PANTEIX Léonard

Par Michel Patinaud

Né le 17 août 1887 à Négrignat, commune d’Augne (Haute-Vienne), mort le 3 mai 1975 à Augne ; socialiste puis communiste ; cultivateur ; maire d’Augne.

Né dans une famille d’agriculteurs-maçons saisonniers (trois générations), profil caractéristique de la Montagne Limousine. Léonard Panteix était marié, deux fils, l’un fut lui-même agriculteur, et l’autre maçon. Plus originale est la première appartenance de Léonard Panteix à la SFIO (années 1930), avant l’adhésion ultérieure au PCF à la Libération (cas unique dans le canton). Il devint maire en 1938 après la démission de François Lhéritier (municipalité entièrement socialiste). En 1940, Panteix ne fut pas démis de son mandat par le régime de Vichy. Ce dernier installa par contre un nouveau maire délégué, « un noble », en mars 1941.
Membre du Comité Local de Libération, Léonard Panteix, adhéra alors au PCF et changea d’étiquette, en étant réélu en 1945, il le fut au nom des deux partis. En 1963, des raisons de santé entraînèrent sa démission, son fils Henri Panteix le remplaça au conseil municipal.
La petite commune d’Augne était en 1945 tout-à-fait caractéristique du canton : tradition de gauche fortement ancrée, grande activité des maquis durant la guerre. Elle ne connut pourtant pas comme ailleurs aux environs une forte activité militante : pas plus de cellule du PCF que de groupe de la SFIO. 1945 vit même une liste municipale d’union des deux partis, l’évolution de Léonard Panteix symbolisant cette union dans son propre parcours. Deux ans plus tard, ce furent les appareils partisans qui imposèrent la rupture, alors qu’Augne « il n’y eut jamais de guerre froide » . Les socialistes eurent deux élus, et l’union se refit naturellement. On disait dans le canton : « Augne, c’est la commune sans histoires ». Et pourtant, les choses faillirent tourner au vinaigre quand l’inspection académique décida la fermeture d’une école de hameau (Vervialle, 1950). Léonard Panteix eut l’idée de construire une nouvelle école plus centrale, dans le village le plus peuplé (Négrignat), mais ce projet nécessitait de fermer l’école du bourg et Négrignat était le village du maire. Le clivage n’eut rien de politique, et l’abandon du projet ramena la concorde. Outre les gros efforts d’aménagement rendus nécessaires par l’entrée d’Augne « dans la modernité » (goudronnage des routes, adduction d’eau), l’équipe municipale de Léonard Panteix fut parmi les plus actives du canton pour soutenir les grands combats des années 1950 : contre l’arme atomique et le réarmement de l’Allemagne, contre la guerre d’Algérie et pour la défense de l’école publique. Un fait d’importance locale, mais capital pour l’évolution ultérieure d’Augne : outre Eymoutiers, Augne fut la commune la plus sensible à la dissidence du Dr Jean Fraisseix (1961). Le PCF, perdit durablement 40 % de son électorat. Et puis, ce ne fut pas un agriculteur qui succéda à Léonard Panteix mais un ouvrier électricien, également communiste : Maurice Sauviat. Ce dernier attribuait le glissement à droite – assez original dans le canton – au « changement de mentalité paysanne ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212221, notice PANTEIX Léonard par Michel Patinaud, version mise en ligne le 19 février 2019, dernière modification le 21 février 2019.

Par Michel Patinaud

SOURCES : témoignages de Maurice Sauviat, qui devint maire en 1973 ; Jean Panteix, fils de Léonard ; Lucienne Coupet, ancienne institutrice. — Registres de délibération du conseil municipal (années 1935-1965). — Michel Patinaud, Un canton « rouge » : Eymoutiers, laboratoire du communisme rural (1945-1989), Université de Toulouse-Le Mirail, 1991.

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