DAHLEM Robert

Par Étienne Kagan, René Lemarquis, Pierre Schill

Né le 27 janvier 1897 à Vic-sur-Seille (Lorraine annexée, Allemagne), mort le 2 juin 1978 à Sarralbe (Moselle) ; ouvrier électricien ; responsable communiste de Moselle ; rédacteur à l’Humanité d’Alsace-Lorraine ; conseiller municipal (1935, 1953-1965) et maire (1945-1947) de Sarralbe.

Robert Dahlem en 1945
Robert Dahlem en 1945
[Voix de Moselle, 1945]

Robert Dahlem était fils de Pierre, aiguilleur des chemins de fer, né le 10 mai 1860 à Rohrbach-lès-Bitche (Moselle) et de Marie née Wagner le 19 juillet 1862 à Rohrbach-lès-Bitche Employé de la Reichsbahn au moment où la Moselle était annexée à l’Allemagne, son père s’installa à Vic-sur-Seille où naquit Robert Dahlem. La famille arriva à Sarralbe à la fin du mois de juin 1905. Robert Dahlem était le benjamin de trois enfants dont Franz Dahlem*.
Robert Dahlem fut élève à l’école de Sarreguemines jusqu’à l’âge de seize ans et demi et obtint le « certificat pour étudier ». De 1914 à 1916, il fréquenta le Cercle catholique de Sarralbe. Il entra dans l’entreprise AEG le 1er août 1913. Après avoir été mobilisé dans l’armée allemande de 1916 à 1918, gravement blessé, grand invalide de guerre, il reprit son travail à la centrale électrique de La Houve comme employé technique jusqu’en 1926, date à laquelle il bénéficia d’une retraite anticipée en raison de son invalidité. Son état de santé nécessitant des cures fréquentes en sanatorium à Aubure (Haut-Rhin). Il épousa, le 13 février 1930, Anna Wiesen, membre du PC et du SRI à Sarralbe.
Robert Dahlem fut, pendant la guerre, lié à des membres de l’USP (Parti socialiste indépendant) et à leur travail illégal. Il était influencé par son frère Franz Dahlem, avec qui il « avait de longs discours et [qui lui avait] donné du matériel socialiste », ainsi que par « les discussions avec les soldats révolutionnaires ». Aussi passa-t-il, après le congrès de Tours, au Parti communiste à Sarralbe, dont il fut conseiller municipal.
Candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 à Sarralbe, il mena la liste du Bloc ouvrier et paysan présentée par le Parti communiste. Il obtint au premier tour 341 voix sur 802 suffrages exprimés pour 816 votants sur 934 électeurs inscrits. Au second tour il totalisa 389 voix sur 807 suffrages exprimés et fut élu, puis réélu au premier tour aux municipales de mai 1935. Membre du bureau de la fédération du Parti communiste de Moselle en 1924, il fut, à partir de 1928, rédacteur politique à l’Humanité d’Alsace-Lorraine en l’absence du rédacteur en chef. Il était alors secrétaire politique du rayon de Sarralbe et membre du comité régional. Lors des différends politiques dans le Parti communiste avec Stenger*, Baron* puis Gundram*, il reconnaissait avoir eu une attitude « pas juste » mais précisait : « des sanctions j’ai pas encore reçu ». Cependant la commission des cadres demandait « d’examiner s’il doit rester au comité régional et au secrétariat de région... [car] élément instable [qui] dans l’affaire Simon-Gundram a fui ses responsabilités dès le début ». De l’été 1931 au printemps 1932, il fut chef d’expédition de l’Humanité d’Alsace-Lorraine, assurait le travail technique à l’ARAC et était responsable d’une association d’invalides. Il participa à des conférences nationales et à « un » congrès national du Parti communiste (non précisé). Il fut réélu au comité régional le 12 janvier 1936 et délégué au VIIIe congrès du Parti communiste français (Villeurbanne, 22-25 janvier 1936).
Évacué en septembre 1939, il put rentrer à l’été 1940 en Moselle annexée à l’Allemagne nazie. Il fut expulsé à la fin de l’année par les Allemands probablement en raison de ses activités politiques d’avant-guerre. Il prit une part active à la Résistance communiste dans le Limousin.
De retour en Moselle, Robert Dahlem se présenta aux élections municipales de 1945 et fut élu maire. Candidat à sa succession aux élections municipales d’octobre 1947, il menait la liste à dominante communiste qui rassembla une moyenne de 719 voix sur 1 768 suffrages exprimés pour 1 876 votants et 2 155 électeurs inscrits. Battu par la liste d’entente communale qui rassembla une moyenne de 959 voix. Robert Dahlem fut conseiller municipal du 3 mai 1953 au 20 mars 1965.
Candidat aux élections cantonales de septembre 1945 dans le canton de Sarralbe, il obtint au premier tour 1 571 voix sur 5 438 votants et 6 494 électeurs inscrits et fut battu par l’abbé Goldschmidt (MRP) qui totalisa 3 485 suffrages. Il se représenta, sans plus de succès, aux élections cantonales d’octobre 1951, d’avril 1958 et de mars 1964.
Robert Dahlem fut aussi candidat sur la liste communiste aux élections à l’Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945. La liste menée par Pierre Muller* obtint 47 143 voix sur 237 421 suffrages exprimés (19,9 %) pour 315 216 électeurs inscrits. Pierre Muller fut le seul élu. Robert Dahlem fut à nouveau candidat aux élections de juin et novembre 1946 ainsi qu’aux scrutins de janvier 1956, novembre 1958 et novembre 1962 (circonscription de Forbach).
Il mena la liste communiste aux élections au Conseil de la République du 18 mai 1952. L’ancien maire de Sarralbe obtint 187 voix sur 1 849 suffrages exprimés pour 1 856 votants (sur 1 882 électeurs inscrits). Au second tour, il obtint 139 voix sur 1 832 suffrages exprimés. Robert Dahlem fut à nouveau candidat aux élections au Conseil de la République du 8 juin 1958 et aux élections sénatoriales du 26 avril 1959 où il obtint 205 voix sur 2 172 suffrages exprimés pour 2 233 grands électeurs inscrits.
En décembre 1948, il était membre de la commission administrative de l’UD-CGT de la Moselle et il fut membre du comité fédéral du PC mosellan de 1949 à 1964.
Son frère, Franz Dahlem*, né le 14 janvier 1892 à Rohrbach (Lorraine), fréquenta le lycée de Sarrebrück, puis entra comme apprenti dans une firme d’exportation. Syndiqué en 1911, il adhéra aux Jeunesses socialistes en 1913. L’année suivante, on lui confia le secrétariat des Jeunesses socialistes de Cologne. Dirigeant du Parti communiste allemand (KPD), Dahlem vint en France de juillet à octobre 1922 suivre le PC au nom de l’Internationale communiste. Il participa au congrès de Paris en octobre 1922 et, dans les années qui suivirent, intervint souvent dans la vie du parti. L’Humanité publia plusieurs articles signés de son nom ou d’un pseudonyme. Il fut par la suite député du Reichstag allemand, vice-ministre de l’Enseignement supérieur en RDA en 1967 et président de l’Association d’amitié RDA-France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21298, notice DAHLEM Robert par Étienne Kagan, René Lemarquis, Pierre Schill, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 mars 2009.

