CYMERMAN Suzanne, épouse MARTY

Par André Balent

Née le 13 janvier 1921 à Marmande (Lot-et-Garonne), morte le 24 avril 2014 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; professeure d’espagnol ; militante communiste puis maoïste (PCMLF, Amis de l’Humanité rouge) des Pyrénées-Orientales ; militante du SNES.

Née de parents d’origine polonaise - son père, Bernard Cymerman, né à Varsovie le 17 juin 1886, installé à Perpignan y exerça d’abord (1940) la profession de publiciste à Perpignan (Pyrénées-Orientales) puis celle d’agent d’assurances. Résistant, il fut arrêté le 18 juin 1944. Déporté en Allemagne, il fut de retour à Perpignan le 17 mai 1945 - Suzanne Cymerman suivit ses études secondaires au collège de jeunes filles de Perpignan. Pendant l’année scolaire 1940-1941, elle était en classe de philosophie et avait choisi l’espagnol comme première langue.

Elle fit des études supérieures d’espagnol et, dès les années 1950-1960, exerçait au collège de jeunes filles de Perpignan, devenu par la suite lycée « Jean Lurçat », ouvert aussi aux garçons, à la rentrée de 1970.

Suzanne Cymerman fut davantage connue sous le nom de Suzanne Marty, du nom de son mari, François Marty dont elle fut la seconde épouse. Elle adhéra au PCF. Au début des années 1960, elle adhérait à la cellule de Velmanya (aujourd’hui Valmanya) - Baillestavy, dans le massif du Canigou (Valmanya fut détruit le 3 août 1944 par les forces allemandes et la Milice et devint dès la Libération, un lieu de mémoire pour les maquisards FTPF).

Après la Seconde Guerre mondiale, elle maintint des liens avec sa famille demeurée en Pologne et se rendait régulièrement dans ce pays.

Elle suivit la trajectoire politique de son mari qui, dissident maoïste du PCF, fut l’un des fondateurs et dirigeants du PCMLF. Elle adhérait aux Amitiés Franco-chinoises et aux Amitiés franco-albanaises. Avec son mari, elle fit le voyage de Pékin et fut reçue par Mao Zedong. Après la mort accidentelle de son mari, le 28 mai 1971, elle fut fidèle à ses engagements et, à la veille de 1990, elle soutenait toujours le régime albanais (elle fut, à plusieurs reprises, reçue par Enver Hodja). Son dogmatisme doctrinaire contrastait avec son comportement affable : elle polémiquait volontiers, de façon policée, avec les « révisionnistes » et les « trotskistes » mais ménageait ceux qu’elle qualifiait de « sociaux-démocrates ». Militante du SNES, affiliée dans un premier temps à Unité et Action, elle rejoignit, au début des années 1970, la tendance Rénovation syndicale animée par sa grande amie, Antoinette Claux. Comme la section du SNES du lycée Jean Lurçat, « baptisé » officiellement le 29 mars 1968 (lors d’une cérémonie où des élèves manifestèrent contre la présence du député maire Paul Alduy*), bien que majoritairement Unité et Action, était très en retrait avec les positions des directions départementale, académique et nationale du syndicat, elle n’avait pas hésité à désigner Suzanne Marty, la « maoïste » comme S1 (secrétaire de la section d’établisssement du SNES). Elle occupa ces fonctions pendant plusieurs mois, en particulier pendant les événements de mai-juin 1968 : la grève des professeurs dont elle fut une des animatrices avec Antoinette Claux fut très suivie et donna lieu à de nombreuses assemblées générales.

Par la suite, tout en continuant de participer à l’administration de L’Humanité Rouge, et à celle des Amitiés franco-albanaises, elle ne cessa de militer, jusqu’à sa retraite dans les années 1980, dans les rangs de la section du SNES du lycée Jean-Lurçat. Les dernières grandes manifestations auxquelles elle participa furent celles de novembre 1995. Puis, amoindrie par la maladie, elle se tint à l’écart de toute activité publique. Ses obsèques civiles eurent lieu au crématorium de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) le 26 avril 2014.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21254, notice CYMERMAN Suzanne, épouse MARTY par André Balent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 9 janvier 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, série W non classée, archives du lycée « Jean-Lurçat » de Perpignan, livre des classes, 1940-1941 ; registre du personnel enseignant. — L’Indépendant, Perpignan, 25 avril 2014. — Témoignage oral de Josette Salvayre, adjointe d’enseignement de sciences naturelles puis bibliothécaire-documentaliste au collège de jeunes filles puis du lycée « Jean Lurçat », de 1960 à 1993 (décembre 2006, février 2007). — Témoignage téléphonique de Jacqueline Martinez, du SNES, professeure agrégée de Lettres classiques au lycée Jean-Lurçat de 1967 à 2001 (décembre 2006). — Souvenirs personnels de l’auteur de la notice ; conversations avec l’intéressée et avec Antoinette Claux.

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