VALENTIN Jean

Par Michel Thébault, Isabel Val Viga

Né le 23 septembre 1884 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; coiffeur et jardinier ; victime civile.

Jean Valentin
Jean Valentin
crédit : MémorialGenWeb

Jean Valentin était le fils de Léonard (né le 13 février 1833, à Saint-Léonard-de-Noblat et décédé le 29 octobre 1909, à Bussière-Galant), et de son épouse Marie née Degorsas (née le 19 mars 1845, à Ladignac-le-long et décédée le 28 octobre 1905, à Bussière-Galant), cultivateurs au Fournial, commune de Bussière-Galant. Ses parents s’étaient mariés le 26 juin 1890 à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne).
Lors de la conscription en 1905, il se déclara cultivateur avec ses parents à Saint-Nicolas (devenu Saint-Nicolas-Courbefy en août 1919, puis rattachée à Bussière-Galant en 1973, Haute-Vienne).
Il fit son service militaire de 1905 à 1907 au 63ème Régiment d’Infanterie de Limoges.
Le 3 décembre 1910 à Oradour-sur-Glane, il épousa Marie Raynaud* (née le 22 juin 1893, à Oradour-sur-Glane), couturière en robes. Il déclara alors la profession de meunier domicilié au lieu-dit Le Repaire, commune d’Oradour mais trouva dans les années suivantes un emploi à la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux de la Haute-Vienne (CDHV), en même temps que son épouse, receveuse à la gare d’Oradour.
De cette union naquirent deux garçons, Jean Henri (né le 1er mars 1915 et décédé le 22 mars 1923), et Pierre Luc Albert (né le 23 juillet 1930 et décédé le 12 février 1931), à Oradour-sur-Glane.
Il fut mobilisé le 1er août 1914 au 14ème puis en septembre au 214ème Régiment d’Infanterie, au sein duquel il combattit toute la guerre, blessé en avril 1918 et gazé à Cuvilly (Oise). Il fut démobilisé le 21 mars 1919 et revint s’installer à Oradour.
Il reprit son emploi à la CDHV cantonnier en 1921, puis poseur de voies en 1926. Changeant à nouveau de métier, il était aux recensements de 1931 et 1936, coiffeur au Bourg d’Oradour-sur-Glane.
Il était le beau-frère de Marguerite Raynaud* épouse de Pierre Moreau*, parents de Marie Félicie épouse de Jean Bichaud*, et de Jules Raynaud époux de Marie Roudier, parents de Pierre Henri* époux de Marie-Louise Hortolary (parents d’Irène Amélie*) et de son frère Lucien* époux de Simone Thomas* (parents de Bernard*).
« Valentin*, la cinquante rondouillarde, affublé de son éternel chapeau de paille, partageait son temps entre son activité de coiffeur et celle de jardinier averti. Son épouse, Marie Valentin*, surnommée Titi, était une petite femme bien en chair, toujours vêtue d’une blouse noire. Elle portait gracieusement le chignon, toujours arrangé avec soin. Son mari affectionnait la soupe de légumes que ’’sa Titi’’ lui préparait selon une règle immuable à laquelle elle ne pouvait en aucun déroger. Elle achetait chez le boulanger une tourte de huit livres qu’elle tranchait en fines tartines, mises ensuite à rassis sur la planche à pain fixée au plafond au-dessus de la table de la cuisine. Une demi-heure à trois quarts d’heure avant de servir, Titi déposait plusieurs de ces tranches de pain rassis dans son écuelle, versait le bouillon de légumes et laissait le récipient près de l’âtre, pour que le liquide imprégnât bien le pain quand la soupe de légumes était prête, il la dégustait dans une confusion charmante de clapotages et de succions, entrecoupés de soupirs de satisfaction. En dehors des taches ménagères Titi s’occupait également de la bascule installée près de l’entrée. Elle pouvait, de sa fenêtre et sans avoir à sortir, effectuer le pesage des bêtes vendues sur le champ de foire, ainsi que celui des produits arrivant en vrac par le tram, comme la chaux ou le blé. Tous les enfants du village savaient qu’il leur était formellement interdit de courir de la bascule car cela résonnait très fort dans la maison. »
Il fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, mitraillé puis brûlé dans la grange Beaulieu dans laquelle des hommes furent massacrés. Son beau-frère, ses neveux et une partie de sa belle-famille furent mitraillés puis brûlés dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés. Son épouse, sa belle-sœur et une partie de sa belle-famille furent brûlées dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Il fait partie des 52 corps identifiés pour lequel un acte de décès put être établi.
Jean Valentin obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Voir Oradour-sur-Glane

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212492, notice VALENTIN Jean par Michel Thébault, Isabel Val Viga, version mise en ligne le 27 février 2019, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault, Isabel Val Viga

Jean Valentin
Jean Valentin
crédit : MémorialGenWeb
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Coiffeur Jean Valentin (la bascule), Oradour-sur-Glane
Coiffeur Jean Valentin (la bascule), Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
Coiffeur Jean Valentin, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Moreau - Raynaud - Bichaud - Valentin, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Moreau - Raynaud - Bichaud - Valentin, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Lieu de supplice, Forge Beaulieu, Oradour-sur-Glane
Lieu de supplice, Forge Beaulieu, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements, registre de matricule militaire. — André Desourteaux et Robert Hébras, Oradour-sur-Glane, Notre Village assassiné, éditons CMD (p49).

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