Par Étienne Kagan, René Lemarquis, Pierre Schill

Robert Dahlem en 1945
Robert Dahlem en 1945
[Voix de Moselle, 1945]
Robert Dahlem et Charles Friedrich avec les stagiaires de la colonie de vacances de la CGT à La Petite-Pierre (Bas-Rhin) en août 1962. Ronert Dalhem est debout à l'extrême droite et Charles Friedrich est à ses côtés.
Robert Dahlem et Charles Friedrich avec les stagiaires de la colonie de vacances de la CGT à La Petite-Pierre (Bas-Rhin) en août 1962. Ronert Dalhem est debout à l’extrême droite et Charles Friedrich est à ses côtés.
Collection Pierre Schill

SOURCES : Arch. Nat. F7/13261. — Arch. Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel. — Arch. Dép. Moselle, M Sûreté générale 53 et 24 Z 20, 303 M 77 et 150 ; 81 W 3 ; 145 W 28 ; 150 W 190 ; 151 W 822, 823, 824 et 825 ; 182 W 20 ; 197 W 150 ; 283 W 6 ; 458 W 155 ; 1330 W 95, 163, 265, 266 ; 24 Z 15. — RGASPI : 495.270.1485 : Autobiographie (date illisible : 1933 ?), classé A1. — Lettre de Jean Scherrier, secrétaire général de la ville de Sarralbe, 16 août 1983. — Jean-Pierre Fournier, Franz Dahlem à l’époque de la République de Weimar, mémoire de maîtrise, Paris I. — Le Républicain Lorrain, 20 octobre 1947, 9 octobre 1951, 5 mai 1953, 21 et 28 avril 1958, 16 mars 1959, 9 mars 1964, 16 mars 1965 et 3 juin 1978. — E.L. Baudon, Les Élections en Moselle, 1919-1956, Metz, 1956. — Guy Lutz, Contribution à une sociologie électorale des 5e et 6e circonscriptions de la Moselle. Référendum du 28 octobre et élections législatives du 18 novembre 1962, mémoire de l’IEP de Strasbourg, 1964. — Patrick Oreilly, Le Référendum de septembre et les élections législatives de novembre 1958 en Moselle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Metz, 1979. — Gérard Diwo, Le Communisme en Moselle (1925-1932) à travers les élections législatives d’avril 1928 et de mai 1932, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Metz, 1983. — Gérard Diwo, Les Formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire, Université de Metz, 1992, 2 tomes.

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