieurs reprises Roger François, commissaire aux opérations de la Région Paris X (Paris Rive Droite) des FTP. Celui-ci avait été interpellé, fouillé, il était en possession d’une fausse carte d’identité destinée à Henriette Clisci où elle était blonde (alors qu’elle était brune). Le commissaire présuma qu’elle s’était faite décolorée les cheveux pour se faire établir de nouveaux papiers.
Il était établi qu’Henriette Clisci rencontra Roger François à plusieurs reprises dans sa planque située 11 rue Bleue dans le XVIIe arrondissement où il habitait sous le nom de Deléglise.
Henriette Clisci nia avec énergie à plusieurs reprises. Elle fut alors mise en présence de Robert Vimont dit Guy, commissaire FTP aux opérations de Paris X (Paris rive droite), il affirma qu’il rencontra en novembre 1943 Henriette Clisci rue Bleue.
Henriette Clisci a été inculpée d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui prononça la dissolution du Parti communiste, à la loi du 27 octobre 1940 qui instituait la carte d’identité de Français, et du 5 juin 1943 qui réprimait les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives.
Internée au camp de Drancy sous le matricule 25663, Henriette Clisci y mourut le 31 juillet. Ce jour-là, sa sœur Annette Tovarowski était dans le convoi n° 77 à destination d’Auschwitz.
Le fils de Joseph et Henriette, Serge Clisci a été adopté par sa tante Marie Tovarowski épouse Gruska. Cette dernière entreprit des démarches auprès du ministre des Anciens combattants et victimes de guerre pour que sa sœur Henriette soit reconnue comme déportée résistante.
Henriette Clisci a été homologuée Déportée Internée Résistante (DIR) et membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) ; elle a reçu la mention « Mort pour la France » en février 1958. Son nom a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212117, notice CLISCI Henriette [née TOVAROWSKI] dite Jacqueline par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 février 2019, dernière modification le 15 mai 2019.

Par Daniel Grason

Henriette Clisci née Tovarowski
Henriette Clisci née Tovarowski

SOURCES : Arch. PPo. 1W 004-9924, GA 1, GB 85, GB 169 (photo), Bureau Résistance GR 16 P 576247. – Boris Holban, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle…, Éd. Calmann-Lévy, 1989, page 286. – Site internet CDJC. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 169

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