CZERKAWSKI Wladyslas

Par Didier Bigorgne

Né le 25 septembre 1937 à Blagny (Ardennes), mort le 24 avril 2006 à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; employé de bureau, agent technique, puis directeur de base de Plein air et loisirs ; syndicaliste et militant associatif ; secrétaire général de l’UD-CFDT des Ardennes (1969-1976).

Wladyslas Czerkawski naquit dans une famille d’immigrés polonais arrivée dans les Ardennes en 1930. Son père, Alexandre Czerkawski, était ouvrier d’usine ; sa mère, Valentine Jasniewiez, femme au foyer. Benjamin de cinq garçons, Wladyslas Czerkawski obtint la nationalité française le 30 octobre 1951, en application de l’article 52 du code de la nationalité française.

Après avoir fréquenté l’école primaire de Blagny où il réussit le certificat d’études primaires, Wladyslas Czerkawski fut embauché le 25 janvier 1953 aux Forges des Hauts-Fourneaux de la Chiers qui occupaient environ mille salariés à Blagny. Il y travailla en qualité d’employé en comptabilité jusqu’à son départ pour le service militaire le 5 novembre 1957. Affecté à la 13e division d’infanterie, dans le service des transmissions, il embarqua pour l’Afrique du Nord, avec le grade de maréchal des logis, le 16 mai 1959. Stationné avec son régiment à Mécharia, il participa à la guerre d’Algérie jusqu’à son retour en France le 25 février 1960. Libéré de ses obligations militaires le 17 mars suivant, il reprit son travail à l’usine pour occuper un poste d’agent technique de contrôle. Quelques mois plus tard, Wladyslas Czerkawski fondait une famille. Il épousa Monique Brouillard, ouvrière coiffeuse, le 27 juin 1960 à Carignan ; de cette union naquit une fille.

Wladyslas Czerkawski, qui avait reçu une éducation catholique pratiquante, rejoignit la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) dans son adolescence. Ce premier engagement l’amena naturellement à adhérer à la CFTC dès son entrée dans la vie professionnelle. Il se fit vite remarquer par sa combativité et sa détermination au point d’avoir été le seul employé des Forges de Blagny à faire grève en 1956. À son retour du service militaire, il créa une section syndicale d’entreprise. Élu délégué du personnel et membre du comité d’établissement, Wladyslas Czerkawski dut alors affronter la politique répressive de la direction patronale. En novembre 1961, il refusa un poste de chef d’équipe qui lui était proposé en contrepartie de l’abandon de son activité syndicale. Déplacé à un poste d’OS, il perdit l’augmentation de quinze points accordés aux employés du bureau de fabrication depuis le 1er janvier 1961 et la possibilité d’effectuer des heures supplémentaires, ce qui se traduisit par une baisse d’environ 20 % de son salaire. Réintégré à son emploi d’agent technique de contrôle, il subit pendant de longues années des mesures vexatoires qui ne furent levées qu’en 1968 à la suite d’un préalable unanime des délégués ouvriers aux négociations sur les revendications propres à la division de Blagny après les accords de Grenelle.

Entre temps, Wladyslas Czerkawski avait accédé à des responsabilités syndicales à l’échelon départemental. Après le congrès extraordinaire de la CFTC qui se tint au Palais des Sports de Paris les 6 et 7 novembre 1964 pour donner naissance à la CFDT, il fit partie des quelque trois mille adhérents ardennais qui rejoignirent la nouvelle organisation. Il occupa rapidement des fonctions importantes au sein de l’UD-CFDT des Ardennes. D’abord nommé au poste de secrétaire général adjoint, il fut, avec les responsables de l’UD-CGT et de la section ardennaise de la FEN, l’un des protagonistes de la manifestation du 13 mai 1968 « Pour que vivent les Ardennes », qui rassembla cinq mille personnes à Charleville-Mézières avant de se transformer en grève générale pour condamner la répression policière contre les étudiants dans les rues de Paris. En première ligne de son organisation pendant le mouvement de grèves de mai 1968, Wladyslas Czerkawski devint permanent de l’Union départementale dans le courant du mois d’août suivant. Enfin, il assuma la responsabilité de secrétaire général de l’UD-CFDT des Ardennes à partir du 1er novembre 1969, en remplacement de Jules Biver en arrêt maladie pour longue durée. Après le congrès départemental du 20 mars 1971, il fut officiellement installé dans sa fonction le 31 mars suivant. Il la conserva jusqu’en novembre 1976.

Après ces sept années passées à la tête de l’UD-CFDT des Ardennes, Wladyslas Czerkawski, qui était membre du Parti socialiste, entreprit une reconversion professionnelle. Il effectua un stage de formation de directeur de bases de Plein Air et de Loisirs organisé par le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports. Il participa ensuite au démarrage de la BPAL de Buthiers (Seine-et-Marne) en qualité de directeur adjoint. De 1977 à 1981, il dirigea la BPAL du parc départemental du Val Joly (Nord) avant d’être licencié pour motif économique. Enfin, il prit la direction du centre Vacances-Loisirs-Culture à Longwy (Meurthe-et-Moselle), assurant la gestion de onze résidences familiales de vacances. De nouveau licencié le 23 décembre 1989, il obtint réparation devant le conseil des Prud’hommes qui jugea le licenciement « abusif ».

Après cette nouvelle épreuve, Wladyslas Czerkawski connut des moments difficiles. Il fut au chômage de 1990 à 1994. À partir de janvier 1995, il eut pour seule ressource financière l’allocation de préparation à la retraite des anciens combattants jusqu’à son droit à la retraite de salarié le 1er octobre 1997. Installé avec son épouse à Haucourt-Saint-Charles (Meurthe-et-Moselle), il s’investit alors dans le mouvement associatif ; il occupa pendant quelques années le poste de secrétaire-trésorier de l’association d’insertion « L’Atelier ». Victime d’une atrophie cérébrale depuis 2002, Wladyslas Czerkawski mourut à Vandœuvre-lès-Nancy. Ses obsèques religieuses furent célébrées le 26 avril 2006 à Blagny

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21259, notice CZERKAWSKI Wladyslas par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 juin 2012.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. UD-CFDT des Ardennes. — Combat, n° 14, mars-avril 1971 ; n° 48, novembre-décembre1976. — Presse locale. — Notes de Wladyslas Czerkawski. — Renseignements fournis par Christelle Prévot, fille de l’intéressé.

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