CURINIER Gabriel

Par Pierre Bonnaud

Né le 1er mars 1914 à Saint-Sauveur-de-Montagut (Ardèche), mort le 23 octobre 1988 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; militant communiste, responsable du Front national de Libération en Drôme-Ardèche, membre du comité fédéral du PCF, secrétaire de la section PCF de Tournon (1945-1953).

Fils de Jean Victor Curinier, moulinier, et de Lydie Houron, sans profession déclarée, Gabriel Curinier naquit quartier de Pierregut, à Saint-Sauveur-de-Montagut (Ardèche), le 1er mars 1914. Son père fut sans doute tué lors du premier conflit mondial. En 1921, un jugement du tribunal civil de Privas déclara Gabriel Curinier pupille de la nation.
Après des études à l’école primaire supérieure, Gabriel Curinier réussit le concours d’entrée à l’École normale de Privas. Il y reçut sa formation d’instituteur de 1931 à 1934 et il adhéra à la cellule des Jeunesses communistes de l’établissement animée par Henri Chaze* et forte de dix-sept membres sur une cinquantaine d’élèves-maîtres.
Curinier adhéra au Parti communiste en 1937. Il était alors en poste dans la cité cheminote du Teil où il avait retrouvé Chaze et un autre instituteur communiste, Albert Crouzet. Après les affrontements qui survinrent lors de la grève de Lafarge et de la venue au Teil de Doriot le 6 février 1938, le maire radical demanda le déplacement des trois enseignants. Il écrivit au préfet le 29 mars 1938 : « excités par des instituteurs, MM. Chaze, Crouzet, Curinier, les communistes n’hésitent pas à se livrer à des voies de fait, qui finiront par lasser la patience des membres du PPF et par entraîner des incidents aux graves conséquences ». Le 19 avril de cette même année, Curinier se maria avec Simone Raymonde Rouméas, originaire de Gilhoc (Ardèche), employée des Postes et télégraphes. Son épouse partageait ses convictions.
En novembre 1938, Gabriel Curinier participa au mouvement de grève générale lancé par la CGT. Il fut sanctionné de 8 jours de suspension de traitement avec 257 autres instituteurs et figura dans le tableau d’honneur publié par le bulletin syndical l’Émancipation.
Probablement mobilisé en septembre 1939, Curinier fut oublié dans les listes des instituteurs ardéchois sanctionnés en 1939-1940 pour défaitisme ou pour n’avoir pas désavoué le Pacte germano-soviétique. Le désordre administratif, une mutation à Tournon où travaillait aussi son épouse, lui firent échapper à la répression. En 1941, Curinier était toujours en contact avec Chaze, instituteur révoqué, devenu l’un des trois membres de la direction clandestine du PC Drôme-Ardèche. En juin 1941, Chaze, rapportant les instructions de Roger Roucaute, membre de la direction Sud, confia à Curinier la responsabilité de l’organisation du Front national de Libération pour la région Drôme-Ardèche.
Curinier fut l’un des principaux animateurs de la Résistance communiste en Drôme-Ardèche, tout particulièrement dans la région de Tournon. Il développa son travail en s’appuyant sur un réseau de relations solides en milieu ouvrier et enseignant, notamment le caviste Johann Gay, les instituteurs Marcel Dumont et René Montérémal. Il restait en contact avec la direction régionale par l’intermédiaire d’un militant de Tain l’Hermitage, Clément Delhomme dit Paul. À la fin du mois d’avril 1943, lorsque la police de Vichy démantela le groupe de FTP « légaux » de Johann Gay, Curinier fit face en rédigeant un tract qui dénonçait « les policiers vendus à l’oppresseur ».
En mars 1944, l’armée allemande qui entretenait une garnison à Tournon, exaspérée par la multiplication des actions et des coups de main de la Résistance locale, entreprit plusieurs expéditions punitives dans l’arrière-pays ainsi que le quadrillage de la petite ville. Gabriel Curinier, menacé d’arrestation, fut muté à Marseille, chargé de seconder Daniel Georges alias Camille, interrégional du Front national. Il s’y trouvait au moment du débarquement de Provence et de la libération de la ville. Son épouse, demeurée à Tournon, poursuivit sa propre action d’agent de la Résistance.
De retour à Tournon (de nombreux mois après la fin de la guerre semble-t-il), Gabriel Curinier devint secrétaire de section du PC pour cette ville. À la conférence fédérale du Teil, le 30 mai 1948, il fut élu membre du comité fédéral. Il y demeura jusqu’en 1953 alors un des responsables de l’éducation. Il obtint en 1954 une mutation professionnelle pour les Bouches-du-Rhône où il acheva sa carrière d’instituteur et prit sa retraite, sans cesser de militer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21226, notice CURINIER Gabriel par Pierre Bonnaud, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 mars 2022.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. Dép. Rhône (région Rhône-Alpes), 668 w 96. — Arch. Dép. Ardèche, 72 W 363, 70J (fonds du musée départemental de la Résistance). — Arch. comité national du PCF, composition du comité fédéral de l’Ardèche (1953-1968). — L’Émancipation, bulletin de la section ardéchoise du SNI, (février-1939). — Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, t. II Valence, 1981, p. 100. — Henri Chaze Un communiste ardéchois dans le siècle, éditions Les Allobroges, Aubenas, 1994. — Cédérom AERI La Résistance en Ardèche, coord. Raoul Galataud, 2004. — note Jean-Marie Guillon. — États civils de Saint-Sauveur et de Montagut.

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