FAREY Michèle, Renée, Marie, Jeanne

Par Alain Dalançon

Née le 2 février 1943 à Lure (Haute-Saône), morte le 27 mai 2022 à Vesoul (Haute-Saône) ; professeure ; militante syndicaliste du SNES dans l’académie de Besançon (Doubs) ; militante communiste.

Michèle Farey
Michèle Farey
Congrès du SNES 1969

Michèle Farey avait un frère et une sœur. Son père, René, fils d’un artisan charron, était cheminot à la SNCF depuis 1938, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et Résistant, militant responsable de la CGT. Sa mère, Simone Molle, fille d’agriculteurs très conservateurs sur le plan politique, votait à droite jusqu’en 1980, puis socialiste, et était catholique pratiquante. Elle tint donc à faire baptiser ses enfants et à les envoyer au catéchisme pour leur faire faire leur communion solennelle et à ce que son fils, devenu PEGC de lettres-histoire, soit enfant de chœur.

Ses parents furent toujours très attentifs à la réussite scolaire de leurs enfants. Michèle Farey entra en 1953 en 6e, avec un an d’avance, au lycée Georges Colomb de Lure, où elle accomplit toute sa scolarité secondaire jusqu’à la première partie du baccalauréat A (latin-grec) puis la 2e partie, série philosophie, qu’elle obtint en 1959.
Elle commença ses études supérieures à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Besançon en 1960, en choisissant l’Histoire sous l’influence de son professeur de philosophie en terminale puis de Pierre Lévêque*, professeur d’histoire grecque à la faculté. Elle prépara et obtint sa licence d’histoire-géographie mention histoire en 1966, puis une maîtrise d’histoire ancienne et un diplôme d’histoire de l’Art. Elle réussit au CAPES d’histoire-géographie en 1970, effectua son stage pédagogique au centre pédagogique régional de Besançon en 1970-1971 et fut titularisée professeure certifiée à la rentrée 1971 au lycée Jean-Gerôme de Vesoul.

Pour payer ses études, elle avait dû être surveillante, au lycée de jeunes filles de Belfort en 1964-1965 puis au lycée Pasteur de Besançon, de 1965 à 1970. Dès son entrée dans le pionnicat, elle adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire et devint secrétaire adjointe de la catégorie des surveillants au niveau académique en 1966, puis entra à la commission administrative et au bureau académique du S3 en 1967, se reconnaissant alors dans la tendance « A » des autonomes. Quand le ministre de l’Éducation nationale, Alain Peyrefitte, vint au lycée Pasteur en 1967, elle fut la porte-parole d’une trentaine de surveillant.es grévistes et elle négocia l’affectation de deux postes supplémentaires à l’établissement.
L’expérience de mai-juin 1968 la stimula dans son militantisme. Elle représenta les étudiants de la Faculté des Lettres dans un « comité des sages » défenseur des concours de recrutement CAPES et agrégation, qui affronta un comité révolutionnaire où se distinguait notamment Jacques-Alain Miller, alors militant maoïste. En 1969, après avoir participé au congrès national du nouveau SNES (classique, moderne, technique), elle fut élue à nouveau à la CA académique sur la liste du courant de pensée « Unité et Action » qui l’emporta, conduite par Jean-Pierre Boccard. Elle suivait ainsi un parcours similaire à celui de Marie-Louise Bergeret-Kreisler, ancienne militante autonome, originaire de Vesoul, commissaire paritaire nationale, qui l’initia au travail syndical. Elle devint secrétaire de la section départementale (S2) de Haute-Saône en 1971, puis secrétaire adjointe du S3 en 1979, responsabilité qu’elle conserva jusqu’à sa prise de retraite en 2003, auprès de tous les secrétaires généraux qui se succédèrent, d’Yves Tardieu à Jean-Pierre Billot.

Michèle Farey était donc une figure très connue du syndicat et des syndiqué.es, toujours disponible et très active : permanences au S3, réunions dans les S1, interventions au rectorat, rencontres intersyndicales, présence dans les instances consultatives… En tant que commissaire paritaire académique des certifiés de 1973 à 1999, elle était très attentive aux problèmes personnels. Ses compétences dans ce domaine lui valurent d’être élue commissaire paritaire nationale de 1982 à 1997, chargé plus particulièrement des documentalistes et de suivre leur intégration dans le corps des certifiés de documentation créé en 1992.

