GUITTON Marie, Élise, Françoise

Par Daniel Grason

Née le 5 décembre 1912 à la commune du Longeron arrondissement de Cholet (Maine-et-Loire), morte le 5 novembre 1978 à Quincy-sous-Sénart (Essonne) ; ouvrière agrafeuse d’usine, standardiste ; internée.

Fille d’Eugène Guitton, mécanicien ajusteur, et de Noëmie Piffeteau, sans profession, Marie Guitton titulaire du CEP fut ouvrière agrafeuse à l’entreprise Desmettre-Angibert à Le Longeron (Maine-et-Loire). L’usine fabriquait des emballages en bois pour les fromageries. Elle vint à Paris en mars 1942 sur la demande de Jean Laffitte son beau-frère. Celui-ci lui expliqua que son épouse Madeleine sœur de Marie Guitton venait de disparaître. Marie Guitton était persuadée qu’il travaillait, il partait le matin à 8 heures 30, rentrait déjeuner tous les jours et diner. Il ne sortait pas le soir.
Marie Guitton fut interpellée par deux inspecteurs de la BS1 le 13 mai 1942 au 3 rue Jules-Lemaître à Paris (XIIe arr.), au domicile de Jean Laffitte alias Dubreuil, ex-secrétaire parlementaire de Jacques Duclos. Elle était sa belle-sœur, et ignorait tout de son activité clandestine.
Entendue par un juge d’Instruction, elle confirma les déclarations qu’elle fit aux policiers. Elle déclara « Je n’ai jamais appartenu au Parti communiste. Je savais que mon beau-frère Laffitte avait milité avant la guerre, mais j’affirme formellement que j’ignorais son activité actuelle. […] Mon beau-frère se faisait appeler Dubreuil et j’étais connue sous le nom de madame Dubreuil. Il m’avait expliqué que n’ayant pas été libéré régulièrement, il avait tenu à reprendre un faux nom par mesure de sécurité. »
Contrairement à ce qu’affirmaient les inspecteurs, elle ne participa pas à l’activité clandestine du Parti communiste. Entendu, Jean Laffitte affirma « ma belle-sœur n’a jamais été au courant de mon activité. Je lui avais laissé croire que je travaillais sur un chantier et, comme je rentrais toujours à des heures régulières, elle n’avait aucune raison de mettre en doute ce que je lui avais dit. » Il précisa elle « ignorait que j’avais un autre domicile. »
Marie Guitton bénéficia d’une ordonnance de mise en liberté provisoire le 26 juin 1942. Elle a été administrativement le 27 juin 1942 à la caserne des Tourelles 141 boulevard Mortier à Paris. Le 24 juillet 1942 Le préfet de Maine-et-Loire transmettait une demande du maire du Longeron, il demandait sa libération. La réponse du préfet de police a été rapide « il me parait actuellement inopportun d’envisager la libération de la nommée Marie Guitton internée […] pour activité communiste. »
Elle fut transférée le 13 août 1942 au centre de séjour surveillé d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), puis au camp de Gaillon (Eure). Un industriel du Longeron lors d’un voyage à Paris rencontra le Juge d’instruction qui lui assura que rien n’avait été relevé contre elle. Le 29 octobre 1942, nouvelle démarche du Préfet du Maine-et-Loire auprès du Préfet de police, nouveau refus notifié le 21 décembre 1942 « sa libération ne semble pas opportune. » Marie Guitton fut transférée au camp de La Lande à Monts.
Le directeur de la Maison Desmettre-Angibert au Longeron, où avait travaillé Marie Guitton intervint le 23 avril 1943 auprès du Préfet du Maine-et-Loire. Il écrivait « Elle était ouvrière agrafeuse dans notre usine depuis 1929 et en tant que son patron, je serais heureux que vous puissiez la rendre à sa mère et mettre un terme à sa souffrance de captive. »
Il motivait sa nouvelle intervention ainsi « Elle était très bien notée par son employeur et ses compagnes d’atelier, aucune activité d’aucune sorte, n’avait jamais été relevée à sa charge. Marie Guitton était une jeune fille sérieuse, aînée de famille nombreuse, et subvenait à l’existence de ses frères et sœurs. » La requête a été transmise au Préfet de police de Paris, nouveau refus.
Le 7 juin 1943, la mère de Marie Guitton s’adressa au Préfet. Elle soulignait qu’ « aucun fait grave » ne lui était reproché avec elle je perdais un de mes soutiens, je viens de perdre le deuxième, mon fils tué en Allemagne par accident de travail. » Elle faisait part de sa peine « de voir mon fils en terre étrangère loin de sa femme, de son fils et de sa famille. »
« J’espère donc Monsieur le Préfet de votre haute bienveillance la possibilité de libération de ma fille. »
Suivait une formule de politesse où elle exprimait ses « remerciements anticipés. »
Marie Guitton n’a pas été libérée, mais transférée au camp de Poitiers (Vienne) d’où elle a été libérée le 31 août 1944.
Après la guerre, Marie Guitton habita 11 sentier des Buttes à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis), puis 11 rue de la Voute à Paris (XIIe arr.). Elle travailla comme standardiste de décembre 1944 à novembre 1948 à la Fédération nationale des groupements d’achats avenue de Wagram à Paris (XVIIe arr.) ; à la Fédération du bâtiment CGT, 213 rue Lafayette (Xe arr.), de février 1949 à avril 1951 ; puis à la Société du réseau téléphonique moderne, 6 square du Champ de Mars (VIIe arr.).
Elle entreprit des démarches pour être reconnue comme internée, elle fut homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
_
Marie Guitton s’était mariée le 26 octobre 1957 à Paris (XIIe arr.) avec Georges Ernest Beau.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212358, notice GUITTON Marie, Élise, Françoise par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 février 2019, dernière modification le 16 décembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/77. – Arch. PPo. 1 W 1104-57063. – Bureau Résistance GR 16 P 281033. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable