DALLIANCE Paul, Henri

Par Stéphane Paquelin

Né le 13 février 1925 à Dijon (Côte-d’Or), mort le 1er novembre 2018 à Dijon ; électricien ; syndicaliste chrétien et militant PSU ; militant du Creusot (Saône et Loire), de Chenôve (Côte-d’Or) et de la région parisienne.

Paul Dalliance, fils de Henri, Alexandre Dalliance et de Jeanne Carrière, naquit dans une maternité de Dijon, mais il grandit tout à côté, à Chenôve. Il était l’aîné d’un frère et d’une sœur. Son père, après avoir exercé différents petits métiers, avait trouvé un emploi d’ouvrier-peintre au dépôt SNCF de Perrigny, au sud de Dijon. Sa mère était sans profession. Tous deux professaient des convictions catholiques militantes, le père étant adhérant à la CFTC et membre de la Jeune République de Marc Sangnier. Il convient d’ajouter à cela le fait que l’un de ses oncles était prêtre. C’est donc dans ce milieu à forte identité politique et spirituelle que Paul Dalliance vécu ses années de jeunesse.

Il fréquenta l’école maternelle, puis primaire à Chenôve. A l’école saint Joseph de Dijon, il obtint le certificat d’études primaires en juin 1939. Il amorça ensuite une entrée dans la vie active en devenant coursier pour les pharmacies de Dijon. Toutefois, il chercha à renforcer son capital formatif en commençant un apprentissage d’électricien chez un artisan situé rue Charrue à Dijon, mais il y mit fin de manière assez brutale et obtint un emploi d’électricien à la mine de schiste bitumeux desTélots sur le site d’Autun. Dans ce cas, l’entremise de son oncle, Le Chanoine Maurice Dalliance, lequel connaissait certains membres du clergé de Montceau-les-Mines, fut indispensable. La prolongation de ce qui ressemblait fort à un exil s’explique en partie par le contexte de la mise en place du STO, auquel il voulait échapper. Retenons surtout que ce fut le moment où il quitta pour de longues années l’agglomération dijonnaise puisqu’il ne revint habiter la maison de ses parents à Chenôve qu’au moment de son départ en préretraite en 1983. En effet, une fois la Libération arrivée, il fit la préparation militaire sans avertir son employeur. Licencié il s’installa dans la région du Creusot en travaillant comme ouvrier en électricité dans diverses entreprises du bâtiment, cela jusqu’au milieu des années 1950. Il avait alors rencontré sa femme militante jociste et originaire d’Epinac-les-Mines, Alice Moisset née le 1er août 1925, de Jacques Moisset et d’Emélie Perriau, morte le 2 décembre 2016. Alice fut pendant la guerre employée de maison dans une maison bourgeoise à Beaune (Côte d’Or), puis pontonnière à l’usine Schneider du Creusot de 1945 à 1949 où elle dû laisser son poste du fait de son mariage. Plus tard, elle fut assistante maternelle à Aulnay sous bois. Ils se marièrent à Epinac-les-mines le 1er octobre 1949, vécurent quelques mois dans un sous-sol de café au Creusot puis dans un appartement sans confort jusqu’en 1959 avant d’obtenir un appartement T4 aux HLM du parc. Ils eurent cinq enfants nés en 1950, 1952, 1954, 1959, 1961. Militante, Alice fut élue au conseil d’administration du lycée du Creusot de 1972 à 1976 au titre de la fédération des parents d’élèves Cornec. En 1976, ou Camille Dufour la sollicita pour se présenter comme conseillère municipale. De 1976 à 1983, la famille s’installa à la cité des 3000 à Aulnay-sous-bois, gérée par « Le logement Français ». Alice et Paul adhérèrent à l’amical des locataires « Alizes Démocratique » et participèrent avec deux cent quatre vingt treize autres locataires à la grève des charges durant sept années. En 1985 un protocole fut signé où seule un pourcentage des charges impayées à partir de 1981 aurait dû être réglé.

Jeune, Paul Dalliance adhéra à la section jociste d’Autun, puis à l’ACO qu’il quitta dans les années 60. Il prit également une carte à la CGT. Mais il resta peu de temps dans cette dernière pour intégrer la CFTC au moment où il arriva au Creusot. Il prit alors des responsabilités en prenant en charge le syndicat du bâtiment et du bois, lequel comptait en 1953 trente adhérents. En 1954 et 1955 la convention collective nationale du bâtiment fut négociée. Certaines dispositions se négociant au niveau de chaque département, Paul suivit de prêt la négociation en Saône et Loire. Il siégea au bureau de l’union départementale CFTC de Saône-et-Loire, et était alors en forte proximité amicale et philosophique avec des militants comme Bernard Loiseau ou Camille Dufour, militants qu’il côtoya notamment lors de la session de l’école normale ouvrière du 21 au 26 juin 1957. Il fut membre du bureau de la fédération construction, bois, de la CFTC, de 1949 à 1952.

Le changement d’activité professionnelle fut également le moment d’une réorientation de ses activités militantes. En dehors de mandats de délégués du personnel CFDT de 1972 à 1983, il abandonna ses responsabilités syndicales, demeurant simple militant, accompagna et approuva l’évolution en continuant à agir au sein de la CFDT y compris après son départ en retraite en 1983 où Henri Potot le sollicita pour adhérer aux retraités CFDT.

En 1954, il obtint un emploi de monteur électricien chez Schneider Westinghouse et travailla sur les moteurs de locomotive CC à l’atelier CM4. Dans ce cadre, à partir de 1963 sa carrière professionnelle prit un caractère assez erratique. En effet, en déplacement de 1963 à 1970 pour Schneider Westinghouse il travailla dans de nombreuses villes telles qu’Amiens, Puteaux, Paris ou Le Mans. Durant cette période, il ne revenait sur le Creusot que toutes les trois semaines. De 1970 à 1972, il revint au Creusot travailler chez Jeumont Schneider. De 1972 à 1976, il travailla sur différents chantiers d’électrification des chemins de fer. Il ne retrouva une certaine stabilité qu’à partir de 1976 à l’usine Jeumont Schneider de Pantin (Seine-Saint-Denis) où il fut employé comme magasinier à l’entretien et y termina sa carrière professionnelle en mars 1983.

Si Paul Dalliance réduisit son activité syndicale, en revanche il s’investit assez fortement dans le militantisme politique. En 1960 sous l’influence de Maurice Jondeau, il adhéra au PSU et fut candidat pour le PSU aux élections cantonales du Creusot en1964. Aux élections municipales du Creusot il fut candidat en 1965 sur la liste d’Union démocratique présentée par le parti communiste, le parti socialiste, le parti socialiste unifié et d’autres républicains. À son retour à Chenôve en 1983 il adhèra au Parti socialiste, en proximité avec Roland Carraz, député maire de Chenôve. Il resta dans cette mouvance jusqu’à la fondation du Mouvement des citoyens en 1993.

À ces activités politiques et syndicales, Paul Dalliance ajouta de manière précoce une insertion dans le milieu associatif, en particulier lorsqu’il habitait au Creusot où le tissu associatif était très développé grâce à un soutien ancien et résolu de la famille Schneider. Il fit notamment partie du Photo-club du Creusot et d’associations telles que la Barboulotte, société d’histoire naturelle, ou les Amis des fleurs ayant pour but de préserver les espèces de Dahlias. D’autre part 1967, il était trésorier d’une amicale HLM du Creusot. Lorsqu’il s’installa à Aulnay-sous-Bois il participa aux activités du Photo-club. En 1968, Paul Dalliance immortalisa les acteurs et les évènements de Mai 68 au Creusot par la photo. Il accéda à des endroits auxquels seul un gréviste pouvait entrer. Il développa lui-même ses photos en noir et blanc et garda précieusement ses négatifs. Il décida d’en faire don à l’Ecomusée du Creusot. En 2018, lors de l’exposition « Mai 68, 50 ans après », au Musée de l’Homme et de l’Industrie du Creusot une sélection de ses photos furent exposées. Par ailleurs Paul Dalliance fut passionné de mycologie, il exposa également ses sculptures. Issu d’une famille musicienne, il joua également de l’harmonica.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21318, notice DALLIANCE Paul, Henri par Stéphane Paquelin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 mars 2020.

Par Stéphane Paquelin

SOURCES : Arch. UD-CFDT 71. — Arch. Nat. cote 580AP119, AP104, AP105. — Arch. Départementale de Saône et Loire cote1239 W 226. 1239 W 312 — Fichier militants socialistes constitué par Pascal Rigaud, complété par Thierry Hohl et Stéphane Paquelin. — Archives familiales. — Entretien avec l’intéressé en son domicile, 14 juillet 2003. — Questionnaire biographique complété par l’intéressé. — Interview en janvier février 2019 de Pascal Dalliance, fils de Paul. — Notes de Jean Églin et de François Honoré.

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