Par Gauthier Langlois
Né le 29 septembre 1875 à Carignan (Ardennes), mort le 7 août 1924 à Saint-Laurent-du Maroni (Guyane) ; ouvrier menuisier ; anarchiste fréquentant la colonie d’Aiglemont dirigée par Fortuné Henry, il fut envoyé au bagne à la suite d’une condamnation pour vol.
C’était le fils de Jacques Thiry, journalier et de Sidonie Angélique Mataigne, repasseuse. Après avoir habité Carignan puis Sedan, il effectua son service militaire dans un bataillon de l’armée d’Afrique en Algérie. Libéré, il s’installa à Charleville-Mézières où il épousa, le 14 novembre 1900, Laure-Fléda Curie, fille d’un horloger et cultivateur de Beaucourt (Haut-Rhin), âgée de 18 ans. Le couple eut trois enfants.
Présenté dans la presse comme anarchiste et colleur d’affiches, il est surtout connu pour des faits de droit commun pour lesquels il fut condamné à plusieurs reprises. Le 26 mai 1897 par le tribunal correctionnel de Sedan à mois de prison pour vol puis le 15 décembre à 40 jours de prison pour abus de confiance. En 1901 il fut arrêté à Carignan pour avoir volé des outils à son ancien employeur et mis le feu à son atelier de menuiserie. Pour sa défense il affirma qu’il avait volé ces outils pour se mettre à son compte, les banques ayant refusé de lui prêter de quoi s’établir. Pour ces faits il fut condamné, par la Cour d’assises des Ardennes, à cinq ans de travaux forcés, commués peu après en cinq années de réclusion. Il sortit de prison le 14 juillet 1905.
Il fut encore arrêté, avec Joseph Paret, pour un vol commis dans les circonstances suivantes. Le 7 juin 1908, Louis Thiéry, dentiste à Charleville, constata à son retour chez lui qu’on avait forcé son secrétaire et qu’on lui avait soustrait 10 000 francs. Le dentiste indiqua à la police qu’il soupçonnait Thiry qui avait réparé le secrétaire. L’instruction établit que ce soir là Thiry avait été vu aux abords du cinéma où la famille Thiéry devait se rendre et qu’il avait ensuite passé la soirée avec un individu du nom de Paret Joseph, signalé comme anarchiste. Une perquisition à son domicile permit de trouver la copie d’une clé de la cuisine du dentiste. Les deux hommes furent arrêtés mais nièrent le vol, jusqu’à ce que Paret fut confondu par ses empreintes digitales, identifiées sur une vitre par Bertillon. Paret avoua et impliqua Thiry, mais finit par affirmer que son ami n’était pour rien dans le vol. Thiry, quant à lui, continua de nier. Il affirma que ce soir-là il devait, avec son compagnon, se rendre à Mohon (où se trouvait le dépôt ferroviaire de la ville), pour aller afficher des placards révolutionnaires. Selon le procureur, ces placards commençaient ainsi : « Gouvernement d’assassins... ». Au cours du procès il reconnut être allé en bicyclette en Belgique, le lendemain de la perquisition opérée chez lui. A son retour, il s’arrêta à la Colonie libertaire d’Aiglemont, dirigée par Fortuné Henry et y vit Paret qu’il ne croyait pas trouver là, ainsi que le syndicaliste Léon Lefèvre. C’est là qu’ils décidèrent d’un commun accord de déclarer ne point s’être vus.
La cour d’assise des Ardennes condamna Paret à cinq ans de travaux forcés c’est à dire de bagne, et autant d’années de relégation. Récidiviste, Thiry fut condamné à vingt ans de travaux forcés et autant d’années de relégation. Les deux hommes furent envoyé au bagne de Saint-Laurent en Guyane.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives départementales des Ardennes, État civil de Charleville-Mézières, Fiche matricule. — Le Petit Ardennais, 3 avril 1897, 20 mai 1897, 27 mai 1897, 9 décembre 1897, 22 novembre 1900, 24 février 1901, 7 février 1901, 26 février 1901, 15 août 1908, 28 novembre 1908. — L’Univers, 29 novembre 1908