L’exclusion du SNES et du SNEP de la FEN en 1992 donna lieu à des réunions houleuses dans son département de Haute-Saône où la majorité de la CA départementale de la FEN était UID (Unité, Indépendance et Démocratie). La création de la FSU (Fédération syndicale unitaire) en 1993-1994 fut à l’origine d’un surcroît de travail mais motivant ; le SNES aida notamment au démarrage du SNUipp (Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et pegc) qui devint plus représentatif que le SE (Syndicat des enseignants) en 1999.

Michèle Farey aimait son métier et garda toujours une partie de son service d’enseignement. Elle fut d’ailleurs conseillère pédagogique dans les années 1980. Mutée au lycée Belin de Vesoul à la rentrée 1975, elle termina sa carrière en 2003 au grade d’agrégé par promotion interne, au lycée des Haberges où elle avait été nommée en 1990.

En novembre 2000, attachée à la laïcité et au combat contre tout prosélytisme religieux dans les établissements scolaires, elle participa à la mobilisation des différentes composantes de la communauté éducative de son lycée contre le port du foulard islamique par deux élèves et au soutien aux trois professeurs qui avaient refusé de les accepter dans leur classe et qui, pour cette raison, avaient été menacés de sanction disciplinaire par le rectorat. Dans un long article du bulletin du S3, intitulé « Le "bonnet" de l’inégalité », Michèle Farey faisait l’historique de cette affaire qui dura tout le premier trimestre de l’année scolaire 2000-2001. Elle défendait le principe selon lequel « l’École est et doit rester le creuset d’une insertion réussie » de tous les élèves et que « toute politique d’intégration doit commencer par désarmorcer les polémiques, sans cesse renaissantes, les clivages sur l’immigration. »

Retraitée, elle poursuivit son militantisme syndical en assurant le secrétariat académique des retraités du SNES-FSU de 2003 à 2017. Experte en matière de retraites, elle prit ensuite, en 2018, le secrétariat de la section départementale de la FGR/FP (Fédération générale des retraités de la fonction publique).

Parallèlement, elle avait adhéré au Parti communiste français en 1973, auquel elle restait fidèle, participant à de nombreuses campagnes électorales, en particulier municipales sur la liste « Vesoul, votre ville » où elle figura aux élections de 2014 et qui arriva en seconde position avec 18,3% des exprimés et 3 sièges derrière la liste UMP victorieuse.

Elle portait beaucoup d’intérêt à la mémoire de la Résistance, faisait partie du jury départemental du concours de la Résistance et de la déportation, et était membre de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) et de l’ANACR 70 (Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance). À ce titre, elle rédigea en 2015 une brochure « Trajectoire d’une vie combattante, de la Résistance à la déportation et à l’après-guerre », retraçant le parcours d’Odile Selb-Bogé, avec la participation de l’intéressée née en 1917.

Inlassable militante malgré des ennuis de santé, Michèle Farey militait aussi dans des mouvements pour le Développement durable et à l’ADMP (Association pour le droit à mourir dans la dignité). Elle était aussi adhérente des « Amis de la Maison du Peuple et de la mémoire ouvrière » de Besançon, et des « Amis de Robespierre pour le bicentenaire de la Révolution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article212767, notice FAREY Michèle, Renée, Marie, Jeanne par Alain Dalançon, version mise en ligne le 4 mars 2019, dernière modification le 21 juin 2022.

Par Alain Dalançon

Michèle Farey
Michèle Farey
Congrès du SNES 1969
Manifestation retraités 2016
Vers 1985

SOURCES : Arch. IRHSES (S3 Besançon, dont Bulletin du S3, CA, congrès, CAPN). — Articles dans la presse locale, dont L’Est républicain, 5 mars 2015, Presse de Vesoul, 29 septembre 2016. — Renseignements écrits fournis par l’intéressée.

fiches auteur-e-s
Version imprimable